Cold Prey
Le 05/01/2010 à 13:00Par Elodie Leroy
Ayant contribué à attirer l'attention des amateurs du genre sur la Scandinavie, Cold Prey renvoie davantage au cinéma d'horreur des années 70 qu'aux slashers actuels et prend le temps de planter son décor et son atmosphère avant de laisser entrer l'horreur par la grande porte. L'efficacité de la mise en scène et le naturel des comédiens (Ingrid Bolsø Berdal, parfaite) font de Cold Prey une virée cauchemardesque bien emballée, la violence des mises à mort atteignant parfois un degré assez viscéral. Rien de révolutionnaire dans ce film d'horreur sans prétention, juste une incursion réussie dans un genre qui se complait trop souvent dans la paresse.
Gros succès au box-office norvégien, Cold Prey a fait le tour des festivals et fait indéniablement partie des films qui ont déclenché le petit effet de mode actuel autour du cinéma d'horreur scandinave. Pourtant, le synopsis laisse présager d'un slasher des plus classiques : une bande de jeunes se rend au sommet d'une montagne isolée pour faire une partie de snowboard, mais l'un d'entre eux se casse la jambe et le groupe se voit contraint de se réfugier dans un chalet laissé à l'abandon. On l'aura compris, les lieux n'ont pas été totalement désertés puisqu'un tueur rôde dans les environs, bien décidé à punir les intrus d'avoir pénétré son territoire. Si le pitch pourrait ressembler à celui du énième remake de Vendredi 13, Roar Uthaug ne puise pas ses inspirations dans les slashers actuels mais plutôt dans le cinéma d'horreur des années 70, celui qui savait prendre le temps d'installer son atmosphère avant de faire intervenir l'action à grands coups de hache.
Les coups de hache ou autres ustensiles tranchants auront bel et bien lieu - et ils seront méchants - mais pas avant que le spectateur n'ait fait connaissance avec des personnages un peu moins clichés que prévu (la morale puritaine, toujours sous-jacente dans les productions américaines, est en général absente des films de genre scandinaves) et interprété avec grand naturel par les comédiens. Le suspense n'en devient que plus fort puisque l'éradication progressive de cette bande de jeunes inoffensifs conserve une portée tragique tout au long du film, chacune des mises a mort atteignant un degré de violence assez viscérale sans jamais que le regard porté sur les événements ne verse dans le cynisme. Cold Prey exploite de manière plutôt inspirée les superbes montagnes enneigées qui cernent les personnages, et dont l'immensité tranche avec le caractère claustrophobe des décors intérieurs afin d'accentuer la sensation d'isolement. Roar Uthaug ancre ainsi son histoire dans un univers visuel bien défini appuyé par une esthétique arborant des tons presque monochrome dès lors que les jeunes gens se retrouvent plongés dans l'horreur. Parmi ces derniers, l'héroïne est incarnée par Ingrid Bolsø Berdal, révélation du film, et qui côtoie l'actrice Viktoria Winge, vue dans Nouvelle Donne. Témoignant d'un vrai savoir-faire, Cold Prey s'impose comme l'une des meilleures incursions dans le genre que la Norvège nous ait délivré jusqu'à présent.
Cold Prey arrivera directement dans les bacs et en même temps que sa suite Cold Prey 2 le 5 janvier 2010.