Trois questions pour Rachida Brakni et Thierry Fremont
Le 12/04/2010 à 17:20Par Yann Rutledge
TROIS QUESTIONS A RACHIDA BRAKNI
Une affaire d'État, Secret défense, Skate or Die et dans un certain sens Chaos. C'est plutôt étonnant qu'une comédienne français s'intéresse autant au thriller. Qu'est-ce qui vous interpelle dans le genre ?
En tant que spectatrice, quand le film est bon, j’adore ça. Je me fais embarquer par l’histoire. En tant qu’actrice, ces rôles permettent d’allier physique et psychologie. Il y a une dimension supplémentaire dans le jeu.
Eric Valette est un cinéphile notoire. Vous a-t-il conseillé certains films afin de vous aider à construire votre personnage ?
Non. Il m’a plutôt parlé de la tradition dans laquelle il voulait inscrire son film. Il m’a beaucoup parlé des films d’Yves Boisset. Des polars grand public avec une vraie dimension spectacle. En revanche, sur le tournage, notamment lors d’une scène où le personnage de Gérald Laroche et moi faisions une intervention musclée dans un local de sculpture ; Eric nous parlait de The Shield. Il voulait retrouver le côté nerveux et sale ("dirty" dans le bon sens du terme) de la série.
Vous venez de passer à la mise en scène en adaptant Face au paradis de Nathalie Saugeon au Théâtre Marigny. Réfléchissez-vous à un jour passer derrière la caméra ?
Un jour, oui. Mais tout est plus complexe au cinéma. Au théâtre, on fabrique dans l’instant avec une équipe. Au cinéma, il y a beaucoup de solitude, d’abnégation et de patience. De plus, il y a une dimension très violente. J’entends par là, qu’un projet peut être porté pendant de nombreuses années, prendre vie et finalement être "condamné" dès les premières séances. Je ne me sens pas prête pour affronter ça. Il y a une forme d’ingratitude face à laquelle il faut être armé et qu’on retrouve beaucoup moins au théâtre. Cependant le médium me passionne.
TROIS QUESTIONS A THIERRY FREMONT
Eric Valette est un cinéphile notoire. Vous a-t-il conseillé certains films afin de vous aider à construire votre personnage ?
Oui en particulier un film espagnol intitulé Box 507* racontant la vie d'un flic vivant un peu ce que vit Fernandez mon personnage : c'est à dire quelqu'un qui court pour essayer de rattraper le cataclysme qu'il a déclenché par sa connerie.
Des chaînes de télévisions approchées pour financer le film auraient été gênées par votre personnage, au point de demander que son implication dans l'histoire soit amoindrie. Pourquoi selon vous est-il si dérangeant ?
Peut-être souhaitaient-ils une histoire plus manichéenne, les bons d'un côté et les salauds de l'autre ; or ce n'est jamais aussi simple surtout dans les milieux d'argent et de politique. Le film s'intitule Une affaire d'état mais aurait pu aussi s'intituler Une affaire de conscience. Le personnage de Rachida Brakni a encore une conscience bien qu'elle reste discutable. Celui d'André Dussolier n'en a plus. Le personnage que j'interprète la retrouve mais bien trop tard, créant ainsi une fébrilité inappropriée pour son métier qui causera au final sa perte. C'est l'exploration du spectre de toutes ces consciences qui m'a fait apprécier l'histoire.
Malgré le peu de dialogue, votre personnage reste le plus charismatique. Accepteriez-vous si demain Eric Valette vous proposait une préquelle contant son passé en tant que barbouze ?
C'est une excellente idée et ce serait une sacrée épopée ! En commençant par sa formation chez les Commandos Marines, suivi par sa vie de Barbouze, son passage à la DGSE et finalement cette préretraite en tant qu'homme de main... Oui je crois qu'il y aurait quelques histoires à raconter !
[1] Réalisé par Enrique Urbizu en 2002, Box 507 (Caja 507) est reparti avec quatre prix du Festival de Cognac 2003 : le Grand Prix , le Prix de la Critique internationale, le Prix Spécial Police et le Prix Première.