Les Mitchell contre les Machines : robots, apocalypse, dinosaures et gags de chiens - interview
Le 05/05/2021 à 19:23Par Olivier Portnoi
Les Mitchell contre les Machines (The Mitchells vs The Machines) est disponible depuis le 30 avril sur Netflix. Rencontre avec son réalisateur Michael Rianda.
Pourquoi est-ce que ce film d'animation nous excite tant à Filmsactu ? Parce qu'il est produit par l'incontournable duo Chris Miller et Phil Lord à qui l'on doit Spider-Man New Generation, La Grande Aventure Lego ou encore Tempête de Boulettes Géantes. Sans oublier 21 Jump Street le remake.
L'histoire : Les Mitchell décident de partir en road-trip afin d'emmener Katie leur fille aînée, adolescente et cinéaste en herbe avec laquelle ils ont dû mal à communiquer, à l'école de cinéma de ses rêves. Sauf qu'en plein voyage, les robots et les appareils connectés décident d'asservir l'humanité... Heureusement, qu'il y a un chien...
Une histoire familiale déjantée et drôle, bourrée de références pop avec une animation pleine de peps (entre les dessins au crayon et l'image de synthèse) et un discours positif sur l'acceptation de soi.
On a pu en discuter avec le co-réalisateur et co-scénariste Mike Rianda qui a collaboré par le passé à la série Disney Souvenirs de Gravity Falls.
Qu’est-ce que tu avais en tête en commençant à élaborer ce film ?
Mike Rianda : Sony m’a demandé si j’avais des idées de films. Je leur ai dit : "J’en ai des tonnes !". Mais je n’avais rien. J’ai commencé à me creuser la tête afin de développer un film personnel et différent. Je ne voulais pas d'un film d'animation typique géré par les studios. J’ai pris ce que j’aime le plus, à savoir ma famille de dingos, et je l’ai associée à ce que j’aimais le plus enfant, les robots tueurs. De nos jours, voir les robots et les intelligences artificielles faire ce que les humains font est intéressant. Mais c’est aussi effrayant et bizarre. On ne peut s’empêcher de se demander ce qu'il reste de spécial chez les humains si les robots peuvent désormais faire ce que l’on fait. Ce sont nos relations humaines qui nous placent à part. Et aussi le fait que l’on doive se battre pour les préserver.
Mitchell est donc fortement inspiré de ta propre famille.
Oui. J’ai pris ma voiture, branché mon magnéto, et je suis parti de Los Angeles à Salinas où j’habitais avec mes parents. Sur la route, j’ai inventé cette histoire qui est bien plus tard devenue ce film. J’aimais ce concept technologique. Aujourd’hui, les téléphones, tablettes, ordinateurs se dressent contre les vraies relations entre les parents et les enfants. C’est un problème qui touche tout le monde.
Qu’ont pensé tes parents du film ?
Ils sont très très critiques. On a eu des projections tests qui allaient montrer au studio si le film plaisait au public ou s’il était destiné à être mon dernier projet au cinéma. Ces projections sont effrayantes. Mais ce n’est rien comparé à celle avec mes parents. Ils sont honnêtes. Trop peut-être (rires). Je leur ai montré des trucs où ils me disaient juste: "c’est nul. Vire ça". Mais j’ai été rassuré qu’ils aiment le film. Et eux aussi. On a pu faire une projection en zoom. Ils m’ont dit "heureusement, que c’est bien. Sinon, on aurait pas su quoi te dire". Cette projection zoom était insensée. Mon père montrait son matériel de pêche à tous les membres de l’équipe. Rick Mitchell, le père de la famille, est vraiment mon père. Il passe son temps dehors et déteste les écrans.
Les Mitchell mélange la comédie familiale, le road-trip, l’horreur, la SF, les films de robots, les films post-apocalyptiques… On pourrait aussi penser à un croisement entre Her et Terminator. Quels étaient les films que tu avais en tête ?
On en avait un paquet en tête. J’aime autant les blockbusters que la Nouvelle Vague et François Truffaut. J’aime le cinéma de divertissement et le cinéma réaliste plus terre à terre. Même si mon film est barré et parfois débile, je voulais être terre à terre d’un côté et de l’autre inventif et repousser les limites. Je suis fan de 2001, de Beyond The Black Rainbow. On a voulu combiner tout ça. En espérant que cela fonctionne.
