Ça de Stephen King au cinéma : retour sur les adaptations de l'écrivain
Le 11/06/2012 à 13:14Par Marion Plantier
Ça raconte, dans ses 1500 pages, l'histoire de sept enfants résidant à Derry, petite ville du Maine. En 1958, ils sont confrontés à une série de meurtres orchestrés par "Ça", une créature vivant dans les égouts, se nourrissant d'enfants et de leurs peurs les plus secrètes. Les enfants pensent l'avoir exterminé jusqu'en 1984, lorsque Ça refait surface. Stephen King signe en 1986 ce roman terrifiant, qui traite autant des grandes peurs enfantines, de la laideur qui se cache sous une ville a priori lambda, et de la puissance de la mémoire.
Stephen King est un des écrivains passé maître dans l'art de filer les chocottes à ses lecteurs. La matière qu'il offre dans ses livres est telle qu'il est rare d'en trouver un qui n'ait pas fait l'objet d'adaptation sur petit ou grand écran. C'est aujourd'hui l'immonde Ça (It) qui, après avoir eu son heure de gloire à la télé sous la forme d'une mini-série/téléfilm, devrait atterrir dans nos salles obscures d'ici quelques temps. Le projet a déjà été lancé il y a quelques années (voir notre article) et c'est aujourd'hui Cary Fukunaga (Jane Eyre) qui aurait pris la tête du projet et souhaiterait le transposer en deux opus. En plus de réaliser ces deux long-métrages, il devrait également en écrire les scénarios avec l'aide de Chase Palmer (qui plancha sur l'adaptation de Dune). A l'annonce de ce projet, c'est pour nous l'occasion de faire le point sur les adaptations des œuvres de Stephen King au cinéma !
Les adaptations de Stephen King au cinéma
Celles qu'on a aimé :
Carrie, 1976
Réalisé par Brian De Palma
Avec Sissy Spacek, Piper Laurie et Amy Irving
Oppressée par un monde qui ne l'accepte pas et par une mère catholique pratiquante à l'esprit un brin étroit, qui ne veut pas qu'elle soit acceptée dans ce monde, Carrie White se découvre des dons pour la télékinésie. La vengeance a sonné.
Sissy Spacek y est éblouissante de pudeur et de fureur, Piper Laurie nous fout les chocottes. On n'va pas à l'Eglise en sortant du ciné, mais on fait plus attention à son prochain pour éviter qu'il ne se venge à coup de télékinésie… (ou on tente désespérément de développer les mêmes capacités mais… non, ça veut toujours pas…)
Shining, 1980
Réalisé par Stanley Kubrick
Avec Jack Nicholson, Shelley Duval et Danny Lloyd
Jack Torrance et sa famille logent dans un hôtel désert pendant l'hiver. La solitude, les difficultés de Jack à s'occuper et à écrire ainsi que le lourd passé de l'hôtel, vont vite devenir pesant pour la petite vie familiale, et plomber l'ambiance. Un tout petit peu. (Qui a parlé d'une hache ?)
Parce que les décors sont sublimes, la réalisation est proche de la perfection, Jack Nicholson est simplement génial et qu'encore une fois, l'oeuvre originale est mise à l'honneur. Redruuuum...
Misery, 1990
Réalisé par Rob Reiner
Avec James Caan et Kathy Bates
Un romancier célèbre est victime d'un accident de la route dans les montagnes enneigées. Heureusement sa plus grande fan, très gentille, pas du tout colérique ni psychologiquement instable, l'a retrouvé, recueilli … et séquestré.
Une des meilleures adaptations de Stephen King. Misery est une véritable perle littéraire et cinématographique. Deux œuvres aussi indépendantes qu'entrelacées. Quand King aborde les peurs paranoïaques de l'écrivain, il les torture, la transposition est réussie avec une actrice-bourreau prodigieuse : mention spéciale pour Kathy Bates.
La Part des Ténèbres, 1993
Réalisé par Georges A. Romero
Avec Timothy Hutton et Amy Madigan
Thad ecrit, sous un pseudonyme et pour arrondir les fins de mois, des livres à succès ultra-violents. Il décide un jour de passer à une littérature plus sérieuse et tue son héros imaginaire. Mais la créature de papier se rebiffe...
A la façon de Misery, c'est un autre rapport au métier d'écrivain que King racontait ici avec brio. Un pitch intelligent, bien réalisé, et bien interprêté. Une adaptation trop peu connue, qui plus est par le maître de l'horreur zombiesque George A. Romero : la cerise sur le gâteau.
