Sema, The Warrior
Le 03/11/2007 à 08:45Par Elodie Leroy
Trois ans après le choc Bang Rajan, immense succès qui ravivait le genre du film épique thaïlandais, le réalisateur Tanit Jitnukul revient avec Sema, The Warrior, un autre film d'action à gros budget et sur fond historique qui nous plonge dans un petit village paysan soumis à l'oppression.
Un peu d'Histoire. A la fin du 16e siècle, suite à une longue période d'occupation birmane, le Royaume d'Ayutthaya s'apprête à reconquérir son indépendance. Succédant à son père en 1590, Naresuan Le Grand (1555 - 1605) décide alors de cesser de payer son tribut au roi Birman, ce qui déclenche une guerre sans merci. Naresuan finit par vaincre le général birman Minchit Sra à Nong Sarai en 1591, au cours d'un combat singulier à dos d'éléphant. Sa victoire est immortalisée par une statue exposée encore aujourd'hui à Bangkok, et c'est cette célèbre image que reprend le tout dernier plan de Sema, The Warrior.
Mais dans le film de Tanit Jitnukul, le Roi Naresuan n'est qu'un personnage secondaire. Sema, The Warrior s'intéresse au parcours de Sema (Woravit Kaewphet), un jeune forgeron parti de rien qui s'engage dans l'armée et qui, à force de persévérance, finira par servir aux côtés du roi.
De par le contexte et les thématiques de Sema, The Warrior, le rapprochement avec Bang Rajan paraît inévitable. En plus de planter son décor dans un petit village, le film est traversé par le même élan patriotique et valorise une fois encore le courage guerrier face à l'envahisseur impitoyable qu'est l'armée birmane. Mais au-delà de cette représentation manichéenne du contexte politique, l'intérêt de Sema, The Warrior réside dans le regard porté sur l'oppression des privilégiés sur les plus démunis en plein contexte de guerre. Si l'histoire d'amour interdite qui prend naissance entre Sema et Lady Rayrai (Sawinee Pookaroon), deux êtres séparés par leur condition sociale, paraîtra un tantinet convenue (avec son inévitable référence à la scène du balcon de Roméo et Juliette), elle s'avère plutôt bien utilisée sur le plan scénaristique puisqu'elle constitue l'élément déclencheur d'une véritable escalade de violence et de rancœur qui mène chacun des protagonistes à révéler son vrai visage. Sema, The Warrior bénéficie à ce titre d'une bonne qualité d'interprétation, le comédien Praptpadol Suwanbang tirant indéniablement son épingle du jeu dans le rôle du sadique Mookhan.
Comme dans Bang Rajan, l'expression naïve des sentiments offre un contraste assez frappant avec l'extrême brutalité des scènes d'action. Ces dernières constituent bien entendu l'attraction principale de Sema, The Warrior, et là fois, on peut faire confiance à Tanit Jitnukul pour remplir plus qu'honorablement son cahier des charges. Qu'il s'agisse des affrontements collectifs ou individuels, chaque séquence repose sur des chorégraphies admirablement coordonnées et sublimées par une excellente gestion de l'espace et de la lumière. Les combats jouent la carte du réalisme et offrent un panel de cascades assez stupéfiant, en particulier lors des deux impressionnantes scènes de bataille qui marquent la fin du métrage. Le sang jaillit, les lames tranchent tout sur passage et les chevaux s'écroulent en pleine course devant la caméra, elle-même constamment en mouvement et secondée par un montage toujours plus percutant. On reprochera au scénario un léger manque de cohésion dans la dernière demi-heure, mais le spectacle en valait la peine.