The Fabelmans : comment Spielberg est devenu Spielberg - notre critique
Le 10/10/2023 à 13:44Critique publiée le 23/02/2023 à la sortie au cinéma de The Fabelmans
Après avoir parsemé son oeuvre d'autobiographies fantasmées (Rencontre du troisième type, E.T, Arrête-toi si tu peux), Steven Spieberg filme ses propres souvenirs et met en lumière les évènements les plus fondateurs et marquants de sa jeunesse.
The Fabelmans est l'histoire de Sammy Fabelman (Gabriel LaBelle), adolescent passionné de cinéma à la fin des années 50, qui passe son temps à filmer sa famille. S’il est encouragé dans cette voie par sa mère Mitzi (Michelle Williams), dotée d’un tempérament artistique, son père Burt (Paul Dano), scientifique accompli, considère que sa passion est surtout un passe-temps.
Au fil des années, Sammy, à force de pointer sa caméra sur ses parents et ses sœurs, est devenu le documentariste de l’histoire familiale ! Il réalise même de petits films amateurs de plus en plus sophistiqués, interprétés par ses amis et ses sœurs. Mais lorsque ses parents décident de déménager dans l’ouest du pays, il découvre une réalité bouleversante sur sa mère qui bouscule ses rapports avec elle et fait basculer son avenir et celui de ses proches.
Ce qui est génial avec The Fabelmans, c'est qu'au fur et à mesure du film, on comprend toute l'origine du cinéma de Steven Spielberg. Le réalisateur des Dents de la Mer et de Jurassic Park a souvent affirmé que ces films trouvaient leurs racines dans son enfance.
En se plongeant dans son passé cabossé, Steven Spielberg expose comment il est devenu le cinéaste que l'on connait.
La créativité et la débrouillardise tellement inventive du personnage de Sam font d'ailleurs écho à celle de Steven Spielberg qui n'a jamais manqué d'inventer des techniques nouvelles afin de raconter au mieux ses histoires.
Pour les fans que nous sommes, The Fabelmans est incroyablement riche en 'easter eggs'. On comprend comment le divorce de ses parents a construit les femmes de son cinéma, comment son expérience de scout à imprégner Indiana Jones, comment une tornade a marqué Rencontre du troisième type et la scène de fuite en voiture démentielle de La guerre des Mondes, comment un cout-métrage a posé les prémices du débarquement d'Il faut sauver le soldat ryan, comment l'antisémitisme dont il a été sujet en Californie l'a entre autre poussé à signer La liste de Schindler et Munich, comment son placard transformé en refuge est devenu incontournable dans E.T, comment le bal de fin d'année lui a donné envie de refaire West Side Story.... La liste est infinie.
Non seulement, The Fabelmans est un grand film de cinéma (Michelle Williams y est une fois de plus magnifique, Paul Dano est incroyable) mais il est aussi drôle (comme jamais un film de Spielberg ne l'a été), doux, émouvant et rayonnant.
The Fabelmans est aussi une formidable lettre d'amour au 7éme art qui évoque la force créatrice du cinéma, le pouvoir de l'image (et la responsabilité qui en découle).
Un récit initiatique magistral pour mieux comprendre l'oeuvre de ce cinéaste unique dans l'histoire du cinéma. Ou comment Spielberg est devenu Spielberg.
Et pour ceux qui se demandent si The Fabelmans n'est pas destiné qu'aux fans du réalisateur de Jurassic Park, on vous rassure, il y a de quoi être ému jusqu'aux larmes même pour ceux qui ne sont pas obsessionnels avec le travail du maître. The Fabelmans est juste un grand film de cinéma.
(Olivier Portnoi)