Wild Side Video s'entretient avec Wildgrounds
Le 14/12/2009 à 16:45Par Yann Rutledge
"On s’est aperçu que cet effet curiosité s’était totalement estompé. [...] Ce que je retiens c’est que seules les évidences se vendent. C’est un peu désespérant parce qu’il y a une curiosité cinéphilique qui s’est un peu perdue. C’est peut-être le fait qu’aujourd’hui, il y a tellement de choses accessibles de partout que les gens deviennent moins curieux ? Je ne sais pas…"
Ce n'est pas la première fois (et ce ne sera certainement pas la dernière) que Manuel Chiche avoue d'emblée son amertume face au manque d'attrait et de curiosité du public (et de la presse) pour le film de patrimoine asiatique. Sa plus grosse déception étant l'insuccès de Hitokiri, le Châtiment, chambara de Hideo Gosha avec Shintaro Katsu (Zatoichi) qui représente pour Manuel Chiche "un chef d’oeuvre à classer parmi les 20 plus grands films de l’Histoire du Cinéma". Insuccès, c'est peu dire, seuls 2500 exemplaires du titre ayant été écoulés... Il ajoute par ailleurs que sortir aujourd'hui "un film de ce type là avec les investissements que ça représente pour vendre 1000–1200 unités, c’est économiquement un non-sens." Lui restent également au travers de la gorge les bides de Ploy (4300 entrées, 1500 DVD), Je suis un Cyborg (trois copies sur Paris) et Thirst : Ceci est mon sang (50 000 entrées France).
Une alternative soulevée à ce malheureux manque de curiosité "sans prendre un risque financier colossal" serait d'après lui la VOD. A propos de la collection Shaw Bros : "on s’est donc dit qu’on va les mettre à disposition, soit en visionnage temporaire, soit en achat définitif. Et ça sera sur une politique de prix vraiment basse, parce que ça nous a demandé juste l’effort de faire le sous-titrage français plus la création de cette petite plate-forme. Ça n’a rien à voir avec l’économie du DVD."
Il signale cependant que "sur le patrimoine japonais, nous comme les autres, on n'a pas les droits internet. [...] Les autres pays asiatiques, la Corée, la Chine, HK… on peut récupérer les droits internet, ils ont très bien compris que c’était nécessaire. Au Japon, il y a un énorme blocage." Tant pis pour ceux qui désiraient jeter un coup d'oeil aux romans pornos avant de les acheter.
A quelques jours de la sortie en haute définition de la trilogie de La 36ème chambre de Shaolin, la question du Blu-ray devait être posée. "Je suis pas sûr qu’aujourd’hui, le public cinéphile – c’est un mot un peu pourri – soit équipé totalement en Blu-ray et soit même disposé à racheter en Blu-ray. J’ai un gros doute." Sur ce point, nous lui donnons bien raison. "J’attends de voir ce que donne le marché du patrimoine sur Blu-ray" poursuit-il "et ce que j’en ai vu jusqu’à aujoud’hui me laisse très perplexe."
"Je continue à croire que notre job c’est d’essayer de mettre à disposition les films dans la meilleure qualité possible, au plus grand nombre possible sur le plus de supports possibles" affirme le patron de Wild Side. Au regard de son planning 2010-2011, il semblerait qu'il s'en soit donné les moyens.