Sweet Valentine
Le 01/06/2010 à 17:51Par Elodie Leroy
Entre comédie décalée et film de genre, Sweet Valentine joue avec les archétypes pour s'imposer comme un road movie original porté par deux acteurs délicieux, Vincent Elbaz et Vanessa David. A la fois osé et divertissant, Sweet Valentine révèle du même coup la réalisatrice Emma Luchini, un talent à suivre de près. Qu'il soit français ne gâche rien.
Découvrez ci-dessous la critique du film Sweet Valentine
Critique Sweet Valentine
Tout commence par la rencontre entre Ivan (Vincent Elbaz), gangster sans envergure, et Sonia (Vanessa David), jeune femme timide et un peu potiche débarquant tout juste de sa province. Les circonstances vont les amener à s'enfuir ensemble de la capitale, pour un voyage soumis aux plans douteux d'Ivan et à ses sautes d'humeur. Mais Sonia est tombée amoureuse de lui et se montre bien décidée à le "sauver". Les apparences sont parfois trompeuses : si Ivan donne l'impression de dominer ce duo de fortune, la gentillesse et la persévérance de Sonia sont telles que la tendance va peu à peu se renverser, tandis que la jeune femme révélera des talents insoupçonnés qui la rendront de plus en plus indispensable.
A partir de ce couple improbable, la réalisatrice Emma Luchini (fille de Fabrice Luchini) délivre un road movie décalé dont le suspense repose non pas sur la fuite des deux personnages mais sur l'affrontement qui se joue entre eux en sourdine. Lui, c'est l'homme viril dans toute sa splendeur, habitué à agir seul et indifférent aux autres. Il est campé par Vincent Elbaz qui parvient en dépit de l'odieux caractère de son personnage à le rendre immédiatement attachant. Elle, c'est la femme angélique par excellence, altruiste et cherchant à materner son partenaire. Elle est interprétée par Vanessa David, révélation de ce film sans prétention dont elle a participé à écrire le scénario. Avec un sens de l'humour savoureux, Emma Luchini joue avec les archétypes et la relation en apparence sadomasochiste des deux personnages pour faire peu à peu capituler le voyou face à son ange gardien.
Plus qu'un road movie dans la pure tradition, peut-on voir dans Sweet Valentine une guerre des sexes ? Peut-être bien, ne serait-ce que pour la liberté sexuelle affichée de Sonia, chose extrêmement rare dans les films de genre où les comportements sexuels des femmes prêtent toujours à un jugement moral. Pourtant, Emma Luchini révèle suffisamment de subtilité pour conserver jusqu'au bout un regard plein de dérision voire de tendresse pour ses personnages, à commencer par Ivan qui voit véritablement le monde lui tomber sur la tête tandis que Sonia devient peu à peu une manifestation de sa conscience. Le plus amusant est certainement de voir la peur ancestrale des hommes envers les femmes, et plus précisément leur capacité à annihiler en eux toute impulsion guerrière, incarnée en toute innocence par le personnage sans malice qu'est Sonia. A la fois osé et divertissant, Sweet Valentine révèle une réalisatrice et une actrice à suivre de près.