The Eye
Le 28/02/2008 à 08:01Par Arnaud Mangin
Elle est belle hein, Jessica Alba ? Oh oui, elle est vraiment belle mais alors elle n'a pas une once de chance. Non seulement sa sœur lui crève à moitié les yeux lorsqu'elle était petite et il lui faudra 20 ans pour trouver un donneur (une donneuse en fait) compatible, mais en plus les premiers trucs qu'elle voit sont des monstres ectoplasmiques revenus d'entre les enfers... Brrr, ça fait froid dans le dos, hein ? Malheureusement en accouchant d'un sempiternel remake de film asiatique, Hollywood plonge de nouveau à pieds joints dans un manichéisme propre aux ghosts movies tous publics et oublie en cours de route que ce qui pouvait intriguer il y a cinq ans n'a plus aucun intérêt aujourd'hui... Cinéma épargne, quand tu nous tiens.
On aurait aimé au moins détester The Eye ne serait-ce que pour sentir un quelconque sentiment envers ce film, mais même pas. Parce que s'il ne s'agit même pas d'un mauvais film, ce remake brillera surtout pour sa déconcertante platitude dénuée de toute identité. Pas la peine d'espérer une touch quelconque puisque Jessica Alba ne se contente de reproduire ce que Naomi Watts et Jennifer Connelly ont déjà vouvoyé il y a quelques mois/années, mais surtout parce que les deux Français aux commandes du film n'ont été que de la chair à canon de plus au pays de l'industrie filmique mécanisée. Un comble de la part des deux auteurs de Ils qui étaient au moins parvenus à diviser le public en jouant avec les peurs les plus basiques dans leur mini production maison et qui suivent ici la carotte du temps perdu qui ne sert à rien... Le piège s'est refermé et la satisfaction de Moreau et Palud sur l'incompréhensible énorme succès du film aux Etats-Unis confirme en plus qu'il n'en sont pas sortis...
Au final il ne nous restera effectivement plus grand-chose d'excitant : du sous-Nakata, du sous-Shyamalan qui ne se risque même plus à l'efficacité pour se contenter d'un défilé démonstratifs de monstres vus ailleurs et en beaucoup mieux. Et comme la plupart d'entre eux sont les victimes d'un incendie, ça sent effectivement le réchauffé. Un mioche encapuchonné par ci, un pendu par là, une accidentée de la route de l'autre côté et autres formes zarbis qui prennent leur panard à surgir dans le reflet de la glace de la salle de bain ne suscitent que de la nonchalance. En plus, tout faire péter ça et là histoire de répondre au quotta des effets numériques indispensables ne rendra pas la soupe plus épicée.
Il serait vraiment temps passer à autre chose maintenant et surtout de stopper net l'importation de cinéastes européens pour les envoyer inutilement au casse-pipe. Comme on dit, "réservé aux amateurs"... mais dans le mauvais sens du terme.