Star Wars : Clone Wars
Le 18/08/2008 à 19:08Par Arnaud Mangin
Merveilleux George Lucas... En effet, difficile de ne pas respecter les capacités du bonhomme à nous vendre n'importe quel produit dérivé de l'empire sur lequel il s'est endormi, comme une œuvre artistique incontournable. Clone Wars essaye donc d'être l'œil nouveau sur l'œuvre de l'oncle George, revisitée, modernisée et réadaptée à l'univers si vaste qu'est l'animation. Comme si les précédents longs métrages n'étaient pas déjà des dessins animés ! Malheureusement on ne se refait pas et le producteur le plus malin de la planète se plante à nouveau là où il s'est toujours planté, avec la même autosatisfaction et la volonté de se borner (courageusement) contre vents et marrées et surtout contre un quelconque soin artistique et cinématographique. Excès de confiance, donc, pour un truc insipide, totalement inutile, stupide et mal joué dans chaque dialogue, sans le moindre intérêt ni enjeux qui n'a pour lui que l'avantage d'être estampillé Star Wars. C'est maigre... et on ne comprend toujours pas qu'un produit aussi cheap même sur la technique puisse sortir du studio de Lucas.
Les enjeux commerciaux de Star Wars : Clone Wars ont beau tourner en rond (c'est Star Wars, quoi. réchauffé et cramé), ils demeurent plutôt bien ficelés. Sous prétexte d'aborder son vaste univers sous une approche seulement survolée jusqu'ici, la machine se remet en branle de plus belle jusqu'à ce que mort s'en suive. En gros, les films live racontaient l'histoire intimiste d'un jeune homme, tourmenté et bouleversé (interprété avec le "génie" que l'on connaît) jusqu'à sa chute et tous les tourments familiaux qui vont avec. C'est bien. Mais Star Wars, c'est aussi une énorme conspiration politique remplie de batailles lasers et de robots débiles configurés comme Jar Jar Binks. Persuadé de ne s'être, jusqu'ici, focalisé que sur l'aspect humain de la franchise, George Lucas s'attaque aux nombreux enjeux socio-politiques. Paradoxalement, c'est probablement la seule chose qu'il a effleurée avec intelligence dans la nouvelle trilogie. Dans l'absolu, pas con pour qui veut marcher.
Le problème, c'est que les théories du sieur Lucas ne valent plus rien aujourd'hui et qu'il ne semble pas totalement assumer ce qu'est vraiment ce Clone Wars. Car au final on se retrouve devant un simple pilote de série télé aux aspects de direct to video assez mal torché, qui mise à fond sur l'action non stop et des batailles qui n'en finissent plus de regorger elles-mêmes de sous-péripéties multipliables à l'infini. Le film, c'est en fait deux longues scènes d'affrontement. On aurait volontiers accepté le parti pris du fun sans broncher, mais là encore, ça a beau tirer dans tous les coins, on s'ennuie ferme tellement l'originalité n'est pas au rendez-vous et la platitude de la caméra ne cesse de le souligner. Voilà, donc ça, c'est la politique selon George Lucas qui a au moins le mérite de ne pas encore répéter tout ce qu'on sait déjà à travers les six films (les méchants veulent le pouvoir, les gentils font ce qu'ils peuvent pour le garder) pour privilégier des bastons parfaitement impersonnelles. Et oui, là où le gars n'a pas menti, c'est qu'on ne s'intéresse aucunement aux héros quels qu'ils soient, d'autant plus qu'on sait très bien ce qui arrivera plus tard. Ils sautent partout et ils cassent des robots : fin.
Un peu fort de café donc le Star Wars nouveau, qui reproduit fidèlement les tics mous des films live (en poussant le vice jusqu'à reproduire les affreux cadres qui scalpent les personnages propres à Lucas) dans un écrin esthétique pas terrible, terrible, se faisant concurrencer sans mal par n'importe quel jeux vidéo moderne, lardé en plus d'une histoire qui n'a pas envie d'avancer. Le schmilblick stagne grave du début à la fin, sans chercher à faire évoluer quoi que ce soit (et surtout pas les personnages, cf. plus haut) si ce n'est introduire quelques nouveaux héros. Outre la nouvelle Padawanette qui transforme son duo avec Anakin Skywalker en un buddy movie croulant sous les plus mauvais clichés, l'oncle de Jabba The Hutt qui introduit enfin des personnages homosexuels extravertis dans cet univers plan-plan (à voir pour le croire !), les trois scénaristes du machin nous ont réservé la pastèque sur le gâteau. Car le pire dans ce Clone Wars réside dans le scénario, d'une débilité profonde que nous n'arrivons toujours pas à réaliser. L'histoire tourne autour d'un bébé tout cradingue, qui rote, gémit, babille et qui n'est autre que le fils de Jabba The Hutt. Ce machin vert tout droit issu de Shrek 3 est au centre de l'intrigue puisqu'il s'est fait enlever (par les méchants), que son papa de Jabba demande aux Jedi de le sauver, que le compte Doku s'interpose en prétendant que c'est les Jedi les vrais méchants qui l'ont privé de sa progéniture, etc etc. Le film est ainsi composé au trois quarts de scènes où Anakin joue les nounous ! Evidemment à la fin tout rentre dans l'ordre et on se retrouve ébahi devant l'empereur qui commente sa défaite par un "C'est pas grave" (ou quelque chose du genre). Les méchants s'en foutent ? Bien ! Nous ne sommes donc pas les seuls.
Une démonstration de plus consistant à séduire le public le plus jeune, éclipsant tout ce que Clone Wars aurait pu être si ce projet intéressant sur le papier avait été pris au sérieux. Finalement nous voilà face à une version trop étirée d'un épisode de vingt minutes d'une série bas de gamme, à la faiblesse technique ahurissante pour une production signée Lucas. Le long métrage censé nous mettre l'eau à la bouche pour le programme télé à venir s'impose comme un coup dans l'eau absolument fatal. Le but d'un pilote est de donner envie de voir la série ? Beaucoup risquent de passer leur chemin après un tel naufrage...