La Ligne Verte, 1999
Avec Tom Hanks, Michael Clarke Duncan et David Morse
Paul Edgecomb, pensionnaire centenaire d'une maison de retraite, se rappelle : il était gardien-chef d'un pénitencier, chargé de surveiller les exécutions capitales et d'adoucir les derniers moments des condamnés. Parmi eux, il rencontra John Coffey, colosse accusé du viol et du meurtre de deux fillettes, homme candide et timide aux dons magiques.
Et
The Mist, 2008
Avec Thomas Jane, Marcia Gay Harden et Laurie Holden
Une brume étrange enveloppe une petite ville du Maine. David Drayton et son jeune fils Billy sont pris au piège dans un supermarché, en compagnie d'autres habitants terrorisés. David se rend vite compte que le brouillard est peuplé de créatures peu amicales...
Réalisés par Frank Darabont
La Ligne Verte est le plus grand succès d'une œuvre de Stephen King adaptée au cinéma, rapportant près de 300 millions de dollars de recettes. Quant à The Mist, la fin différente de la nouvelle originale, a été plus qu'appréciée par Stephen King. Une belle entente entre le réalisateur et l'auteur. Dans ces deux films, les performances d'acteurs sont dingues, la réalisation est aux petits oignons, et l'oeuvre originale est respectée. What else ?
Celles qu'on aimerait oublier :
Cujo, 1983
Réalisé par Lewis Teague
Cujo est le plus doux Saint Bernard qu'on puisse rencontrer. Un jour, il se fait mordre par une chauve-souris et transmettre par la même le virus de la rage. Le comportement du brave toutou va vite changer et terroriser le quartier...
Couronné du prix British Fantasy en 1982, l'oeuvre originale de Stephen King fut saluée par la critique. Lewis Teague, réalisateur du Diamant du Nil et de Cat's Eye (également issu des écrits de Stephen King), ne réussissait pas à retranscrire toute la complexité du roman. A la fois l'aspect claustrophobe des lieux, l'ambiguité sur la maladie du chien, médicalement logique ou exacerbée par le genre fantastique, les psychologies des personnages. Avec des acteurs très passables et une mise en scène globalement brouillon, le film n'est largement pas à la hauteur du livre.
Dreamcatcher, 2003
Réalisé par Lawrence Kasdan
Quatre amis d'enfance partent faire leur partie de chasse annuelle. Mais cette année, rien ne se passe comme prévu.
Malgré un casting alléchant (Morgan Freeman, Thomas Jane,), et un budget très conséquent, l'échec commercial du film n'a eu d'égal que les critiques négatives à son sujet : terriblement retentissantes. Les trop nombreuses différences avec le livre original n'apportent aucune crédibilité au film. Malgré quelques scènes très sympathiques, Lawrence Kasdan aurait du rester du côté du scénario et nous pondre une perle comme il en a le secret. Ses collaborations avec Spielberg ou Lucas ont notamment donné naissance au scripte de Les Aventuriers de l'Arche Perdue, L'Empire Contre-Attaque ou encore Le Retour du Jedi...
Celles qu'on aimerait voir :
Rose Madder
Rose, battue par son mari Norman pendant des années, fini par s'enfuir. Une traque angoissante, effrénée, entrecoupée de passage fantastique dans lesquelles Rose entre dans un tableau. Elle devient alors Rosie, son propre double qui n'a peur de rien, ni de personne, et n'aspire qu'à se venger.
Parce que l'histoire est une véritable tuerie qui mêle traque, fantastique, violence, et psychologie complexe. Le contraste entre les deux mondes pourrait donner lieu à des bijoux de mise en scène et des acteurs bien dirigés nous livreraient des performances mythiques dans ces rôles furieux.
Réalisé par Florent-Emilio Siri. Pour son œil neuf, son irrésistible maîtrise technique et son incontestable ardeur dans sa mise en scène.
Avec Rooney Mara et Joaquin Phoenix. Pour leur compatibilité physique et leurs malléabilités plastiques (et leur talent, évidemment).
Jessie
Gerald aime menotter sa femme Jessie pour lui faire l'amour. Jessie apprécie de moins en moins cette pratique, jusqu'au jour où elle refuse de continuer ce jeu, et demande à son mari de la détacher. Celui-ci refuse...
Parce que l'histoire pourrait donner lieu à une mise en scène de dingue. Entre tension sexuel, duel conjugal, huis clos carcéral, et combat contre la folie, on imagine facilement une mise en scène aussi riche que complexe.
Réalisé par Rodrigo Cortés. Pour son incontestable talent à mettre en scène les huis clos (Buried).
Avec Rachel Weisz. Parce qu'elle a bluffé tout le monde dans The Constant Gardener, The Fountain ou encore Agora et qu'on l'imagine se lâcher à nouveau dans le rôle de Jessie.