Zombie Ass : Toilet of the Dead
Le 18/09/2012 à 15:17Par Camille Solal
Notre avis
Critique : Zombie Ass Toilet of the Dead
Film projeté en Avant-Première Française lors de l'Etrange Festival 2012.
Si l'ensemble de l'art cinématographique pouvait être imagé en un large cercle chromatique, Zombie Ass : Toilet of the Dead aurait à coup sûr sa place au coeur même de la cible, transformant l'entière arborescence en anus géant. Ecrivant sa légende en lettre de sang (voire d'excréments) au sein du label Sushi Typhoon, le réalisateur de films porno déviants Noboru Iguchi propose ici un concept aussi fort que farfelu : un survival horror avec des zombies-caca aux postérieurs mal intentionnés. Le pitch ? Un groupe d'amis part en expédition dans les montagnes afin de dénicher des vers solitaires, une spécialité locale que Maki, la bimbo nympho décérébrée à gros seins du film, a bien l’intention d’avaler afin de s'offrir un physique de mannequin à moindre frais. Triple fois hélas pour pour cette anti-Bridget Jones, le parasite en question se révèle bien vite être un ténia mutant permettant à un étrange scientifique de faire survivre sa fille atteinte d'une maladie incurable...
Comme on ne se pose pas devant Zombie Ass comme devant un vieux film russe de 5h en noir et blanc sur la culture de la patate, le spectateur de ce "Toilet of the Dead" devra bien sûr faire abstraction de toute once d'intransigeance s'il souhaite pleinement apprécier cette nouvelle folie nippone. Car ici, chaque élément participe au côté fun, décomplexé et, bien sûr, humoristique de ce concept totalement barré : le non-sens absolu des personnages et de la situation, les effets visuels et de montage terriblement cheap, la surabondance de gore et de scènes cracra, le jeu d'acteurs halluciné et à peu près toutes les facettes techniques du "petit film fait à la maison entre potes avec 3 francs 6 sous".
Conscient des fortes promesses avancées par le titre de son film, son pitch et son casting osé (la présence de l'actrice de films X Asami), Iguchi compose et joue avec les attentes du spectateur (l'oppulente poitrine de Maki - pourtant vivement empoignée par les zombies - ne sera, à ce titre, jamais dévoilée) en se raccrochant autant que possible à tout ce qu'il peut afin de capter et de conserver l'intérêt du spectateur, balayant même une scène de flashback au profit d'une scène coquine entre deux demoiselles dans une douche ! Malheureusement, comme bon nombre de films à concept soutenu par une seule idée un tant soit peu originale, sa nouvelle oeuvre accuse bien rapidement un sérieux ventre mou ... sans mauvais jeu de mot.
Car contre toute attente, et malgré toutes les paires de fesses qui dodelinent ça et là aux quatre coins de l'écran, le film peine rapidement à se renouveler et à nourrir d'idées fraîches son concept fou. Fort heureusement, c'est pile lorsque le spectateur atteint son point de saturation qu'un nouvel élément encore plus insensé débarque et relance la machine. Mais si la dernière bobine assure l'essentiel à base de caca, de pets, de seins, de baston entre filles en petite culotte et même de viol par une créature tentaculaire, le mal est pourtant fait et on vient à penser que ce Zombie Ass aurait dû être un court-métrage très fun en lieu et place de ce film longuet aux changements de rythmes aussi soudains que les problèmes d'embrayage d'un élève à son premier cours d'auto-école.
Fort heureusement, dans tout ce fatras de non-sens parfois jubilatoire mais souvent pénible, Zombie Ass propose en filigrane, et comme tout bon film à caractère extrême qui se respecte, une intéressante critique de notre société actuelle. La dénonciation des dérives de la culture nippone via une critique du culte de la beauté, de la dérive des expérimentations médicales ou bien encore du harcèlement scolaire offre ainsi, quelque part entre deux attaques de zombies touts droits sortis d'une fosse septique, une toute nouvelle dimension à l'ensemble du long métrage, lui laissant une place de choix dans une ludothèque folle composée de morceaux de péloches aussi frappées du bocal que ceux de Machine Girl, Mutant Girls Squad, RoboGeisha ou encore Dead Sushi... tous réalisés par Noboru Iguchi !