Un Français de Diastème : ce film qui fait "peur" aux exploitants
Le 26/05/2015 à 11:46Par Michèle Bori
Un Français : "un film bobo insultant la nation" pour les nationalistes
Ainsi, ça et là, sur les réseaux sociaux, sur le blog du réalisateur et sur plusieurs sites extrêmistes (tels que fdesouche, lagauchematuer ou le blog Egalité & Réconciliation d'Alain Soral), des messages haineux se sont mis à pointer le bout de leur nez, denonçant en vrac "une propagande gauchiste", "un film bobo insultant la nation" ou encore une dilapidation de l'argent public par "la communauté organisée" (sic). Un "bad buzz" prévisible (qui dit sujet sensible, dit forcément débat de société) mais qui a aujourd'hui une incidence des plus fâcheuses : cinquante avant-premières du film qui devaient avoir lieu dans cinquante villes de France le mardi 2 juin prochain ont été annulées.
Sur son blog, Diastème explique : "Nous sommes à quinze jours de la sortie et les nouvelles ne sont pas bonnes. Le distributeur vient d'annoncer à ma productrice que les avant-premières du film sont annulées. Les exploitants ne veulent pas le film, lui a-t-on dit, ils ont peur. [...] Comme si cela ne suffisait pas elle m’annonce également que les « plus de 100 salles » prévues par Mars pour la sortie du film se transforment en « moins de 50, et encore, pas sûr… » Elle me prévient qu’elle va transmettre l’information aux deux éminents journalistes qu’elle a mis dans la confidence et qui souhaitent en faire un papier – la semaine dernière, elle m’avait informé que deux exploitants, de Toulon et de Lille, quoi qu’aimant beaucoup mon film, avaient « peur » de le prendre."
"Si les choses restent en l’état, le film est quasiment mort-né..."
Peur de quoi ? Peut-être que certains cinémas ont reçu des menaces et ont pris peur. On peut aussi supposer que les exploitants ne souhaitent pas que les projections d'Un Français se transforment en lieu de rencontre entre antifascistes et nationalistes... Une décision justifiable par le soucis de ne pas mettre de l'huile sur le feu entre ces deux groupes opposés, mais qui a hélas le malheur de faire figure de "censure artistique", bien dommageable quelques mois à peine après que la France soit descendue dans la rue pour défendre la Liberté d'expression. "Si les choses restent en l’état, le film est quasiment mort-né" déplore Diastème. "Il ne fera pas d’entrées dans les salles, alors qu’on n’arrête pas de me dire, depuis que les premières projections ont eu lieu, que c’est un film « important », un film « nécessaire », un film « que les gens doivent aller voir », « surtout ici et maintenant », un film avec « un sujet que personne n’a jamais traité », un film avec une « actualité » et un « engagement » – grandes valeurs cinématographiques ne dit-on pas depuis [dimanche] soir ?"
Pour l’heure, le distributeur, Mars Films, n’a pas officiellement réagi (UPDATE : un communiqué de Mars vient d'être publié. Retrouvez le ici) et aucun exploitant de salle n’a expliqué les raisons des déprogrammations des avant-premières. Certains cinémas ont en revanche affiché leur soutient au film de Diastème, comme par exemple le cinéma Le Devosge à Dijon qui, lui, a décidé de maintenir une avant-première programmée au lundi 8 juin. "En l’état actuel des choses, nous maintenons l’avant-première et la diffusion du film", a expliqué Cyril Jacquens, le gérant du Devosge. "Nous sommes un cinéma qui s’engage pour les films d’auteurs".