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Predators : Interview de Robert Rodriguez

Le 22/11/2010 à 08:05
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Predators : Interview de Robert Rodriguez Prévu dans les bacs cette semaine en DVD et Blu-Ray, Predators, troisième épisode de la franchise, doit pratiquement tout à son producteur Robert Rodriguez qui porte le projet depuis une dizaine d'années. A l'occasion de cette sortie, entretien avec l'homme à qui l'on doit aussi Machete, en tant que réalisateur, prévu dans les salles le 1er décembre prochain.

Predators : Interview de Robert Rodriguez

Comment avez-vous convaincu Adrien Brody de faire le film ?

J'essayais de l'engager pour un autre role dans le film, mais lorsqu’il a lu le scénario de PREDATORS et il a dit, "non, je veux jouer le role de Royce, je peux le faire." J'ai dit "Vraiment ?" et il m'a envoyé une photo d'un film qu'il venait de terminer, un film de prison, et il était tranformé physiquement. Et je me suis dit "Waow, c'est cool !" Je savais que ce serait intéressant, justement parce que j'essayais de trouver quelqu'un de différent pour le rôle. Le rôle prévu pour lui initialement n'est d’ailleurs même plus dans le film. Pour Royce, à l’origine, on voyait d'autres acteurs qui avaient déjà fait ce genre de truc. Mais c'était toujours les mêmes gens. Il y a un acteur en particulier qui jouait exactement le même rôle, mais dans un autre film! C'est comme lorsque j'ai fait UNE NUIT EN ENFER. J'essayais de trouver quelqu'un pour le rôle que joue George Clooney. Et c'était la même chose. On ne voyait que les acteurs qui jouent toujours ce genre de personnage. Je cherchais quelqu'un de nouveau et j'ai engagé George, qui n'avais jamais tenu ce genre de rôle à l'époque. Idem pour Antonio Banderas, il n'avait jamais joué dans un film d'action avant DESPERADO. Pour PREDATORS, c’est la même chose. Nous voulions quelque chose de different, quelqu'un de vraiment intéressant et qui soit un très bon acteur. Adrien avait envie de le faire, et quand un acteur qui a déjà eu un Oscar a envie d'être dans PREDATORS, vous dites, "OK! On y va!" Ca ne peut pas mieux se passer.

Parlez-nous de la fascination exercée par la saga Predator.
Je crois que ce qui fascine tant les gens, c’est le côté “chasse”, couple à la dimension de “durabilité” du Predator. Je crois que c'est parce qu'il s'agit d'un humanoïde. On le ressent comme un personnage Presque humain. Les gens aiment les méchants et voir un méchant humain permet de s'identifier à lui, au côté sombre de la personne. La part la plus aventureuse, la plus percutante de la personne. C'est pour cette raison que nous avons privilégié l'action live et que nous n'en avons pas fait un Predator en CGI.

Pouvez-vous nous parler de l'histoire de ce projet? La période de gestation a duré un certain temps...
C'est la première fois que j'écris un film que je n'ai pas l'intention de réaliser. Je ne l'ai jamais refait parce que c'est une expérience bizarre. J'ai pensé que ce serait marrant, et ça l'a était. Quand vous donnez votre film, vous vous dites, "Mince, j'aime vraiment certaines de ces idées et ce  n'est pas moi qui vais les mettre en images". C’était formidable de voir ce projet aboutir au lieu de le voir prendre la poussière sur une étagère. A l’époque où j’ai écrit le premier script de PREDATORS (il ya 15 ans !), j'étais entre deux projets. J'avais terminé EL MARIACHI et je n'avais pas encore commencé DESPERADO et pour travailler un peu, j'ai accepté cette commande de scenario de la part de la Fox J'ai pensé que ce serait facile, mais finalement, le travail s'est avéré plus difficile que prévu, parce que vous aimez ce que vous écrivez et vous n'êtes pas celui qui fera le film. Donc vous vous permettez un maximum de choses sans prendre conscience des contraintes, de la faisabilité de certaines scènes. Je savais, à l’époque, que la Fox essayait de faire revenir Arnold dans la série et comme j'aimais beaucoup l'idée que ça se déroule dans la jungle, j'ai situé l'histoire sur une autre planète, un décor de jungle sur une autre planète, pour que ce soit différent. C'était l'idée. Finalement, ils ont fait le film ALIENS VS PREDATOR et Arnold a décidé qu'il ne voulait plus faire de films PREDATOR. Ils ont donc abandonné le projet en cours. Mais l'année dernière, ils l’ont remis sur la table et m'ont dit qu'ils étaient toujours prêts à le faire.

