Zodiac

David Fincher sait surprendre, et prendre à revers un genre dont la plupart de ses films ont signé des pivots essentiels. Avec Zodiac, il se confronte à nouveau au thème du tueur en série implacable, mais comme il ne juge pas bon de se répéter, à aucun moment on y décèlera un redite de son pourtant culte Se7en. Les thèmes sont tout autres, et il l'assume. Le Zodiac n'est jamais resté qu'une ombre, invisible, indécelable, incompréhensible et incomprise. Par conséquent, pas intéressante du tout. Ce qui plait à Fincher, et ce sera le vrai thème de son film, c'est l'obstination. Ou comment une enquête (des enquêtes plutôt) désordonnée vire d'une part à une impasse énigmatique, frôlant le fantastique, où ses héros cherchent à déceler l'indécelable. Ce qui plait à Fincher, ce sont ces multiples fourmis paniquées qui courent contre le vent, qui virevoltent d'indices en indices pour perpétuellement se retrouver face à un mur. Où comment une silhouette légendaire mène à leurs pertes, sur plus de vingt ans, trois personnages qui y sacrifieront respectivement leur vie de couple, leur crédibilité professionnelle ou leur propre santé.

Au-delà des portraits étriqués (en magnifiquement interprétés), Zodiac demeure aussi l'incroyable investigation tant attendue. Plus captivant que n'importe quel thriller de fiction, plus complet que n'importe quel reportage télé, le film expose à travers ses personnages obsessionnels l'enquête qu'a lui-même effectué Fincher ces cinq dernières années. Documenté jusqu'au bout des ongles, d'une précision académique, sans aucun jugement, et sans la moindre concession vis-à-vis de la caricature politique imposée parle tueur à l'époque (l'intervention de psys à la télévision, L'inspecteur Harry inspiré par le flic en charge de l'enquête, la panique générale et la soumission de la presse) le réalisateur impose assurément le dossier ultime sur cette étrange affaire.