L’animation est vraiment fun. Il y a un côté coup de crayon DIY et bricolé malgré la 3D très aboutie.
C’est ce que l’on voulait. Ce film traite des humains et de leurs défauts. Il fallait que cette humanité se ressente à l’écran. Les personnages ont des maisons bordéliques et les arbres sont noueux et de travers, les vestes des personnages sont froissées et tâchées, c’est ce qu’est la vie. Il fallait ces imperfections. En même temps, les robots devaient être synthétiques, propres, réguliers, froids. Les artistes 3D ont vraiment travaillé très dur à apporter cette touche « coup de crayon fait maison» aux effets spéciaux.
Qu’as-tu appris en cotoyant Chris Miller et Phil Lord (La Grande aventure Lego Spider-man New Generation) qui produisent le film ?
Je pourrais écrire un livre sur ce que j’ai appris. C’était comme si tu allais à l’Université de l’animation avec des profs qui sont aussi tes guides, qui participent à tes projets à la con, tout en payant pour qu’ils existent. Par exemple, on regardait une scène ensemble et ils me disaient, ici on peut faire mieux, là aussi. Ils ont une exigence très haute. Et du coup, cela amène des quantités d’autres idées. Je pouvais proposer vingt idées différentes et on regardait ensemble ce qui fonctionnait le mieux. On pouvait faire vingt versions d’une même scène ! Je croyais que j’étais un acharné. Mais eux sont pires. Et c’est payant ! On a fait le maximum et tous les artistes impliqués sont fiers du résultat. C’est honnêtement génial de travailler avec eux.
Mitchell regorge de gags avec un chien. D’après toi, pourquoi passe-t-on tant de temps à surfer sur le net pour regarder des vidéos de chiens ?
(Rires). Je n’en sais rien (rires). On m’a fait remarquer qu’il y avait 18 blagues de chiens dans le film. Sans rapport les uns aux autres. Et on m’a demandé pourquoi. Mais je n’en sais rien. Ils me font marrer et font rire les gens. Je pense que les gens aiment les chiens. C’est aussi simple que ça. J’adore les chiens. Je n’ai pas de meilleure réponse. Le chien des Mitchell est basé sur le chien de ma famille.
Dans une des scènes, Aaron feuillette l’annuaire téléphonique pour appeler les gens un par un et leur demander s’ils souhaitent discuter de dinosaures avec lui. Tu étais ce gamin ?
Oui. J’étais un gamin très seul (rires). Mes frères et soeurs ont dix ans de plus que moi. J’étais souvent seul. J’aimais les dinosaures mais pas autant que Aaron dans le film. Mais j’étais obsessionnel et j’appelais les employés de magasins de jeux vidéos pour leur demander s’ils voulaient discuter avec moi du jeu Sega Dreamcast, Skies Of Arcadia. Ils me disaient: «Mais non. Gamin, cela fait déjà 14 fois que tu appelles ! ». « Et cet autre jeu Wild Arms, qu’en pensez-vous ? ». Ils finissaient pas raccrocher (rires). Comme Aaron, je cherchais des amis.
Petit quiz rapide pour terminer. Quel est ton dessin animé fétiche ?
Mon Voisin Totoro et le Tombeau des Lucioles.
Ton film d'apocalypse ?
Je ne sais pas si on peut le mettre dans cette catégorie, mais j'adore vraiment Attack The Block.
Ton film de Robot ?
Je vais dire 2001 à cause de Hal. Mais j’adore Terminator et Terminator 2.
Ton film de dinosaure ?
Jurassic Park forcément. Je l’ai revu récemment dans un drive-in et c’est toujours aussi génial.
Ton film de chien ?
Pas facile. Mais je dirais l'Incroyable Voyage.
Ton film familial ?
Tu peux compter sur moi de Kenneth Lonergan. Mais aussi le Lys de Brooklyn qui est vu comme super nian nian mais j'adore.
Le chef d'oeuvre que personne ne considère comme un chef d'oeuvre sauf toi ?
Cloverfield. Quand ce film est sorti, j'étais certain que c'était le nouveau Star Wars.
Merci beaucoup Mike.
Merci. J'espère que vous aimerez mon film.
Les Mitchell vs les Robots est disponible sur Netflix.