Twisters : Notre Critique du Blockbuster Catastrophe de l'Été 2024
Le 15/07/2024 à 17:25Par Pierre Champleboux
Twisters, vraie-fausse suite du classique de Jan de Bont sorti en 1996, est un pur blockbuster catastrophe estival. Et en tant que tel, c’est une totale réussite. Des effets spéciaux ébouriffants, une réalisation efficace et un sound design hyper immersif, pour un film à grand spectacle qui donne globalement le sentiment d’embarquer dans une montagne russe lancée à toute allure.
Mais si ce nouveau Twister a toutes les qualités du film original, il a aussi les défauts de nombreux films pensés avant tout pour nous en mettre plein la vue. À commencer par son scénario, qui sent parfois le réchauffé peu inspiré et peine à se positionner clairement sur la question du changement climatique, bien que le sujet soit pourtant au cœur de cette nouvelle histoire.
Pas de quoi bouder son plaisir pour autant : rangez votre cerveau dans votre poche et laissez-vous emporter par cette tornade de fun qui ravive la flamme des gros films de l’été façon Armageddon, Volcano ou encore San Andreas !
Twisters : tornade de nostalgie en approche
Le Twister de Jan de Bont, c’est un peu le film catastrophe des années 90 par excellence, avec son scénario coécrit par Michael Crichton, et surtout sa cultissime séquence montrant une pauvre vache tourbillonnant dans les airs malgré elle.
Twisters, sa suite (qui n’en est pas totalement une), affiche sa volonté très nette d’être dans la surenchère. Au programme ? Encore plus de tornades, encore plus de scènes chocs, encore plus de fun !
Tout comme son prédécesseur, ce blockbuster de force 4 combine les genres pour offrir un spectacle aussi gargantuesque que mainstream, visant à satisfaire toute la famille. Alors oui, c’est un film catastrophe… mais on y trouve également des ingrédients issus de la comédie romantique, ainsi qu’une grosse louche d’aventure à l’ancienne à la Amblin.
Ceux qui s’attendaient à ce que cette suite aborde frontalement la question du changement climatique peuvent immédiatement abandonner tout espoir, mais les spectateurs avides de grand spectacle « à l’ancienne » auront de quoi satisfaire leur soif de méga tornades.
Twisters : de nouveaux personnages pour une nouvelle histoire
Aux manettes de ce reboot, on retrouve Lee Isaac Chung, un cinéaste qui avait jusque-là plutôt versé dans l’intimiste et le drame (Minari), mais qui s’en sort étonnamment bien pour donner vie au chaos total provoqué par ses Twisters.
Devant la caméra, on a Daisy Edgar-Jones (vue dans la série La Guerre des Mondes de 2019 ou encore dans Normal People) qui incarne Kate, une brillante et courageuse chercheuse en tornades. Mais Kate n’est pas qu’une scientifique passionnée : elle est aussi une jeune femme hantée par un terrible traumatisme personnel. Une expérience traumatisante qui la rend plus à même que quiconque de réaliser le potentiel destructeur des tornades… auxquelles elle a décidé de faire face.
Kate a en effet un plan : envoyer des réactifs chimiques dans les tornades afin de les calmer, d’empêcher qu’elles brisent de nouvelles vies, et surtout de diminuer les dégâts qu’elles peuvent causer. Elle est aidée par son chef, Javi (Anthony Ramos), qui, on le devine assez rapidement, pourrait bien avoir des sentiments pour elle…
Mais voilà que déboule Tyler, un beau gosse doublé d’un chien fou qui n’a pas froid aux yeux, et qui chasse les tornades pour l’adrénaline et les sensations fortes… mais également pour les vues, puisque les vidéos qu’il tourne au péril de sa vie sont regardées par des millions de viewers sur sa chaîne YouTube.
Tyler est interprété par Glen Powell, qui était l’un des fringants nouveaux pilotes de Top Gun : Maverick, et qui, ici, est presque trop beau pour être vrai. On le croirait directement sorti d’une pub pour eau de toilette de grande marque, fragrance tornade.
