Poultrygeist : Night Of The Chicken Dead
Le 27/01/2009 à 12:52Par Arnaud Mangin
Choc, ouvertement dégueulasse, mais hilarant de bout en bout, Poultrygeist est le pétard musical coincé centre les tranches d'un cheeseburger qui ne demandait qu'à éclater au visage du consommateur. Avec son histoire de poulets zombies qui dévorent la clientèle d'un fast-food, Kaufman allie à nouveau le fond et la (sur)forme d'une comédie horrifique gore et inventive. Probablement le meilleur film de son auteur !
Avec pratiquement quarante ans de carrière dans les pattes, le génie Lloyd Kaufman n'a jamais flanché devant la suprématie des grands studios pour maintenir fièrement l'étendard de son indépendance. Troma, dont il demeure encore et toujours le président, a connu des hauts et des bas (beaucoup plus de bas, d'ailleurs), notamment ces dernières années dont les films les plus louables étaient ceux qu'il avait lui-même réalisés. Entourés de geeks qui se sont un peu trop senti pousser des ailes face à l'émergence et les capacités de la vidéo numérique, Lloyd a vu Troma distribuer de très mauvais films, à son grand dam. Plusieurs années après son délirant Citizen Toxie, il reprend les rennes pour de bon et fonce joyeusement dans le lard avec Poultrygeist, un slapstic gorissime à charge contre les habitudes socio-alimentaires des Américains en général et sur les chaines de fast-food en particulier.
Soit le bonhomme est en concordance avec son temps, soit il a une longueur d'avance, mais son Poultrygeist est probablement son meilleur opus à ce jour, même si on lui doit par le passé de nombreux ovnis recommandables. Plus inspiré que jamais, Kaufman déverse généreusement toute la gratuité qui caractérise son cinéma, éparpillés comme les ingrédients d'une pizza 4 saisons, en les confinant à un certain génie narratif et de propos nous faisant valider n'importe quel trip scato aussi poussif soit-il. Parce que rien ne va plus lorsque le patron d'un fast-food décide d'engraisser coute que coute sa clientèle avec la première saloperie venue pour augmenter le chiffre d'affaire. Un restaurant spécialisé dans le poulet (toute similitude avec KFC est bien évidemment revendiquée) bâti sur un ancien cimetière indien dont les fantômes errants vont s'associer avec ceux de la volaille dépecée pour transformer tout le personnel et la clientèle en basse-cour cannibale. Où comment les Américains natifs vont apprendre aux contemporain à mieux se nourrir...
Au-delà de son pitch de fond sur la malbouffe, Kaufman cherche essentiellement à s'amuser et s'acharne vigoureusement sur la barbaque. De mémoire, on n'avait pas connu un tel déluge d'hémoglobine et de tripes depuis le Braindead de Peter Jackson, en accentuant d'autant plus le côté vulgos, histoire de secouer le peu de neurones qui reste à ceux qui considèrent comme normal d'aller se restaurer chez McDonald's. Beaucoup de caca, de vomi (on passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel), de nichons et de lesbiennes (sinon à quoi bon faire un film) semblent combler les blancs d'un survival improbable où le restaurant est attaqué et encerclé par des zombies qui se sont laissés pousser le bec et les plumes. Comme espéré, on assiste à un monumental n'importe-quoi formel (explosions, têtes qui poussent, décharges fécales animaux géants, bonhommes broyés, visages passés à la machine à trancher le jambon, etc...) qui extrapole sauvagement un problème fond. Le tout en chanson, en couleur, dans le sexe, la folie, le sang et la bonne humeur. Que demande le peuple ? Un Big Mac ?