Critique : Hellsing Ultimate - OAV 1
Le 01/07/2009 à 08:21Par Elodie Leroy
On se souvient de l'excellente série Hellsing produite par les studios Gonzo Digimation, diffusée pour la première fois au Japon entre octobre 2001 et janvier 2002 et en France en 2004 sur MCM. Réalisée par Yasunori Urata, cette série de treize épisodes reprenait dans sa première partie l'histoire du manga Hellsing de Hirano Kôta pour s'en éloigner sensiblement dès le huitième épisode, en plus d'imposer un style graphique un peu différent. L'histoire nous permettait de suivre la lutte entre une organisation familiale et militaire du nom de Hellsing contre les créatures de la nuit - goules, vampires et autres démons. Le générique est devenu culte, les personnages aussi, à commencer par l'inénarrable Alucard, dont la classe et le sourire carnassier sont restés légendaires et dont le nom n'est autre que l'anagramme (plus précisément l'inverse) de celui du plus illustre des Vampires. En dépit de ses nombreuses qualités, cette première adaptation n'était pas du goût de tous les fans du manga qui estimaient que l'essence de l'oeuvre n'était pas conservée. C'est ainsi que les studios Geneon, dont la filiale américaine distribuait la série aux Etats-Unis, ont flairé le potentiel d'une réadaptation. Avec cette fois pour mot d'ordre de respecter à la lettre l'esprit du manga, sur le plan scénaristique comme graphique. Le résultat, s'il apporte quelques améliorations, ne convaincra cependant qu'à moitié les fans de la première série sur l'intérêt de l'entreprise.
Hellsing Ultimate nous propose donc de repartir à zéro avec les mêmes personnages à travers six OAV d'une durée de 50 minutes chacun - nous nous intéressons aujourd'hui au premier d'entre eux. Bien évidemment, exit les génériques de la série qui n'ont plus aucune raison d'être. Geneon a cependant eu la bonne idée de convoquer à quelques exceptions près les mêmes seiyuu, Alucard reprenant la voix de l'excellent Jôji Nakata (la voix du Comte de Monte Cristo dans Gankutsuou), dont le ton ironique à souhait reste intact. Au contraire de la série, Hellsing Ultimate lève immédiatement le voile sur le passé d'Integra Hellsing, du traumatisme d'enfance de la jeune femme aux origines de sa relation étrange et ambiguë avec le vampire. De son côté, Victoria Celas, alias "miss forces de l'ordre" comme son mentor aime tant l'appeler, se retrouve sensiblement reléguée au second plan. Or la principale bonne idée de la série de Yasunori Urata était justement de s'appuyer sur son point de vue pour nous permettre de découvrir cet univers underground où se joue une lutte cynique entre espèces. C'est exactement ce qui semble manquer à cette nouvelle adaptation, un point de vue. A ce titre, la découverte par la policière de la condition vampirique devient un argument comique à travers une scène vite expédiée à la limite du SD que les fans du manga apprécieront peut-être mais qui risque fort de mettre les autres sur la touche, tant cette forme d'humour tranche avec l'univers noir de l'oeuvre. Le manga et l'animation demeurent deux formats artistiques différents et les changements de ton adaptés à l'un ne sont pas toujours transposables. On reprochera donc à cette première OAV un léger manque de consistance sur le plan des personnages.
En revanche, l'action délivre quelques affrontements énergiques entre créatures de la nuit jouant la carte du gore et du gothique. Les goules comme les vampires tombent comme des mouches sous les balles sanguinaires des flingues d'Alucard, lequel doit aussi faire face à un opposant de taille en la personne d'Alexander Anderson, l'agent un peu allumé (mais tellement drôle) envoyé par le Vatican. Soulignons à ce titre la qualité graphique de l'oeuvre qui exploite à fond les looks et les attitudes des personnages. Si l'on pouvait reprocher au character design de la première série d'être inégal, les personnages secondaires souffrant parfois d'un travail bâclé, Hellsing Ultimate peut se targuer d'un trait particulièrement stylisé, plus proche de celui du manga, un coup de crayon très BD assorti d'un travail sur les noirs rappelant certains comics américains. Là où le bât blesse, c'est dès lors qu'il s'agit de l'animation pure. Pour une série dont les prétentions sont d'enterrer la précédente, on était en droit d'attendre une qualité technique supérieure et un nombre d'images à la seconde sensiblement accru. Dommage car les séquences d'action sanglantes auraient pu devenir des références du genre moyennant un travail plus soigneux sur les mouvements, d'autant que la mise en scène n'est pas dénuée de dynamisme.
Le plaisir est tout de même largement au rendez-vous pour les amateurs du genre grâce à des personnages charismatiques à souhait et un univers graphique toujours aussi attrayant. Pour conclure, nous vous invitons à répéter à haute voix le nom de la dirigeante du clan Hellsing, systématiquement énoncé en entier dans l'OAV, afin de le mémoriser une bonne fois pour toutes : Integra Fairbrook Wingates Hellsing.