Interview : Howard McCain (Outlander)
Le 06/04/2009 à 20:09Par Kevin Prin
Dans les bacs depuis le 2 Avril, Outlander est écrit et réalisé par Howard McCain. Un véritable parcours du combattant caractérise la fabrication de ce film, dont l'idée a germé dans l'esprit de son scénariste en 1993. Depuis, McCain a aussi signé le scénario de Underworld 3 et celui de Conan, le remake très attendu de Conan Le Barbare qu'un certain Brett Ratner devrait réaliser... Autant de sujet dont nous nous devions de discuter avec le principal intéressé !
Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire du cinéma et comment y êtes vous parvenu ?
Depuis que j'étais tout petit, vers l'âge de 7-8 ans, j'ai eu envie de faire des films. Mes parents m'amenaient constamment au cinéma, voir tout genre de films, comme des westerns, des films de monstres, des films épiques et même des films français. Ceux qui m'ont le plus marqué sont de loin Lawrence d'Arabie et Jules et Jim ! Et je ne vous dit pas ça parce que vous êtes français...
J'ai donc réalisé mon premier film à l'âge de 10 ans : il était horriblement nul mais très drôle. Je l'avais fait avec mes soldats en plastique et je l'avais animé à la manière de Ray Harryhausen. En grandissant je me suis d'ailleurs plus intéressé aux effets spéciaux. A l'université, j'ai étudié la conception de scripts et la réalisation. Cette époque était très entousiasmante quand on s'intéressait au cinéma : Spielberg, Scorsese, Coppola et compagnie commençaient à percer. J'ai finalement intégré la célèbre école de cinéma de New York et mon premier court métrage a été primé à Sundance. Bref, je ne suis pas devenu réalisateur du jour au lendemain : c'est venu progressivement. Personne dans ma famille ne travaillait dans le milieu du cinéma, j'ai grandit dans une petite ville à l'extérieur de New York. Ensuite j'ai fait mon premier film pour Roger Corman. Il m'a filé seulement 7.000 dollars de salaire alors que ça m'a pris un an de ma vie. Mais c'était une grande expérience !
Outlander est un projet qui remonte à loin ?
J'ai eu cette idée à l'université. Tout est venu du livre Beowulf, que j'avais adoré. En découvrant quelques années plus tard une couverture du journal Archeology Today, où on voyait un bateau Vicking traverser les Etats-Unis, je me suis rappelé de cette idée. Nous étions alors en 1993 : il n'y avait pas de Seigneur des Anneaux, de Gladiator, de Harry Potter, ... Personne ne faisait ces films ! Si j'avais proposé Beowulf tel quel à un studio, ils ne l'auraient pas accepté, tout simplement parce que personne aux Etats-Unis n'aurait cru aux Vikings. J'ai donc écrit un script, intitulé Beowulf quand même, mais où j'imaginais ce que cette histoire aurait été si elle avait été vraie, en y rajoutant un monstre alien et en changeant les noms des personnages. Mon agent m'avait répondu à l'époque qu'aucun film s'intitulant "Beowulf" ne pourrait un jour sortir aux Etats-Unis, ce qui est plutôt ironique aujourd'hui. En 1996, j'essayais de vendre mon script : personne ne l'a acheté, mais j'ai attiré l'attention. Renny Harlin voulait même le faire, mais impossible de monter financièrement le projet. En 2003 j'ai rencontré Summit Enterprise (Twilight, Prédictions, ndlr) qui s'est montré intéressé. On a commencé à se battre pour rassembler l'argent... Et finalement en 2009 vous pouvez enfin voir le film que j'ai imaginé en 1993 (rires).
Quel était votre plus gros challenge sur ce film ?
Je voulais qu'on croie au monstre. Et aussi je voulais mélanger deux genres qui n'ont rien à voir. J'aime ça. C'est difficile de faire quelque chose de nouveau avec un film de genre. Aujourd'hui, certains appellent Outlander "Predator rencontre Braveheart" !
Et que pensez-vous du Beowulf de Robert Zemekis ?
Ah... Malheureusement il a monté le financement du film plus vite que nous. Quelques mois avant le début de son tournage, Doug Chang, le designer, a voulu voir à quoi ressemblait les croquis préparatoires de notre film, pour s'assurer de faire quelque chose de différent. Il les a vu, nous étions content de les lui montrer et malheureusement il a tout repris.
Mais pour revenir à votre question, je trouve que la technologie 3D est incroyable sur ce film. Malheureusement je n'ai pas accroché à l'histoire, à l'ambiance. Il y a des moments formidables, comme la scène où Beowulf combat le dragon ou lorsqu'il rentre dans les grottes et fait face au personnage de Angelina Jolie. Mais ça manque tellement de vie...
Quelles sont les influences de votre film ?
Il y a des influences partout ! Tout mon amour du cinéma est dans chaque plan. J'ai repris des plans des Dents de la mer, des 7 Samouraïs, de Lawrence d'Arabie, de The Natural avec Robert Redford, ... Même des tout petits ! Je ne ferais pas ça tous les jour mais là j'en avais l'occasion. Il y a aussi un peu de The Thing, de James Cameron ou de Predator....
Vous travaillez sur le remake de Conan en tant que scénariste...
Oui et c'est Brett Ratner qui doit le réaliser. Nombreux sont ceux qui pensent qu'il faudrait un autre réalisateur pour ce film, et, de vous à moi, je dois dire... que je suis d'accord. Mais je n'ai pas mon mot à dire malheureusement.
Pour tout vous dire, il y a deux scripts de Conan qui circulent, dont celui que j'ai co-écrit avec Dirk Blackman. Les deux seront utilisés puisqu'ils veulent tourner deux films, l'un après l'autre. Mais on ne sait pas encore quel script sera utilisé pour le premier film.
Que pensez-vous du Conan de John Milius ?
J'aime ce film pour son fun, mais j'avoue ne pas en être fan. Je préfère de loin les livres Conan des années 70, bien plus sombres et plus violents. Le film ne capte pas tout à fait qui était Conan. Comment dire... Vous voyez le Batman de Christopher Nolan ? Ce qui est intéressant c'est qu'il est plus sombre que le personnage de Tim Burton. C'est un peu la même chose avec notre scénario de Conan : nous sommes retournés à l'essence du personnage, bien plus sombre. Quant à l'acteur qui incarnera Conan, il n'a pas encore été choisi, mais ils vont certainement jeter leur dévolu sur un anonyme.