Critique : Flash Forward, la critique complète des épisodes 1 à 10

Synopsis :

Le monde entier se retrouve dans le chaos le plus total après avoir subi un black-out de 2 minutes et 17 secondes. Pendant ce laps de temps, chacun est confronté à une vision de son futur. Cela changera évidemment la vie de tous pour toujours... Appartenant à un groupe du FBI chargé de faire la lumière sur cet événement,  Mark Benford (Joseph Fiennes) et Demetri Noh (John Cho) se fient à une vision du premier pour mener leur enquête.

Flash Forward était ouvertement présenté par ABC comme LE successeur de Lost, la série événement à mystères et intrigues tarabiscotées dont tout le monde allait parler. L'actuelle critique porte sur les épisodes 1 à 10 diffusés par la chaîne américaine entre le 24 septembre et le 30 novembre 2009, la suite de la première saison ne revenant à l'antenne qu'à partir du 18 mars prochain.

Pour sûr cette série bénéficie d'un excellent synopsis, le genre de pitch de départ qui intrigue et dont on se doute qu'il va mener sur des méandres insoupçonnés... Ayant bien retenu les leçons de Lost qui avait complètement paumé ses fans les moins assidus, Flash Forward cherche absolument à encadrer le spectateur et faire en sorte qu'il ait toujours entre les mains le fil rouge de l'intrigue. Cette volonté de proposer une série claire pour un large public transpire à chaque seconde. Les enjeux globaux et individuels sont ainsi rapidement identifiés et conditionnent les faits et gestes des personnages : Janis « Super Gay » veut un enfant, Olivia veut sauver son mariage, Demetri ne veut pas mourir (ce qui est une excellente raison pour se défoncer au travail...).

Si l'intention est louable, après tout le genre fantastique n'est pas réservé à un groupe de geeks, le résultat foudroie littéralement sur place le suspens. Comme un vulgaire gonzo de bas étage, Flash Forward dévoile tout et tout de suite et n'a ensuite plus grand-chose à proposer. Le coup de grâce au suspens étant porté par une mise en scène complètement dénuée d'originalité s'efforçant de prévenir à l'avance que quelque chose d'important va survenir afin de capter l'attention du spectateur. Conséquences directe, absolument tous les « rebondissements » sont prévisibles : « Attention Lloyd, Simon va surgir derrière toi ! 3...2...1. Bingo ! », « Un homme va montrer son tatouage dans 3...2...1...Bingo ! ».  Même le cliffhanger final sensé marquer un paroxysme de ces dix épisodes étant prévisible dès les premières secondes de la longue scène.

A vouloir faire trop simple pour ne pas décontenancer le spectateur, Flash Forward passe tout simplement à côté de son sujet et présente des ficelles trop grossières pour réellement donner envie de découvrir la suite. Le comble pour une série à suspens.

Certes, puisque la comparaison doit être faite, Lost ou Fringe ne sont pas des flocons de neige uniques et merveilleux pour reprendre l'expression du philosophe Tyler Durden et ont eux aussi leur lot de défauts. Mais à l'inverse de Flash Forward ces deux séries savent dévoiler leurs charmes progressivement et n'effeuillent leurs intrigues que petit à petit, parfois jusqu'à la frustration du spectateur d'ailleurs. Après tout, nous voulions tous absolument savoir ce qu'il y avait derrière cette putain de trappe à l'issue de la première saison de Lost ! En l'occurrence, c'était un écossais dépressif en train d'écouter un disque.

Bien conscients que leur intrigue principal (au moins celle des dix premiers épisodes jugés ici) tient sur une page A4, les scénaristes s'étendent énormément sur les histoires personnelles, notamment celles de personnages n'apportant strictement rien au reste de la série. Pire, ces intrigues personnelles sont abordées sous l'angle quasi exclusif du sentimentalisme exacerbé. Pas un épisode sans la sempiternelle « séquence émotion » avec personnages heurtés par la vie, en pleine crise existentielle et oscillant entre défaitisme et détermination... Loin d'être un élément à rejeter sans sourciller, le pathos peut être une bonne chose dans une série. Jamais quand il est prévisible, surchargé de violons et qu'il concerne des personnages dont on se moque. Bref, quand il est artificiel. Si on voit bien l'intérêt de savoir comment Demetri, en tant que personnage principal, réagit à l'annonce de son futur meurtre, quel intérêt représente la longue scène de rencontre entre son ex future femme et sa mère (respectivement personnages de cinquième et huitième rang) ? Scène qui bien entendu débouche sur une fausse révélation- le spectateur lambda ayant compris le rebondissement depuis au moins cinq ou six épisodes- des larmes et une musique triste.

A ce tableau peu flatteur, il faut ajouter des raccourcis scandaleux dans la narration afin que par un coup de baguette magique les héros obtiennent ce qu'ils désirent. Nos amis allemands découvriront donc avec plaisir lors de l'épisode 137 sekunden un simple agent du FBI contraindre le gouvernement allemand à transférer un criminel de guerre nazi pour les besoins de l'enquête... Cerise sur le gâteau, « les bases de données magiques utilisées par des spécialistes incroyables » permettant tout et n'importe quoi, l'exemple le plus somptueux survenant lors du dernier épisode (spoiler inside) : Comment remonter un coup de fil anonyme dont l'origine est brouillée ? « Les spécialistes » découvrent que la musique d'arrière fond est utilisée par un cirque actuellement stationné dans la baie de Hong Kong. La personne au bout du fil avait l'accent d'un natif iranien ayant fait ses études en Angleterre selon « les spécialistes linguistes». Il suffit donc de se rendre dans un restaurant iranien de Hong Kong pour trouver un serveur qui reconnaîtra la voix et vous donnera les habitudes du suspect ! C'est tellement simple d'enquêter qu'on se demande comment il peut encore y avoir des criminels en cavale aux Etats-Unis. Mais après tout, ces « bases de données magiques » sont malheureusement le moteur quasi exclusif des résolutions d'énigmes dans la plupart des séries policières à succès comme Les Experts.

Cette critique brosse un tableau bien sombre de Flash Forward qui pourtant n'est pas totalement dénué de qualités. Outre un casting pas génial mais sympathique, la série s'offre une réalisation qui a défaut d'être originale se révèle spectaculaire. Les spectateurs peu exigeants - et ce n'est pas une insulte- en quête d'une série pas prise de tête et d'émotion bon marché avec pourtant une histoire de fond intéressante y trouveront leur compte. Typiquement le genre de série qui pourrait se découvrir une seconde jeunesse en coffret DVD. Les sériephiles élevés au grain de naufragés disparus et au scientifique fou sortant d'hôpital psychiatrique peuvent en revanche passer leur chemin.

Je suis super méga over trop intelligent!

Olivia fait semblant de s'intéresser à l'histoire de la japonaise.

Content, triste ou surpris, Joseph Fiennes a un peu toujours la même tête. Heureusement c'est celle d'un gars sympa.

Vite! Utilisons l'ordinateur magique!