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Sea No Sex and Sun : Interview de Christophe Turpin

Le 05/09/2012 à 00:00
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Sea No Sex and Sun : Interview de Christophe Turpin Aujourd'hui sort sur nos écrans Sea, No Sex and Sun, une très sympathique comédie avec Fred Testot, Antoine Duléry et Arthur Mazer qui sent bon les vacances et les romances estivales. Comme nous le faisons régulièrement dès que nous avons un petit coup de cœur, nous avons été à la rencontre de Christophe Turpin, le réalisateur du film. S'il s'agit là de son premier long-métrage derrière la caméra, Turpin s'est fait connaître du grand public il y a quelques années en signant le script du génial Jean-Philippe de Laurent Tuel, pour lequel il a été nommé au Césars.

Sea No Sex and Sun : Interview de Christophe Turpin Sea No Sex and Sun : Interview de Christophe Turpin

 

Pour la petite histoire – et comme c'est souvent le cas aujourd'hui avec nombre de papiers du net - Turpin avait lu notre critique du film avant l'interview. C'est ainsi qu'il a pris la parole au début de l'entretien …

 

Christophe Turpin : C'est marrant, t'as écrit des trucs que moi j'avais essayé de faire dans mon film, mais dont je n'étais pas trop sûrs qu'ils y soient … Tout le côté "à l'américaine" en fait.

 

Filmsactu : En fait, j'ai trouvé qu'il y avait plein d'ingrédients de comédies américaines, mis dans un moule français.

Je le prends comme un compliment… Mais je ne sais pas si c'est conscient. C'est sûr que, de manière générale, je préfère les films américains aux films français. Mais récemment, j'ai revu Camping. Et dedans, il y a des trucs pas si éloignés de mon film. La différence première selon moi, c'est que Sea No Sex and Sun n'est une grosse comédie. Ce n'est pas un film où on se marre du début à la fin. C'est un film plus en nuance. C'est très dur de faire rire les gens pendant 2 heures. Mon film oscille entre deux eaux. Parfois on rit, des fois non.

 

Comme dans un feel-good movie américain en fait. 

Je vois beaucoup de comédies américaines. Je vois même que ça. Donc forcément, le côté "américain" de certaines situations ou de certains personnages doit transparaitre de manière inconsciente. En revanche, là où je voulais vraiment que ça fasse anglo-saxon, c'était dans la bande son.

 

Ta BO sonne vraiment comme une compil' de vacances en fait.

Pour tout te dire, il y avait deux chansons que je voulais absolument mettre dans ce film. "Reach" de Pale Foutains et "And Suddenly" de Left Banke.

 

Sea No Sex and Sun : Interview de Christophe Turpin"J'aime quand les personnages traversent le film en ayant appris quelque chose."

 

Et y'a même un morceau de Kajagoogoo !

Oui. A un moment, il y a une scène qui se déroule pendant une soirée "années 80". C'était une scène marrante à tourner. Et puis j'ai pu me lâcher sur la musique.

 

Revenons au script. Tu dis que l'on ne rit pas tout le temps. Pourtant, le film a été projeté au Festival de la comédie l'Alpe d'Huez !

Oui, mais hors-compétition. Justement, les organisateurs n'ont pas trouvé que le film était assez "comique" pour la compétition officielle. Mais pour autant, il a été très bien accueilli par le public. 

 

Sans doute parce qu'il propose d'es émotions autres …

A mes yeux, c'est ce qu'il y a de plus important. J'ai un grand frère que je prends souvent en exemple, qui est beaucoup moins cinéphile que moi. Ce qu'il cherche en allant au cinéma, c'est passer du bon temps. Voilà ce que j'ai cherché à faire avec ce film : que les gens passent un bon moment, et qu'ils sortent de la salle avec le sourire. Ensuite, ce n'est pas pour autant que mes films ne racontent rien ! Jean-Philippe racontait l'histoire d'un homme qui se rendait compte qu'il était passé à côté de sa vie. Celui-là puisqu'il parle de la frustration des hommes qui ne peuvent pas avoir forcément ce qu'ils désirent.

 

Le film contient même une petite morale.

On m'en a parlé de cette morale ! Surtout par rapport au personnage de Fred Testot. Certaines personnes trouvent le film trop "moralisateur". C'est très subjectif, car cela dépend surtout de nos propres codes de moralité. Moi j'aime bien les films avec une petite morale à la fin. Les films pour enfants. Les Disney. J'aime quand les personnages traversent le film en ayant appris quelque chose.

 

Sea No Sex and Sun : Interview de Christophe Turpin"J'adore écrire pour les personnages de 13 à 20 ans. Ca doit être mon côté fan de Spielberg et de Amblin qui ressort."

 

Justement, de personnages, parlons-en. Moi, j'ai adoré le personnage d'Alex, le jeune amoureux. J'ai eu l'impression que c'était celui dont tu te sentais le plus proche …

Logiquement, je devrais me sentir plus proche du personnage de Guillaume, incarné par Fred Testot. Parce qu'il a mon âge, que comme moi il a un gamin. Mais en fait, c'est vrai que j'ai un faible pour le personnage d'Alex (Arthur Mazet). Je pense que c'est parce que j'ai été un peu comme lui quand j'étais jeune. A la base, ce rôle devait être tenu par Vincent Lacoste (Les Beaux Gosses). Mais il est parti faire Asterix. C'est alors que j'ai découvert le film Simon Verner a disparu, dans lequel joue Arthur Mazet. On s'est rencontré et le contact est très vite passé. Plus généralement, j'adore écrire pour les personnages de cet âge-là. De 13 à 20 ans. Ca doit être mon côté fan de Spielberg et de Amblin qui ressort.

