Artus Films : des filles, un vampire et une jungle en DVD
Le 28/06/2010 à 08:12Par Yann Rutledge
Derrière Des filles pour un vampire se cache un petit film fantastique bourré d'idées mis en scène par Piero Regnoli, ancien assistant réalisateur, sur Les Vampires notamment et futur réalisateur de Maciste dans les mines du roi Salomon (signé sous le nom Martin Andrews). Conçu alors que l'épouvante all'italiana cartonnait dans les salles, Des filles pour un vampire titille les penchants érotomanes des fantasticophiles en introduisant lors d'une nuit de tempête cinq jeunes danseuses de cabaret au cœur d'un château gothique isolé dans la montagne. Frappé par la ressemblance d'une membre de la compagnie avec une de ses aïeules, le comte de Kernassy accepte leur compagnie pour la nuit. Le lendemain matin, une danseuse est retrouvée morte, vidée de son sang… Au travers de savants jeux d'ombres et de lumières, Regnoli diffuse effectivement une atmosphère licencieuse où l'érotisme que dégage ces plantureuses danseuses se mêle à la violence (pour l'époque) des thèmes vampiriques. Une bobine sympathique dont les jolies séquences d'effeuillage ne parviennent pas à faire oublier que la même année était distribué Le Masque Du Démon de Mario Bava, véritable chef d'œuvre du genre lui.
La fiancée de la jungle adopte pour sa part le mélange des genres. Dan, un chasseur de fauves, se marie avec Laura. Celle-ci semble troublée à la vision de Spanky, un gorille en captivité. Mais lors d’un safari en Afrique, la jeune femme éprouve une étrange attirance envers les primates… Un scénario bien bidon que nous devons à Edward D. Wood Jr., consacré pire réalisateur de l'histoire du cinéma, et qui s'arroge pour prétexte une variation du thème de la belle et la bête (rappelant forcément King Kong) pour au final s'embarquer sur les terres du film d'aventures africaines et du drame psychanalytique, deux genres peu compatibles mais en vogue à l'époque à Hollywood. C'est gentiment débile et totalement ringard, l'apogée étant atteinte au cours de la séquence d'hypnose durant laquelle sur des images solarisées l'héroïne apprend qu'elle fut un primate dans une vie antérieure... Et plus rien ne nous surprend lorsqu'on découvre que Man-Eater of Kumaon - réalisé en 1948 par Byron Haskin avec Sabu (Le Voleur de Bagdad, Le Livre de la jungle) dans le rôle principal - a été littéralement et allégrement pillé par Adrian Weiss lors d'une séquence où un tigre menace nos héros.
L'éditeur accompagne chacun des deux films d'une longue présentation par un spécialiste des films et du genre dans lequel ils s'inscrivent. L'éminent Christophe Bier ouvre ainsi ses archives secrètes pour un panorama des hommes-gorille et autres primates au cinéma (46 min) tandis qu'Alain Petit revient sur le genre vampirique transalpin (38 min) lancé par Les Vampires. Deux modules érudits qui rattrapent largement la médiocrité des transferts vidéo. Un court-métrage intitulé Symphonia horroris réalisé par Thierry Lopez (cofondateur aux côtés de Kevin Boissezon d'Artus Films) et hommage évident au Nosferatu de Murnau accompagne également Des Filles pour un vampire.