Semi-Pro
Le 04/04/2008 à 02:11Par Kevin Prin
L'unique heure de gloire de Will Ferrell en France se résume à ce jour au Fabuleux destin d'Harold Crick, où il mettait ses incroyables talents de clown au service d'une intelligente comédie dramatique. Pourtant l'acteur enchaîne depuis quelques années de nombreuses comédies burlesques, au minimum très drôles et au mieux carrément brillantes. Des films qui rencontrent un succès monumental aux Etats-Unis mais ne sont connus en France que par un petit groupe de fans, qui font circuler les DVD, les prête, en offrent, et sortent à tout va "Quoi tu ne connais pas Ricky Bobby ? Il faut que tu le vois !". Et oui, Will est un véritable phénomène underground dans notre pays, à la communauté de groupies en pleine expansion. Quand explosera-t-il pour de bon ? Semi-Pro lui apportera-t-il un début de reconnaissance populaire ?
Fini les présentateurs TV des années 70 (Anchorman / Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy), les pilotes de Nascar (Ricky Bobby roi du circuit) ou les champions excentriques de patinage artistique (Les Rois du patin). En attendant la très attendue comédie Step Brothers au sujet qui pourrait lui apporter la reconnaissance définitive qu'il mérite (deux demi-frères de 40 ans se battant comme des enfants), Semi-Pro pourrait déjà être une avancée en ce sens. Pour sa première réalisation, Ken Alterman avait un défi à relever : essayer d'égaler Anchorman, Ricky Bobby roi du circuit et dépasser le trop anecdotique Les Rois du Patin. Inutile de tourner autour du pot : s'il manque à Semi-Pro le petit éclat de génie des deux premiers cités, il s'agit d'une très bonne comédie recommandable. L'histoire a de ça en commun avec les autres burlesqueries de Will Ferrell qu'elle prend place dans un univers bien spécifique, à nouveau le sport ici, et totalement médiatisé. Ferrell incarne à nouveau une sorte de redneck grande gueule typiquement américain, un peu crétin, assez vulgaire mais au fond sympathique. Il n'en faut pas moins pour créer le terrain de jeu idéal au scénariste, au réalisateur et à l'acteur pour enchaîner les gags et les situations non-sensiques.
Alors oui Semi-Pro est très drôle. On notera entre autres un combat de catch improbable entre Will Ferrell et un grizzly (!), des seconds rôles bien décalés (André Benjamin, surprenants dans ce registre, Woody Harrelson qui vole la vedette à Ferrell dans ses scènes), des dialogues qui font mouches et des petites trouvailles qui provoquent des fous-rires et qu'on a envie de se raconter après le générique. On ne peut certes pas crier au génie, certains gags, notamment autour de Ferrell, sentant le réchauffé pour les fans, et l'ambiance seventies restant un simple prétexte sans plus lui donner de profondeur. C'est là la différence entre un Ricky Bobby et un Semi-Pro. Néanmoins ce nouvel exercice pour les zygomatiques demeure bien efficace et plus que recommandable, dans un registre éloigné des comédies de Judd Apatow (En cloque, mode d'emploi) et plus proche de l'esprit des Farelly.