Interview : Cho Dong-Oh
Le 07/08/2008 à 07:01Par Caroline Leroy
De passage en France à l'occasion du Festival du Film Asiatique 2007, où son film était présenté dans la compétition Action Asia, Cho Dong-Oh a très gentiment accepté de répondre à nos questions. The Restless sortira en DVD en France le 20 août prochain.
Filmsactu : D'où vous est venue l'idée de The Restless ? Avez-vous réalisé le film que vous rêviez de voir en tant que spectateur ?
Cho Dong-Oh : J'ai été inspiré par un conte que j'ai lu dans un recueil d'histoires extraordinaires lorsque j'étais enfant. C'était l'histoire d'un guerrier qui se retrouvait par hasard dans un village fantôme. Le film est parti de là, même si j'en ai ensuite enrichi la trame. J'aimerais effectivement réaliser le film que je rêve de voir en tant que spectateur. J'ai tenté de le faire avec celui-ci mais je ne suis pas sûr d'y être parvenu. Pas encore...
Avez-vous une prédilection pour les films de sabre ?
Personnellement, j'aime beaucoup les histoires de guerriers, la fantasy, les films d'action. The Restless correspond donc à mon univers et c'est pour cela que j'ai choisi de mélanger ces genres pour mon premier film.
Bien qu'il s'agisse d'un premier film, on voit à l'écran qu'il a bénéficié d'un certain budget. Le projet a-t-il été difficile à monter ?
Effectivement, The Restless un film à gros budget. Mais si j'ai pu trouver des producteurs qui ont bien voulu accepter de le financer, c'est parce qu'ils ont beaucoup apprécié mon esprit d'aventure. Ce genre de film n'est pas très développé en Corée et cette envie d'inaugurer un nouveau genre leur a plu. Pour vous donner un chiffre, le budget s'élève à 10 milliards de won, ce qui équivaut à 11 millions de dollars. Bien sûr, j'ai rencontré beaucoup d'obstacles au cours de la production, car je ne savais pas comment le projet allait évoluer exactement. Mais le tournage lui-même a été un grand bonheur.
Dans ce contexte, a-t-il été facile d'obtenir l'accord d'une star telle que Jung Woo-Sung ? Le fait que cet acteur soit très à l'aise dans les films d'action a-t-il influencé votre choix ?
En fait, il se trouve que Jung Woo-Sung faisait partie de tous les projets sur lesquels j'avais travaillé auparavant en tant qu'assistant-réalisateur. Nous avons sympathisé au fil du temps et je le connaissais par conséquent très bien au moment de m'atteler à The Restless. Ensuite, tout au long de la conception du scénario, j'ai trouvé que cet acteur correspondait exactement aux représentations du héros tel que je me les imaginais. Je lui en ai parlé avant même d'avoir achevé l'écriture et sans connaître la fin de l'histoire, il a accepté de jouer dans le film. Il a d'ailleurs pu participer lui aussi à l'élaboration de l'histoire, nous en avons beaucoup discuté ensemble.
Les effets spéciaux de The Restless sont très aboutis, on a l'impression qu'un pas en avant a été franchi par rapport aux précédents films fantastiques coréens.
Le film comprend 780 plans numériques et ces effets spéciaux ont mobilisé un certain nombre d'entreprises. Un consortium a été créé dans ce but, qui regroupait douze sociétés coréennes. A l'intérieur de ce consortium, deux sociétés dirigeaient les dix autres. La première, ETRI, est un laboratoire de télécommunications subventionné par l'Etat : c'est cette entreprise qui s'est occupée, entre autres, de réaliser entièrement les effets spéciaux de la scène de bataille finale. La deuxième société s'appelle DTI (NDLR : Digital Tetra Inc.), elle est spécialisée en informatique et en infographie.
Le fait de mêler les effets spéciaux à l'action chorégraphiée a-t-il représenté un challenge ? Les scènes de combat reposent sur des concepts précis, et l'ensemble possède une identité visuelle forte.
Dès le début, j'ai conçu le film comme ça. Je souhaitais marier les effets spéciaux à l'action. Pour cette raison, le temps de préparation du film a été très long. Un an et demi avant le début du tournage, j'ai tourné plusieurs essais de scènes d'action, comme la scène où l'un des protagonistes se bat avec des chaînes dans les bois. Il en va de même pour tout ce qui est graphique. Je voulais que les scènes d'action soient originales, et j'ai eu la chance d'obtenir le concours du chorégraphe coréen le plus renommé, Jeong Du-Hong.
Comment avez-vous conçu la scène de bataille finale, qui est très réussie ?
Cette scène a nécessité onze jours de tournage et a mobilisé 500 figurants dans un espace à peu près équivalent à quatre terrains de football. Dès le début, nous voulions remplir cet espace de figurants, Jung Woo-Sung étant censé traverser cette foule. Chaque plan a été tourné cinq fois à l'exception de ceux comportant des monstres, qui ont été tournés vingt-cinq fois. Pour cette scène, les acteurs ne jouaient pas avec des armes : Jung Woo-Sung avançait sans rien et il était par conséquent très difficile pour les figurants de jouer, de réagir correctement. De plus, il faisait très froid !
Le film a été bien accueilli par le public coréen. Quels sont vos projets ?
Actuellement, je suis en train de concevoir mon prochain projet. Je recueille les idées, les éléments que je souhaite y inclure. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il ne s'agira pas d'un film de fantasy. Si tout se passe bien, je démarrerai le tournage en mai 2008.Propos recueillis par Caroline Leroy à Deauville en avril 2007
Remerciements au Public Système