Crows Zero II
Le 30/09/2009 à 18:49Par Caroline Leroy
Disponible en DVD le 4 novembre 2009
On prend les mêmes et on recommence ! Suite au succès remporté en 2007 par Crows Zero, adaptation libre et formidablement énergique du manga Crows de Hiroshi Takahashi, le réalisateur Takashi Miike se devait de réaliser une suite. Un décor solidement planté à l'esthétique affirmée, des personnages archétypaux sur le papier mais incarnés avec fougue par de jeunes acteurs très en vue, un scénario prétexte à des bastons monumentales comme le cinéma japonais n'en offre que trop rarement, tous les ingrédients étaient en effet réunis pour poser les bases d'une nouvelle série de longs métrages aussi fraîche que lucrative. Crows Zero a d'ailleurs fait plusieurs émules cette année, tels que Drop de Hiroshi Shinagawa avec Hiroki Narimiya et Hiro Mizushima, ou encore le fauché Taiman de Takeshi Miyasaka ; et ce n'est sans doute pas fini. Mais son seul, son vrai successeur est bien entendu Crows Zero II, sorti en avril 2009 au Japon, que son réalisateur a conçu comme un authentique « épisode 2 » et non comme une banale séquelle vaguement opportuniste.
Ce principe sériel se révèle dès le générique d'ouverture de Crows Zero II, articulé là encore autour de la chanson I Wanna Change, interprétée sur scène par The Street Beats et entrecoupée d'extraits du film - à la différence que ceux-ci se situent dans le présent et non dans l'avenir sous forme de flashforward. Côté musique toujours, on retrouve le morceau Into the Battlefield, l'un des plus réussis de la BO de Crows Zero, qui vient rythmer un moment crucial de l'intrigue. Ce deuxième opus est volontairement truffé de clins d'œil appuyés qui apparaîtront immédiatement sympathiques à ceux qui ont aimé les bad boys sexy et attachants de Takashi Miike. Tous les comédiens sont d'ailleurs de retour : Shun Oguri en Genji Takiya, Takayuki Yamada en Tamao Serizawa, Kyosuke Yabe en Ken Katagiri, Sôsuke Takaoka en Shun Izaki et même Meisa Kuroki, la seule actrice de la franchise, qui reste cantonnée à son éternel rôle de boulet. L'univers Crows s'enrichit évidemment de quelques nouvelles recrues, comme Haruma Miura dans le rôle de Tatsuya Mito et surtout Nobuaki Kaneko en Taiga Narumi, chef du lycée Hosen et nouvel ennemi de Genji et de ses potes de Suzuran.
Dans l'ensemble, Crows Zero II affiche davantage de sérieux que le précédent film dans le traitement de ses enjeux, un parti pris qui fait à la fois la force et la faiblesse du film. La force parce Miike continue à refuser de prendre distance de ses personnages et joue le jeu du type de manga dont il s'inspire en nous impliquant dans les querelles puériles de ces bastonneurs nés. Leur univers est circonscrit aux enceintes des deux lycées rivaux et à quelques rues mal famées alentours. Les seuls adultes à être impliqués dans l'histoire sont les yakuzas tandis que les parents comme les professeurs sont totalement absents. Ultimement, la seule raison d'être de chacun est de trouver sa place dans un clan, lycéen ou yakuza, aux côtés du leader le plus puissant. Le thème du choix de vie est plus présent que jamais ici avec le cas de Sho Kawanishi (Shinnosuke Abe), qui insiste pour intégrer un clan yakuza et se voit finalement confier la mission d'abattre le père de Genji, chef du gang rival. Le personnage de Ken se retrouvait face à un dilemme similaire dans le premier film mais le réalisateur la jouait plus finement grâce à un meilleur équilibre entre drame et comédie, entre nonchalance et explosions de fureur. A l'inverse, la gravité plus prononcée de Crows Zero II va de pair avec une certaine mollesse dans le développement de l'intrigue, en particulier durant la première demi-heure, très laborieuse.
Là où le premier degré ostensible de Crows Zero lui conférait un charme fou en se mettant au service d'un spectacle ultra fun de bout en bout, Crows Zero II oublie parfois un peu trop de nous divertir avec de belles scènes de baston aussi graphiques qu'inventives. Si les bagarres restent soignées et pour la plupart très agréables à l'œil - notamment lorsque les uniformes noirs de Suzuran se confrontent sur le terrain aux uniformes blancs de Hosen -, on ne retrouve pas dans ce deuxième opus la même fulgurance dans l'action, la même inspiration visuelle de tous les instants. Le combat final se traine en longueur, et ce n'est pas pour nous offrir des plans de la classe du climax du premier film.
Toutefois, ne boudons pas notre plaisir. Une fois la mise en place achevée, le film se laisse suivre avec plaisir. Shun Oguri est toujours aussi classe et son personnage finit par mûrir au cours de cette épreuve qui le met face à ses responsabilités. Quant au leader de Hosen, il nous arrache fatalement quelques sourires avec ses déclarations ambigües (nous sommes en plein dans un de ces univers viril tels que les affectionne le cinéaste), tout comme mystérieux son bras droit joué par Go Ayano, dont le look évoque irrésistiblement Michael Jackson. Annoncé comme l'une des stars de Crows Zero II, Haruma Miura se fait en revanche largement désirer tout du long, sa présence se résumant à deux ou trois apparitions tout au plus. La dernière d'entre elles laisse néanmoins supposer qu'un Crows Zero III pourrait bien voir le jour dans un avenir proche...