 

Tu as déjà beaucoup parlé de tes influences au moment de la sortie de Jean-Philippe. Pourquoi ne pas avoir réalisé un film fantastique ?

J'avais plusieurs projets de films fantastiques dans mes cartons. Un film d'horreur, un film d'aventure avec des enfants, un peu à la Goonies. J'ai travaillé dessus pendant de longs mois. Mais tout le monde connait les difficultés qu'ont les réalisateurs qui veulent se frotter à ce genre de projets. Et puis il y a eu les échecs de Hellphone, de Big City et de Timpelbach qui ont fait qu'un film avec seulement des ados, c'était plus possible. J'avais aussi Sea, No Sex and Sun dans mes cartons et il s'est avéré que Pathé a donné son accord pour ce projet. Ensuite, tout s'est accéléré. Attention, ce n'est pas un choix par défaut, car j'aime aussi la comédie.

 

Quel regard portes-tu sur le cinéma de genre made in France ?

Il m'agace assez ! Et il m'attriste. Il y a vraiment des soucis à tous les niveaux. Je trouve que les scénarii ne sont pas toujours bons. Que les réalisateurs n'ont pas toujours de bonnes idées. Que les producteurs ne font pas toujours bien leur travail. Que les distributeurs ne s'occupent pas de ces films comme ils le devraient. Et qu'enfin le public n'est pas au rendez-vous. Ca fait beaucoup …

 

Sea No Sex and Sun : Interview de Christophe Turpin"Depuis le début, ce que j'aime, c'est la réalisation."

 

Malgré le succès de Jean-Philippe et ta nomination aux Césars, tu as mis du temps à tourner ton premier film.

Oui. Mais je n'ai pas arrêté de bosser depuis Jean-Philippe. J'ai travaillé sur des scripts de longs-métrages, comme l'Amour dure trois ans par exemple, dont j'ai écrit la V1. J'ai également écrit la toute première version de JCVD. Mais il n'en reste plus rien dans film. J'ai aussi bossé comme script-doctor. Mais le travail de scénariste de cinéma est très compliqué en France, car il n'est pas du tout reconnu. Il y a une quinzaine de mecs qui arrivent vraiment à bien en vivre. A un moment, j'en faisais un peu partie. Mais depuis le début, ce que j'aime, c'est la réalisation.

 

Réalisateur, c'est le seul moyen d'être "reconnu" en France …

C'est vrai que l'on a encore cet héritage de la Nouvelle Vague qui fait que l'on est considéré que lorsqu'on est auteur / réalisateur. Que l'on est le seul maître à bord, le tout-puissant. C'est pour ça qu'il est rare de trouver des gens qui ne font "que" scénariste.

 

De la même manière que c'est compliqué de trouver de simples "faiseurs", comme à Hollywood.

Ca arrive parfois. Sur Jean-Philippe, Laurent Tuel n'a rien retouché au script. Il a filmé ce que j'avais couché sur le papier et rien de plus. Moi ça ne me déplairait pas de filmer l'histoire d'un autre. C'est marrant, j'ai beaucoup plus de sollicitations depuis que j'ai tourné Sea, No Sex and Sun qui n'est pas sorti, qu'après la sortie de Jean-Philippe pour lequel j'ai eu une nomination aux Césars ! Ca veut bien dire qu'il y a un souci quelque part.

 

Sea No Sex and Sun : Interview de Christophe Turpin


Tu avais des appréhensions avant de tourner ce premier long ?

Non pas vraiment. En fait, j'avais avec moi trois chefs de poste (1er assistant, script et chef opérateur) avec qui je m'entendais très bien. Et derrière, le reste de l'équipe était composée de techniciens rodés aux longs-métrages. Du coup, le tournage s'est très bien déroulé. En revanche, la post-production m'a vraiment éreinté. Non pas qu'elle se soit mal passée, mais c'est juste qu'elle arrive à un moment où on est en bout de course. Et passer ses journées à faire attention à des détails, c'est crevant.

 

Et maintenant que tu es reposé, tu es près à repartir sur un autre projet ?

J'ai un nouveau projet de comédie. Un film sur l'adultère … mais sans femme ! En fait, c'est l'histoire d'un duo d'humoriste qui cartonne, style Omar et Fred. Mais il y a une routine qui s'installe entre eux. Un jour, un des deux – on va dire Fred – retrouve un ancien pote de classe avec qui il faisait des sketchs quand il était jeune. Ils prennent en verre, lancent des vannes … et décident de remonter un truc parallèle. Du coup, Omar est jaloux. Voilà, l'idée c'est de parler de la tromperie et de l'infidélité, mais sans tomber dans les clichés du genre.

 

Propos recueillis par Pierre Delorme.

 

 


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