Very Bad Trip
Le 08/06/2009 à 15:22Par Arnaud Mangin
Excellent passe-temps, idéal pour finir une soirée entre potes en gardant ses poumons intacts, Very Bad Trip est un délire gentiment poussif qui ne s'embarrasse pas de la moindre convention morale et cumule les idées délirantes à tour de bras. Sans doute pas culte, ni mémorable, mais suffisamment efficace pour mettre une salle entière de bonne humeur !
Les effets un brin joyeux des substances toxiques, sans les inconvénients ! Voilà ce que s'évertue à nous proposer avec une générosité et une énergie rare le très inégal Todd Philips, capable du bon (Road Trip) comme du parfaitement intolérable (Starsky et Hutch) dans son HangOver, rebaptisé Very Bad Trip chez nous. Une tentative d'anglicisme un peu tordue des distributeurs français voulant sans doute surfer sur le Very Bad Thing de Peter Berg, puisqu'il y est également question d'un enterrement de vie de garçon qui tourne mal. Non seulement les similitudes s'arrêtent là, mais l'opus qui nous intéresse aujourd'hui n'avait vraiment pas besoin d'être épauler par qui que ce soit pour satisfaire. Sous couvert d'un postulat un peu au ras des pâquerettes, il est surtout ici question d'une ode fraîche et assumée à l'immaturité la plus totale. Un retour à l'adolescence décontractée du slip, à la lobotomie dégénérescente des beuveries entre potes où plus rien n'a d'intérêt si ce n'est se marrer. Une sorte de carrefour où se croiseraient pêle-mêle Trey Parker, Judd Appatow, les frères Farelly, Harold et Kumar, Friends, Beavis et son pote Butt-Head... L'instruction sociale (et surtout morale) en moins.
Le topo annonce la couleur de façon claire : à l'heure où il est enfin temps d'être sérieux en posant solidement ses bases maritales, familiales et professionnelles, l'homme éprouve le besoin soudain d'avoir quinze ans de moins. C'est lors de l'enterrement de vie de garçon de l'un d'eux que trois potes vont se la jouer rétrogrades infantiles à fond à Las Vegas, en embarquant avec eux un beau-frère à la limite de l'autisme qui décide joyeusement d'épancher la soif générale. Malheureusement, ce dernier a jugé sympa de faire absorber par tout le monde, et à leur insu, un peu de GHB - le drogue des violeurs qui rend amnésique - en pensant qu'il s'agissait d'extasy. A leur réveil, non seulement ils se retrouvent, dans leur immense suite, avec un tigre, un bébé, une poule, une voiture de flic et une dent en moins, mais en plus le futur marié à totalement disparu à seulement 40 heures de la cérémonie. Résultat : que faut-il faire pour se remettre les idées en place ?
Le pitch et la note d'intention de Very Bad Trip se limite à ça, donc, et rien qu'à ça ! Primo, on adhère chaudement au concept de l'enquête gueule de bois consistant à remettre difficilement en place les souvenirs brumeux d'une soirée arrosée plus que de raison, les découvertes improbables allant bon train (Myke Tyson chantant In The Air Tonight de Phil Collins, par exemple, ou encore un parrain de mafia chinoise assez bon public). Mais on est encore plus friand du principe bateau allant jusqu'au bout de son idée et ne cherchant jamais, mais alors jamais, à resituer moralement les valeurs puritaines sur lesquelles le film crache ouvertement. En particulièrement celle de la remise à l'ordre que constitue le mariage. Débilement et joyeusement nihiliste, Very Bad Trip souffre en revanche peut-être de sa trop grosse liberté de principe et se risque, comme une bonne gueule de bois, finalement, à fonctionner de moins en moins bien au cours des visionnages. Une bonne tranche de rigolade aussi franche qu'inoffensive, ponctuée de séquences ouvertement hilarantes (le final atteint une certaine apothéose) à consommer avec ce qu'il faut de modération...