Predators : Interview de Robert Rodriguez

Le scénario est-il proche de votre scénario original ?
Oh, j'ai dû modifié beaucoup de choses parce que le premier jet était écrit pour Arnold. J'ai fait venir d'autres scénaristes et je leur ai demandé de garder l'idée de la planète, des différentes tribus de Predators, les scènes de chasse et le Predator crucifié, qui étaient dans le script original. Ils y ont ajouté de nouveaux personnages. Il y avait déjà un groupe, mais c’était un groupe différent.

Il y a une scène dans le film où une créature pourchasse le personnage de Topher Grace et se fait tuer. De quelle créature s'agit-il ?
C'est une des créatures qui sont dans les cages. Vous vous souvenez, quand ils vont voir les cages et qu'ils voient des insectes en sortir ? Ca fait partie des choses qui sont arrivées comme ça. Il y a un dialogue – je comprends que vous ayez pu le rater parce qu'ils courent quand ils le disent – qui dit "C'est une de ces choses qui sortait des cages" et Royce dit  "Ils doivent penser qu'ils sont ici à cause de nous." La créature ne veut pas être agressive, elle essaie juste de se défendre. Elle est dans le même situation qu'eux : lâché au milieu de nulle part, sans savoir ce qui se passe.

Quelles sont les différences entre réaliser un film et le produire ?
D'abord, ils m'ont demandé si je voulais le réaliser. Je ne pouvais pas parce que j'étais en train de réaliser autre chose et il leur fallait le film pour l'été. Ils m'ont demandé si je pouvais au moins le produire. J'ai dit "Bien-sûr! Ce serait sympa." De cette façon, je pouvais être présent et voir comment il était réalisé. Je pouvais faire partie du processus créatif.

Quelle a été votre influence sur ce film en temps que producteur ?
Je n'ai jamais produit de film avant, alors je ne sais pas. Certains producteurs trouvent un projet et engagent les gens et puis s'installent en retrait et laissent les autres faire tout le boulot. Personnellement, j'était plus impliqué. Mais je ne réalisais pas. C'est Nimrod qui réalisait le film. J'ai apporté mon aide pour le scénario, pour le design du film et j'ai travaillé en étroite collaboration avec les responsables de la musique, des effets et du montage en post ptoduction.

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Vous réaliseriez une suite ?
Je ne sais pas. Ce serait en fonction de ce que je suis en train de faire et s'il y a un scénario qui me plait. Ce qu'il y a d'agréable avec la production, c'est que je peux feuilleter des scénario et dire "Hey, ouais, j'ai envie de voir ce truc là à l’écran !"

Votre filmographie est très variée. Y-a-t-il quelque chose que vous n'avez jamais fait et que vous aimeriez faire ?
J'aime faire des films avec beaucoup d'effets. Même mes films sans grands effets comme DESPERADO 2 et MACHETE, qui ont l'air très naturels, sont en réalité bourrés d'effets spéciaux. Ces derniers sont juste invisibles et discrets. Mais faire un film et y aller à fond sur les effets, ça me plairait.

