Cannes 2009 : Jour 6

La sixième journée du Festival de Cannes fut marquée par deux évènements principaux : tout d'abord la présentation de Looking For Eric de Ken Loach, avec Eric Cantona, et ensuite l'évènement organisé par Disney pour la présentation de six minutes du film Le Drôle de Noël de Scrooge, qui nous a valu une arrivée sous la neige de Jim Carrey sur la croisette, alors que le soleil tapait à 30°. Retrouvez toutes les images ainsi que les réactions aux films du jour, dans la vidéo ci-dessous, dans laquelle vous trouverez également nos interviews autour du film Vengeance, Simon Yam et Anthony Wong à notre micro.

Depuis qu'il a quitté le milieu du football, Eric Cantona essaye, de temps à autres, de faire son trou dans le milieu du cinéma. Si jusqu'à présent ses tentatives ont été infructueuses (L'Outremangeur, Le Deuxième Souffle), Looking For Eric pourrait bien lui apporter la légitimité qu'il recherche en tant qu'acteur. Producteur du film, Cantona en est aussi l'un des deux interprètes principaux puisqu'il joue son propre rôle. La recette de Ken Loach est composée de simplicité, de (beaucoup) d'humour et de drame social, chaque ingrédient étant parfaitement dosé. S'il est indéniable que l'on passe un bon moment devant cette histoire de postier dépressif, fan de Cantona, qui va s'imaginer le voir et lui parler, force est de constater que le film reste relativement mineur, sa présence à Cannes n'étant justifiée que par l'identité du réalisateur. En effet, le scénario n'a rien de très original, la réalisation de Ken Loach restant proche du misérabilisme qui la caractérise (dans ce qu'elle montre et dans ce en quoi elle consiste).

POLYTECHNIQUE

Film canadien présenté en Quinzaine des Réalisateurs, Polytechnique revient sur l'affaire Marc Lépine, ce jeune homme anti-féministe qui s'est introduit avec une arme de guerre dans l'école Polytechnique de Montréal dans le but d'abattre le plus de filles possibles. L'affaire s'est déroulée le 6 décembre 1989 et a fait l'objet d'un traitement médiatique conflictuel, entre ceux qui refusaient d'y voir un crime sexiste, ceux qui s'en indignaient et ceux qui érigeaient Lépine en martyr (aujourd'hui encore, quelques allumés lui consacrent des pages web). En tout cas, l'affaire fut soigneusement omise par Michael Moore dans Bowling For Colombine lors de sa démonstration sur les différences entre le Canada et les Etats-Unis dans leur rapport à la violence. Vingt ans plus tard, Denis Villeneuve réalise Polytechnique. Le cinéaste adopte le point de vue de deux étudiants survivants, un garçon et une fille, et s'attache surtout à décrire l'impact psychologique de ce traumatisme. Sans jamais nommer le tueur, Polytechnique s'appuie sur des personnages de victime fictifs mais reprend les éléments connus de l'affaire, à savoir la lettre anti-féministe laissée par Lépine ou encore l'horrible exécution d'une dizaine de filles dans la salle de classe. Si Polytechnique n'est pas exempt de quelques maladresses dans la narration et emprunte certains procédés de réalisation à l'excellent Elephant de Gus Van Sant, la violence de cet acte extrémiste ressort dans toute son horreur sans jamais qu'il n'y ait aucune ambiguïté sur la prise de position du cinéaste à l'égard du tueur, des victimes ou même du sens de la lutte féministe. Un drame poignant traitant de son sujet avec intelligence.