Willem Dafoe : "Police Fédérale Los Angeles a été un échec. Et maintenant c’est un classique !"
Le 26/04/2020 à 10:26Par Olivier Portnoi
Willem Dafoe est à l'affiche de Togo sur Disney+, film d'aventure en Alaska inspiré de faits réels, mettant en scène un homme et son chien de traineau face à une tempête gigantesque afin de récuperer un sérum destiné à sauver les enfants d'une petite ville.
On a profité de pouvoir discuter au téléphone avec l'acteur américain afin de revenir sur le mal aimé Police Fédérale Los Angeles (To Live and Die in L.A) de William Friedkin sorti en 1985.
Willem Dafoe y incarnait le machiavélique et sadique Eric Masters, faussaire poursuivi par des inspecteurs têtes brûlées, Richard Chance (William Peterson) et John Vukovic (John Pankow).
Echec à sortie, Police fédérale Los Angeles est aujourd'hui considéré comme l'un des chef d'oeuvres de William Friedkin avec L'Exorciste, French Connection ou encore Le Convoi de la peur et Cruising.
"Je n’y fais pas attention." nous a répondu Willem Dafoe quand on lui a demandé s'il se souciait du succès de ses films après les avoir tournés. "Un film comme The Florida Project n’a pas été un gros succès publique mais il a marqué ceux qui l’ont vu. Il y avait beaucoup d’amour et d’espoir dans ce projet. J’ai eu beaucoup de retours positifs dessus. Et même quand un film est un flop, le temps lui permet parfois de se démarquer. Comme pour Police Fédérale Los Angeles."
"Cela a été un échec à sa sortie. Aussi bien commercial que critique. Les gens ne l’ont pas compris. On reprochait à Friedkin qu’il n’y ait pas de personnage auquel s’identifier. Du moins pas de personnage « bon » à soutenir. Mais c’était ça l’idée. Et ceci bien avant Tarantino qui a su dynamiter la conception de ce que doivent être les histoires au cinéma. Depuis, beaucoup de choses ont évolué et Police Fédérale Los Angeles a été réévalué et est souvent cité parmi les meilleurs thrillers du cinéma sur Los Angeles."
Acteur chaméléon, Willem Dafoe se considére comme un nomade du cinéma n'hésitant pas une même année (2019 en l'occurence) à passer d'un gros film d'aventure Disney (Togo) à Abel Ferrara (Tommaso, encore inédit) et au cinéma expérimental et cauchemardesque de Robert Eggers (The Lighthouse avec Robert Pattinson).
"J’adore faire le grand écart entre chaque film. Je recherche cette difficulté. Cela vous oblige à ne pas rester sur vos acquis et à repartir de zéro. Chacun de ces rôles exige une compétence particulière et une construction spécifique. Cela bouscule mes habitudes. Je ne peux pas me permettre d’être fainéant sur un tournage et de m’asseoir dans des habitudes. Il faut être présent et intégrer mentalement et physiquement ces projets. Impossible de faire Togode la même manière qu’un film d’Abel Ferrera ou de Robert Eggers. Il n’y a pas de gueule de bois d’après tournage. Vous êtes forcé de vous transformer d’emblée. Je recherche cette exigence dans mon métier. Je ne me souviens pas d’avoir tourné deux films qui se ressemblent l’un après l’autre."
Est-il facile de passer d'un rôle en rôle ? Ou certains vous suivent-ils ?
Certains rôles me suivent longtemps. Comme pour la Dernière Tentation du Christ (il a été Jesus pour Scorsese en 1988), ou Van Gogh (pour At The Eternity’s Gate, 2018) ou quand on a tourné quatre mois à Auschwitz (pour Triumph Of The Spirit, 1989). Ce genre d’expérience reste en vous pour toujours. Mais je passe aisément d’un personnage à un autre. Je suis une sorte de nomade.
Certains rôles me suivent longtemps. Comme pour la Dernière Tentation du Christ (il a été Jesus pour Scorsese en 1988), ou Van Gogh (pour At The Eternity’s Gate, 2018) ou quand on a tourné quatre mois à Auschwitz (pour Triumph Of The Spirit, 1989). Ce genre d’expérience reste en vous pour toujours. Mais je passe aisément d’un personnage à un autre. Je suis une sorte de nomade.