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Arrietty : interview de Hiromasa Yonebayashi

Le 14/01/2011 à 15:03
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Arrietty : interview de Hiromasa Yonebayashi Véritable record au box-office japonais pour un premier film, puisqu'il a attiré plus de 7,5 millions de spectateurs, Arrietty, le Petit Monde des Chapardeurs est visible dans les salles françaises depuis le 12 janvier dernier. Issu des studio Ghibli, ce film d'animation aux accents oniriques n'est pourtant pas signé Hayao Miyazaki, le maître occupant les postes de producteur et scénariste. Aux commandes du projet, Hiromasa Yonebayashi fait ses premiers pas de réalisateur et ne devrait avoir aucun mal à rebondir sur ce succès retentissant.
Nous avons rencontré le cinéaste lors de son passage à Paris pour la promotion du film et nous l'avons questionné sur son parcours, les défis qu'il a dû relever, la vision de la famille idéale dans Arrietty ou encore sur la participation de Cécile Corbel, artiste bretonne qui signe la bande-originale.

Pouvez-vous nous résumer votre parcours jusqu'à la réalisation d'ARRIETTY ?

Depuis mon enfance, j'ai toujours aimé dessiner. Mais l'envie de faire des films d'animation ne m'est pas venue immédiatement. Quand j'étais à l'université, à l'occasion d'un job d'étudiant, j'ai travaillé sur une publicité qui était réalisée en animation. C'est à ce moment-là que mon intérêt pour l'animation s'est éveillé. Lors de ma quatrième année d'étude, j'ai vu Si je tends l'oreille, un film romantique des studios Ghibli sorti en 1995. C'est ce qui m'a poussé à vouloir entrer dans ce studio. J'ai intégré Ghibli en 1996. Cela fait donc à peu près 14 ans que je travaille au sein du studio mais j'ai d'abord oeuvré en tant qu'animateur. En 2008, M. Miyazaki et M. Suzuki, un producteur, m'ont proposé de devenir réalisateur. C'était une surprise.

 

Arrietty : interview de Hiromasa Yonebayashi

 

Dans Arrietty, des personnages de tailles très différentes se côtoient. Comment avez-vous travaillé sur les échelles, entre celle des humains et celle des chapardeurs ?

C'était très difficile de faire se côtoyer deux personnages de tailles différentes, surtout quand ils étaient sur un même plan. Nous avons joué sur les angles de caméra, afin de restituer le point de vue de chacun. Il y a d'ailleurs une scèneque j'aime beaucoup, où Arrietty monte sur le toit pour aller rendre visite à Sho. Je me suis beaucoup investi dans ce passage et j'ai notamment beaucoup travaillé sur les gouttes, pour rendre la perception d'Arrietty.

 

Il y a une grande différence entre la mère d'Arrietty, une femme traditionnelle qui reste au foyer, et la jeune fille qui part à l'aventure pour faire comme son père. Aviez-vous l'intention de parler des différences entre les générations au Japon ?

Cette image de la famille, avec la mère qui reste à la maison et le père qui va chercher des choses à l'extérieur, c'est l'image d'une famille classique, idéale. Aujourd'hui, on ne voit plus assez souvent cette image au Japon. Selon moi, si Arrietty est très active, c'est parce que c'est quelque chose d'habituel chez les petites filles qui cherchent à imiter leur père. Il ne faut pas y voir une signification particulière par rapport aux changements d'une génération à une autre.

 

C'est peut-être mon point de vue de femme occidentale, mais j'avais pitié de la mère d'Arrietty qui reste enfermée dans son foyer. Donc, pour moi, ce n'était pas une famille idéale. Ce n'est qu'à la fin, quand la mère est en danger, qu'elle vit enfin quelque chose par elle-même !... Qu'en pensez-vous ?

Je n'avais pas du tout envisagé ce point de vue ! C'est intéressant parce qu'au Japon, on ne m'a jamais posé aucune question de ce genre. Bien sûr, la mère reste à la maison pendant une grande partie du film, et quand elle sort, elle est finalement aussi active à l'extérieur qu'à la maison. Je n'avais pas pensé à cela parce que je me suis surtout intéressé à la relation entre Arrietty et Sho, entre les petits personnages et le monde des humains.

 

Arrietty : interview de Hiromasa Yonebayashi

 

Le personnage de Spieler est très amusant. Quelles ont été vos inspirations ?

Il n'y avait pas d'inspiration concrète, mais il est très différent de la famille d'Arrietty. Il évolue dans la forêt et il mange les pattes d'insectes. Je voulais insister sur cette différence de mode de vie mais aussi de pensée. C'est aussi un personnage très important parce que, pour maintenir cette race de petits personnages, il est indispensable. On ne sait pas comment les choses vont évoluer ensuite, mais il est très important pour Arrietty et pour tout le monde.

 

Quelle a été la contribution de Hayao Miyazaki sur le film ? Vous a-t-il laissé libre de vos choix artistiques ?

M. Miyazaki a écrit le scenario et a également créé certains décors, comme les intérieurs de la maison de Sho, le jardin et la maison d'Arrietty sous le plancher. Mais pour la réalisation du film, je disposais d'une liberté totale.

 

La musique est composée par Cécile Corbel, une artiste française. Comment l'avez-vous choisie ?

Au début, nous avions plusieurs candidats, mais nous n'arrivions pas à nous décider pour aucun d'entre eux. Et un jour, un CD est arrivé au studio Ghibli. C'était celui de Cécile Corbel. Le producteur, M. Suzuki, l'a écouté par hasard - parce qu'il ne fait pas souvent ça - et a immédiatement pensé que sa musique conviendrait au film. Il me l'a fait écouter et j'au tout de suite aimé son style romantique et sa voix très mignonne, qui allait bien avec l'univers d'Arrietty. C'est pour cela que nous avons contacté Cécile Corbel.

 

Propos recueillis par Elodie Leroy

 





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