Avez-vous envisagé la 3D pour ce film ?
Non, nous n'avions pas le temps. Pas même de le convertir. Il n'a pas été conçu pour la 3D. Pour que ça fonctionne, il faut que le film ait été imaginé pour la 3D. On pourrait convertir beaucoup de mes films en 3D parce qu'il y a souvent des choses qui viennent vers la caméra. Mes films rendraient bien dans ce format.

Pourtant vous avez fait un film en 3D. Deux, en fait.
Oui, j'ai lancé cette mode. Enfin, je ne sais pas si c'est une mode. J'ai fait mon premier film en 3D il y a sept ans (SPY KIDS 3D), et la 3D est toujours présente. On pourrait dire que j'étais le premier. C'était le plus énorme des films de la saga SPY KIDS.

Vous semblez prendre plaisir à filmer la violence et le gore dans vos films.
Oui, Fox voulait que le film soit trash, interdit aux moins de 18 ans. Parce que les précédents étaient interdits aux moins de 12 ans. Donc, j'ai écrit un script complètement fou. Puis ils m'ont appelé et m'ont dit que les gens aimaient les versions uncut en DVD et que si je voulais y mettre plus de sang, ils pourraient le rajouter sur le DVD. Mais on ne pouvait pas imaginer plus sanglant. C'est marrant parce que PREDATORS est vraiment un film de genre. C'est marrant pour le public de voir un film où par moments, ils ont envie de se couvrir les yeux. Et franchement, on n'a pas besoin de montrer tant de choses que ça. Si vou montrez des choses effrayantes tout de suite, les gens auront peur de ce qu'ils pourraient voir de pire dans le reste du film. La peur est basée sur ce que les gens pensent que vous allez faire et non pas sur ce que vous faites effectivement.

Predators : Interview de Robert Rodriguez

Il y a la séquence d'arrachage de colonne vertébrale.
On trouve cette scène dans tous les films. Ce n'est pas nouveau. On se devait d'avoir une scène comme ça. C'est ce qui avait fait flipper les gens dans le premier : les colonnes vertébrales arrachées. Il faut le faire, sinon ce serait comme d'avoir un requin qui ne mange personne dans un remake des DENTS DE LA MER. C'est indispensable. C'est requis. Et en plus de ça, il faut trouver des idées originales pour mettre autour.

Y-a-t-il des choses que vous avez évité de reprendre des anciens films?
Le ton était différent. Le premier PREDATOR est un film d'action et d'aventures. Celui-ci est plus proche du film d'horreur.

Pour revenir à votre vision sur les DVD interdits aux moins de 18 ans, pensez-vous que les studios cantonnent la créativité au simple marché secondaire ?
Ces films de genre vivent et n'existent que grâce au marché secondaire. On ne peut pas dire ça de tous les films, mais c’est valable pour ceux-là en particulier, c'est là qu'ils trouvent le succès. Les marchés secondaires sont descendus si bas que c'est ce genre de films qui continuent de les faire vivre. Tout ce qui est différent, alternatif est bon à prendre. Ce n'est pas seulement une histoire d'hémoglobine. Le studio va encourager au lieu de dissuader un réalisateur de faire  une version director's cut ou une version uncut. Et puis la capacité des disques augmente sans arrêt, on peut mettre tellement d'information que c'est ok d'ajouter des versions alternatives. Ce n'est plus une question d'argent comme c'était le cas auparavant quand ils devaient faire des doubles DVD, ce genre de chose…

Est-ce-que le genre "torture porn" (SAW & Co.) a ôté le plaisir de voir du sang à l'écran et de choquer le public ?
Je ne crois pas que ça se passe comme ça. Le pouvoir est toujours le même si on aime le personnage et qu'on se soucie de ce qu'il lui arrive. Il peut se couper avec une feuille de papier et on fera, "NOOOOOOONN!!!". Le but n'est pas de faire dans la surenchère. Si c'est tout ce que vous faîtes, que du sang et pas d'histoire, pas de personnages, ça ne sert pas à grand chose. Mais si vous avez de bons personnages et une bonne histoire, alors ce qu'il se passe n'a pas beaucoup d'importance. Vous vous intéresserez à eux que ce soit bon ou mauvais.

