Crows Zero
Le 26/10/2007 à 19:22Par Caroline Leroy
Alors que Sukiyaki Western Django commence tout juste à faire parler de lui, le prolifique réalisateur Takashi Miike est déjà sur d'autres fronts. Son tout dernier film (achevé, s'entend), Crows Zero, sort dans les salles japonaises le 27 octobre et a d'ores et déjà connu les honneurs d'une projection au dernier Festival International du Film de Pusan, en Corée. Au vu de la bande-annonce plus qu'alléchante que donne à voir le site officiel, ce teen movie ultra violent promet de déménager dans les grandeurs, les bastons semblant occuper une bonne part du quotidien de ses protagonistes principaux, tous plus enragés les uns que les autres. On n'y tient plus !
On sait que Takashi Miike n'est jamais là où on l'attend. Enchaînant film après film sans cesser dans le même temps de tourner pour la télévision, il continue son bouleverser tranquillement l'image que le public se fait de lui en explorant tous les genres avec la même urgence et la même décontraction à la fois. Depuis le bouleversant Big Bang Love, Juvenile A en 2006, love story carcérale d'une sensualité troublante réunissant les sublimes Ryuhei Matsuda et Masanobu Ando, Miike a déjà bouclé huit projets. Parmi ceux-ci, il y a Imprint, le segment vidéo qu'il a réalisé pour les Masters of Horror et qui est le seul à être parvenu jusqu'à nous. Big Bang Love, Juvenile A (pourtant présenté au dernier Festival du Film Asiatique de Deauville), Scars of the Sun, Like A Dragon et Sukiyaki Western Django ne sont toujours pas prévus sur nos écrans. Crows Zero bénéficiera-t-il du même traitement qu'Audition, Visitor Q ou la trilogie des Dead or Alive ? On l'espère ardemment. Mais cet espoir doit être tempéré par le fait que les droits du film ont déjà été acquis par l'Allemagne pour une sortie... DVD.
Comme Ichi the Killer, qui s'inspirait de l'œuvre du mangaka Hideo Yamamoto (lire Homunculus pour se faire une idée du talent de cet artiste épatant), Crows Zero est l'adaptation d'un manga à succès, de Hiroshi Takahashi en l'occurrence. Curieusement, Crows n'est pas disponible en France ni aux Etats-Unis, alors que sa suite Worst est éditée chez nous depuis 2005 par Panini Manga. Espérons que l'initiative de Takashi Miike aide à réparer cette erreur.
L'action de Crows Zero prend place au lycée Suzuran, repaire de délinquants et autres losers pathétiques dont la société ne veut déjà plus avant même de les connaître. Les élèves y sont organisés en gangs et soumis à l'autorité du plus fort d'entre eux, un certain Tamao Serisawa (Takayuki Yamada). Mais ce petit monde va se voir bouleversé par l'arrivée d'un étudiant transféré, Genki Takiya (Shun Oguri), qui entend bien prendre la place de ce dernier et devenir le leader incontesté de l'école. Il va pour cela déployer toutes ses ressources stratégiques, secondé par un allié de choix en la personne de Ken, qui réintègre pour l'occasion le lycée qu'il avait déserté.
La projection du film au Festival International du Film de Pusan a bien évidemment déjà donné lieu à quelques retours. Une journaliste du Hollywood Reporter émettait ainsi une comparaison avec le film coréen Volcano High de Kim Tae-Gyun, tout en soulignant que le long métrage de Miike se situait un cran au-dessus - il est vrai qu'en dépit des pirouettes démentes exécutées par ses protagonistes, Volcano High ne vole pas bien haut. L'univers dépeint dans Crows Zero, ce lycée pour garçons régi par des lois ressemblant en tous points à celles des yakuzas, n'est pas non plus sans rappeler le très beau film de Toshiaki Toyoda, Blue Spring, la baston en plus. Takashi Miike déclarait il y a peu avoir voulu faire un "film d'hommes", un film viril où les poings expriment davantage que les mots. Il n'est plus qu'à souhaiter qu'il aille jusqu'au bout de son idée, d'autant qu'il ne se prive pas de surprendre encore en choisissant dans cette optique Shun Oguri pour incarner Genki Takiya, la tête dure du film.
Shun Oguri n'est pas un inconnu des aficionados de cinéma japonais. On l'a aperçu durant les premières minutes d'Azumi de Ryuhei Kitamura, où il se faisait éliminer par sa bien-aimée à la suite d'un combat fratricide ; on l'a revu plus longuement dans Azumi 2 de Shusuke Kaneko en sosie de son personnage du premier volet. On l'a aussi entrevu dans Reincarnation de Takashi Shimizu. Au cinéma, son rôle le plus important est sans doute celui qu'il tient dans l'excellent The Neighbor No. 13 de Yasuo Inoue, aux côtés de Shidô Nakamura. Mais Shun Oguri est avant tout une star de la télévision, où il enchaîne les dramas avec presque autant de hargne que Takashi Miike enchaîne les tournages. Si son rôle-phare demeure sans conteste celui du suave Rui Hanazawa, le troisième larron du triangle amoureux de Hana Yori Dango (2005), il a déjà joué (avec classe) les bad boys dans Gokusen au début des années 2000. Plus récemment, il dévoilait une facette plus sexy de sa personne dans Hanazakari no Kimitachi e, face à l'adorable comédienne Maki Horikita. Lorsque l'on regarde ce dernier drama, on saisit tout à fait pour quelle raison ce jeune acteur prometteur se retrouve aujourd'hui propulsé en tête d'affiche de Crows Zero. Surtout lorsque l'on sait que Takashi Miike lui avait déjà accordé une petite place dans le casting de Sukiyaki Western Django...
En attendant de
découvrir, peut-être, le film de Takashi Miike sur grand écran, vous pouvez
consulter sans hésitation le très sympathique site officiel de Crows Zero, qui propose entre autres divers teasers et bandes-annonces
hautement enthousiasmantes, sur fond sonore de l'excellente BO du film.