Sans plus attendre
Le 20/02/2008 à 11:26Par Michèle Bori
Sans plus attendre n'est pas le meilleur film de Rob Reiner, mais il s'inscrit dans la droite lignée de ses meilleurs travaux que sont Stand By Me et Quand Harry rencontre Sally. Une comédie triste et attendrissante, dont on oubliera la forme classique et les ficelles prévisible pour souligner la sincérité du propos abordé. Un beau film.
Malgré quelques dernières réalisations plutôt décevantes (La Rumeur court, Une vie à deux), Rob Reiner fait définitivement partie de ces réalisateurs disposant d'un fort capital sympathie auprès du public. Le bougre nous a quand même offert Quand Harry rencontre Sally (best comédie romantique ever) et Stand By Me (the best adaptation de Stephen King ever aussi), et a baladé sa bouille de gros bonhomme jovial dans un bon paquet de films prestigieux auxquels il a participé entant que comédien (Pour le meilleur et pour le pire, The Majestic, Nuits blanches à Seattle...). Bref, lorsque ce dernier fait un film, nombreux sont ceux qui vont le voir parce que c'est lui. Et lorsqu'en plus il fait tourner Jack Nicholson et Morgan Freeman ensemble, le rendez-vous nous semble juste incontournable.
Sans plus attendre (en VO The Bucket List) est donc ce film, racontant comment deux vieux messieurs que tout oppose (Freeman et Nicholson donc) vont être amené à dresser la liste de tout ce qu'ils ont toujours rêvé de faire et à les réaliser avant de casser leurs pipes, sachant qu'il ne leur reste que 6 mois à vivre. Un pitch de comédie pas vraiment hilarant, voire carrément déprimant, dont on sait dès le début que l'idée de base (la liste en question du titre original) ne sera qu'un prétexte à un voyage philosophique et personnel pour nos deux protagonistes. Edward Cole (Nicholson), multimillionnaire égoïste va donc découvrir les joies procurées par l'amitié tandis que Carter Chambers (Freeman), mécano érudit de culture générale qui a consacré sa vie à s'occuper de sa famille, va enfin apprendre à s'occuper aussi de lui. Pas forcément inédit sur le papier, voire un brin gnangnan diront les plus blasés, Sans plus attendre aurait pu être un énième film sur la vieillesse si, dès les premières images, la sincérité des images de Reiner n'avait pas fait la différence. A l'instar des personnages, nous savons en tant que spectateur comment l'histoire va se terminer et que l'important n'est pas la fin du voyage, mais le voyage en lui-même. Véritable drame comique, le film s'inscrit dans un pur style Reiner-ien, réussissant à nous faire rire d'une situation pas vraiment propice à la déconne, malgré un bon paquet de clichés fortement prévisibles. Un sentiment fortement renforcé par l'attachement que l'on peut avoir pour ce duo de comédiens, qui joue grandement en faveur du film.
Lorsqu'au bout de 5 minutes on découvre Jack Nicholson et Morgan Freeman, deux acteurs incroyables avec lesquels on a tous passé une bonne partie de notre propre existence, couchés dans des lits d'hôpital à l'article de la mort, on ne peut s'empêcher de penser qu'un jour la réalité rattrapera la fiction. Une pensée sombre et bien réelle (les deux acteurs ayant 71 ans chacun) qui nous mine le moral dans les premières bobines du film, mais qui finit par s'en aller, laissant place à l'envie de profiter un maximum de tous les instants magiques que pourraient nous offrir ces comédiens de génie. Dès lors, comme les deux personnages du film, on oublie le cancer, on oublie la chimio, on oublie la mort qui plane au dessus de leur tête, et on profite d'un film simple certes mais qui nous rappelle de manière honnête et sincère qu'il y a aussi une vie avant la mort.