Le personnage féminin joué par Alice Bragga n'est pas le genre de femme qu'on trouve habituellement dans vos films. Ce n'est pas une demoiselle en détresse, mais elle a tout de même un coeur de jeune fille.
Oui, elle est au coeur du film. Il était très important que ce personnager soit réussi. Pour moi en particulier parce que c'est le genre dheroine qui n'est jamais très folichon dans de genre de film. Les gens étaient inquiets et se demandaient si ça valait le coup de tenter un personnage comme ça. Mais je pense que si vous faites les choses bien, vous obtenez Sarah Connor dans TERMINATOR ou Ripley dans ALIEN, et vous développez alors vrai un personnage culte. Ca vaut la peine d'essayer de l'écrire le mieux possible et d'avoir un bon personnage.

Predators : Interview de Robert Rodriguez

Comment etait-ce d'avoir tous ce casting sur le plateau ?
C'était fantastique. Quand Lawrence Fishburn est arrivé, tout le monde était silencieux et buvait ses paroles. Il est comme ça Lawrence. Il a tout vu dans sa carrière d'acteur. Ce n'était pas difficile pour le reste de l'équipe de croire qu'il était la personne la plus cool de la planète. Il a cette gravité. C'était incroyable de le regarder jouer et parler de cinéma. Dans le film ils disaient "Comment avez-vous tué un Predator ?" et derrière la caméra, on lui demandait "Comment avez-vous ce rôle dans tel ou tel film ?" C'était formidable de pouvoir parler avec lui et de voir à quel point il est professionnel.

Avez-vous rencontré des problèmes pendant le tournage dans la jungle ?
Vous savez, la jungle n'est jamais un terrain facile. C'est un endroit très dangereux pour travailler. C'est boueux, il y a beaucoup de racines dans le sol et on peut se briser le cheville au moindre pas. Ce n'est pas mortellement dangereux, c'est juste pénible. J'avais peur qu'il y ait des blessures. Des blessures stupides comme quelqu'un qui glisse sur un rocher. C'est juste un terrain dangereux pour se promener, et plus encore quand il faut transporter du matériel très lourd. Mais heureusement, personne n'a été blessé.

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Qu'avez-vous fait pour différencier le personnages de Brody de celui d'Arnold dans le film original ?
On savait qu'on se lançait dans quelque chose de très différent. On savait aussi que physiquement, il fallait qu'il soit aussi imposant qu'il le pouvait. Je ne voulais pas qu'il ressemble à un body-builder parce qu'en tant que soldat, il ne peut pas avoir de temps pour ça. Il fallait qu'il soit crédible en tant qu'homme d'action et capable de se défendre tout seul dans une bagarre. Et même quand on possède un gros tas de muscles, on n'est pas sûr de gagner. Arnold ne gagne pas dans le film original. Le Predator se fait exploser tout seul. Donc, il fallait mettre en avant l'intelligence et d'autres moyens de se battre.

Comment avez-vous trouvé l'équilibre entre l'humour et la tension ?
Nous n'avons pas voulu faire de "blagues". Ce n'était pas ce genre d'humour. L'humour vient plutôt des situations quotidiennes, du fait de tenir la route tous les jours et de voir ce qui peut être drôle et ce qui ne l'est pas.

Avez-vous pensé au fait de devoir faire attention à ne pas produire une parodie ?
Oh oui, oui. Sans arrêt. Nous avons essayé de mettre autant de filets de sûreté que nécessaire pour nous couvrir de tous les côtés.

Pourquoi avez-vous fait mourir Danny Trejo si vite ?
Parce que vous vous y attendez pas ! Vous savez que si Danny meurt le premier, ils sont tous foutus. Ils n'ont pas l'ombre d'une chance !




Predators
Predators
Sortie : 24 Novembre 2010
Éditeur : 20th Century Fox Video

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