Box-office : Don Simpson, le comparse de Jerry Bruckheimer
Le 28/07/2009 à 11:44Par Yann Rutledge
On comprend rapidement les raisons de la fascination du journaliste Charles Fleming pour ce scandaleux personnage. Publié en 1999 outre-Atlantique (sous le titre plus idoine : High concept), cette biographie non autorisée du producteur qui transformait tout ce qu'il touchait en or dévoile sous cette apparence de bloc de granite invulnérable et sûr de lui un homme fragile et complexé physiquement (on ne compte pas le nombre d'opérations chirurgicales) se dissimulant aux autres par un abus de substances psychotropes, tellement réfractaire aux rapports humains qu'il avait régulièrement recours aux services de prostituées. Une vie de rock star en somme. Egocentique et antipathique au possible, Don Simpson possédait pour autant un savoir-faire inimitable lorsqu'il s'agissait de concevoir de gros bulldozers fédérateurs destinés à écraser la concurrence au box-office. Il n'y connaissait rien en ce qui concerne le processus de fabrication d'un film, mais il savait comme personne vendre ses films sur un simple pitch ("Flashdance : la version féminine de Rocky"). Si bien qu'il est à tort considéré comme le pionnier du "high concept" par ceux qui oublient trop vite les disaster movies des 70's tel L'Aventure du Poséidon ou La Tour infernale.
Ce qui passionnait ce bourreau de travail, était d'associer des talents entre eux, de s'entourer des meilleurs comédiens et techniciens (réalisateur y compris) afin de produire des films puissants aux héros droits dans leurs bottes, qui en quête de gloire et reconnaissance passent par une expérience transformatrice auquel le spectateur s'identifiera. Lorsqu'il s'agissait de faire des films, Simpson n'avait plus aucun complexe. Il ne s'est jamais caché produire des films accumulant clichés et bons sentiments primaires (jusqu'à parfois titiller les valeurs conservatrices du public). C'était trouvait-il ce que demandait le public. Pourquoi donc lui refuser. "Je ne crois pas à la théorie de l'auteur. L'auteur, c'est le film" dira-t-il. A Jerry Bruckheimer de s'occuper de la paperasse et tous ces trucs ennuyeux qui touchent à la production pure.
A l'instar dans son genre des bouquins de Peter Biskind (Sexe, mensonges et Hollywood et Le nouvel Hollywood), Box-office fourmille d'anecdotes croustillantes et trash sur le tout Hollywood (mafia, dealers officiels, réseaux de prostitution... tout y passe), lève le voile sur les pratiques indécentes des puissants sévèrement cocaïnées, tout en confirmant l'obsession du pouvoir et de l'argent qui y règne. Mais là où Biskind ne cachait pas son admiration pour les cinéastes qu'il abordait, Fleming avoue seulement à demi-mot trouver stupide les films superficiels du tandem Simpson/Bruckheimer. Seuls l'intéressent ce personnage sordide ayant réussit à monter les échelons en embobinant ceux qu'il a côtoyé, et le système tout aussi immoral qui l'a célébré pour cela.
Box-office de Charles Fleming
Edité par Sonatine Editions
ISBN : 978-2-35584-025-8
Format : 14 X 22 cm
Nombre de pages : 350
Prix : 22 euros