Bref, vous l’aurez compris : le sex-appeal de Tyler ne va pas laisser Kate indifférente. Et bien que leurs opinions soient radicalement opposées, l’arrivée de notre casse-cou va venir pimenter notre film de tornades en y ajoutant un triangle amoureux.
Un ajout qui, s’il n’était absolument pas nécessaire, donne un petit côté cheesy mais sympathique au film, tout en renforçant son statut de long-métrage pensé pour être consommé en s’empiffrant de pop-corn dans une salle obscure.
Twisters est-il réellement un Twister 2 ?
Ce Twisters est plutôt une relecture actualisée du Twister de 1996 qu’une véritable suite. Dans le film original, on suivait Helen Hunt, feu Bill Paxton, Cary Elwes, Jami Gertz et feu Philip Seymour Hoffman dans la peau d’une bande de chasseurs de tempêtes traquant une série de tornades très puissantes.
Et si Twisters adresse quelques clins d’œil au film de Jan de Bont, son scénario n’y est pas vraiment lié. Twisters emprunte tout de même – parfois de manière un peu trop appuyée et artificielle – certains éléments de l’intrigue de son illustre prédécesseur.
Le lien le plus clair entre les deux films, c’est que les personnages principaux, Kate et Javi, fréquentent la même université d’Oklahoma que celle où l’on retrouvait les personnages du premier Twister, ce qui permet notamment de faire apparaître un accessoire iconique du premier film dans cette pseudo-suite.
Twisters est-il à la hauteur du premier Twister ?
Comme son prédécesseur de 1996, Twisters est un film pop-corn qui parvient à nouveau à réveiller le mélange de peur et de fascination que nous provoquent les tornades.
Et forcément, si le premier Twister a encore de beaux restes, ce nouvel opus frappe bien plus fort, sublimant les effets dévastateurs que ces catastrophes naturelles peuvent causer.
Comme Jan de Bont il y a près de 30 ans, Lee Isaac Chung a opté pour une astucieuse combinaison d’effets spéciaux pratiques et d’effets visuels numériques pour créer ses Twisters, et on a très certainement affaire aux plus spectaculaires (et terrifiantes) tornades jamais vues sur grand écran.
L’histoire des humains qui leur font face est sensiblement différente, mais le fait est que cette « non-suite » calque souvent un peu trop sa toile de fond sur celle du premier film, ce qui le rend relativement prévisible pour quiconque a vu Twister.
Déjà, le scénario se concentre une nouvelle fois sur une femme scientifique qui a été traumatisée par une tornade et qui se lance courageusement à nouveau dans la tempête.
Et comme dans le premier Twister, il y a aussi un antagoniste on ne peut plus humain : un empêcheur de chasser les tornades en rond campé par David Corenswet (le futur Clark Kent du Superman : Legacy de James Gunn), qui, à l’image du docteur Miller incarné par Cary Elwes dans le premier volet, a bien trop une tête de premier de la classe pour être honnête.
En termes de rythme, ce Twisters fait pâle figure lorsqu’on le compare à son modèle, dont le script et le montage bénéficiaient d’une énergie parfaitement dosée. Ici, on se coltine quelques petits temps morts, avec, entre autres, une phase d’accalmie au beau milieu du métrage qui s’étire beaucoup trop et peine à captiver.
Mais là où Twisters brille, c’est lorsqu’il s’éloigne de l’original. Sa structure globale est mieux construite et plus solide en ce qui concerne la narration, malgré ses personnages quelque peu stéréotypés. Car si ces derniers sont très clichés, ils sont paradoxalement plus nuancés que ceux de 96, et l’alchimie palpable entre les comédiens permet de rendre le triangle amoureux ajouté à l’intrigue plus palpitant qu’il ne l’est sur le papier.
Ni mieux, ni moins bien, Twisters a objectivement autant de qualités et de défauts que le blockbuster iconique de 1996. Difficile de savoir s’il marquera aussi durablement les esprits que le film original, mais il faut en tout cas le juger pour ce qu’il est : un film d’action fun et assumé, destiné à être vu au cinéma au cœur de l’été, et en tant que tel, il fait le job.