Gerardmer 2009 : Jour 2 !

Second jour à Gérardmer et la température du festival commence enfin à monter ! Si les amateurs de gore rigolo sont encore sur leur faim, la qualité des films a fait un petit bond avec la présentation de deux films en compétition totalement inédits dans les salles (et sans distributeurs) et un peu plus dignes d'intérêt que The Burrowers proposé en ouverture la veille.

Sauna

Nous avons donc commencé avec Sauna, un film fantastique finlandais réalisé par Antti Jussi Annila, racontant l'histoire au seizième siècle de quelques soldats locaux et russes chargés de tracer la nouvelle frontière entre leurs deux pays suite à la fin de la guerre qui les opposait. Un faux film d'horreur dont le thème principal est la culpabilité, puisque les soldats vont être confrontés aux horreurs qu'ils ont commises sous la forme d'une apparition et d'autres éléments dont on ne saura jamais s'ils sont le produit de leur imagination. Bourré de symbolique et tourné avec une photographie très réaliste (mais en fait discrètement stylisée), Sauna est un film lent, tirant sa force dans ses personnages et son ambiance, ne plongeant jamais dans l'horreur facile ou le fantastique grandiloquent, pour un résultat très classique et sentant bon le Cinéma. La première heure du film perd complètement le spectateur non-averti en n'affichant pas concrètement son sujet et ce n'est qu'au fur et à mesure que l'on comprend les enjeux du film. Un faux défaut qui devient une vraie qualité, garantissant une bonification du souvenir qu'il laisse à peine quelques heures après la sortie de la salle. Une bonne surprise, qui déroutera les amateurs de gore facile, agrémentée en plus d'une fin riche en images fantasmagoriques et horrifiques éblouissantes.

Pour l'occasion nous avons rencontré son éminemment sympathique réalisateur, dont vous retrouverez un extrait d'interview dans l'émission ci-dessous.

Le second film présenté en compétition, le soir cette fois-ci, était Grace, un premier film américain réalisé par le jeune et tatoué Paul Solet. Grace arbore tout d'abord un esthétisme en apparence assez cheap et cadré comme une sitcom : autour d'une table, un jeune couple dont la femme est enceinte discute avec les parents du mari. Très rapidement le film prend une petite tournure satirique sur les obsessions de nourriture bios des bobos américains avant de basculer dans le vif du sujet. Enceinte, la mère est victime d'un accident de voiture et accouche d'un bébé ne donnant aucun signe de vie. Quelques minutes plus tard pourtant, le bébé se met à pleurer. Ce miracle salvateur va devenir rapidement inquiétant : le nourrisson (baptisé Grace) attire les mouches, n'aime pas le lait et commence à mordre sa mère lorsqu'elle lui donne le sein. Rapidement, celle-ci se rendra compte que son bébé est attiré par le sang et en réclame...

Si aborder le thème des zombies (sans jamais le citer directement) de cette manière est original, le traitement s'affiche beaucoup plus classique, même si le réalisateur semble connaître et maîtriser les codes du film d'horreur et en détourne discrètement certains. Malgré une esthétique parfois proche de la DV (le transfert que nous avons vu était néanmoins de très mauvaise qualité), le rendu est propre, incorporant au passage un joli nombre de plans et de mouvements de caméra soignés. Paul Solet se perd certes dans 2-3 petites longueurs, mais lance assez de pistes et déroule sa narration d'une façon assez maligne, qui auront ravi la salle (applaudissant chaleureusement à la fin et manifestant son enthousiasme sur certaines scènes). C'est cousu de fil blanc, mais c'est efficace !