Si l'on appréhende parfois les produits Warner, 300 : L'Expérience Ultime fait partie de ces grandes satisfactions qui nous font oublier les erreurs de l'éditeur. Globalement identique à celui des éditions BR et HDDVD précédentes, le transfert propose une image délibérément rêche, lorgnant vers le sépia (qu'on appelle depuis le ''style 300'') hyper contrasté sur lequel Zack Snyder a eu la bonne idée d'adjoindre un grain prononcé. Grain factice, certes (il n'y a qu'à voir les rushes comparatives pour noter les différences), mais qui empêche le film de ressembler à n'importe quel Star Wars récent. Le genre de chose avec laquelle la compression fait des merveilles, proposant une définition accrue qui met tout autant en exergue cette texture granuleuse (qui risque de déplaire à ceux qui ont acheté une platine pour avoir des trucs tout lisses) que le jeu de contraste, assez séduisant. L'esthétisme poussé et poseur du film y gagne grandement. Une vraie démo, dans son genre...
Retrouvez nos captures HD ci-dessous :
La démo continue. En l'occurrence, la surprise est de taille puisque, là encore, si l'éditeur s'évertue à proposer des formats audio un peu en retrait (en l'occurrence, du Dolby True HD là où pratiquement tout le monde est passé au DTS-HD), on ne pourra que saluer la spectaculaire performance de la ''petite'' piste Dolby True HD 5.1 anglaise qui a tout d'une grande. Sitôt le générique lancé, le mixage s'impose avec virulence, comme pour nous rappeler que l'on n'est pas dans un film de peureux. Virtuosité multicanale et basses grondantes sont donc au programme de ce spectacle joyeusement bruyant, entretenant les scènes de batailles dans une immersion complète. Un spectacle assez jouissif dans son genre, qu'il s'agisse de faire grogner un loup sortant un peu des normes, ou de faire claquer les épées et les boucliers tout autour de nous dans des mêlées sanglantes. Notons que l'éditeur propose également une piste Dolby Digital 5.1 classique en anglais qui ne sert à rien, et malheureusement une VF aussi proposée en débit standard, à la traîne loin derrière l'efficacité du True HD.
Rares sont les films à avoir déjà bénéficié de rééditions Blu-Ray. A vue de nez, on pense à Terminator 2, mais si vous en avez d'autres... Comme jadis en DVD, il faut que le jeu en vaille la chandelle et justifie les quelques euros supplémentaires qui distinguent cette édition de la précédente. En l'occurrence, si c'est l'interactivité qui vous fascine, la fameuse Expérience Ultime baptisée Immersion Totale dans le menu du disque fait réellement TOUTE la différence. Un système de bonus exclusif conçu spécialement pour ce Blu-Ray et qui se distingue radicalement des autres suppléments également proposés sur le disque, issus des précédentes éditions. On sait Snyder particulièrement impliqué dans l'interactivité de ses films depuis que le Blu-Ray offre de folles possibilités (on vous renvoie vers notre test de Watchmen Director's Cut en cliquant sur ce lien) et il permet d'en découvrir bien plus ici, pendant le visionnage du film, que sur n'importe quel autre bonus du disque. Seul GROS bémol de la chose : elle ne bénéficie d'aucun sous-titre français. Ni d'aucun sous-titre tout court, d'ailleurs...
L'Immersion Totale, c'est tout de même un truc assez laborieux à explorer et quelques minutes seront vraiment nécessaires pour bien comprendre et surtout exploiter l'outil. Détail amusant, le livret de 40 pages accompagnant le disque est à lui seul une sorte de mode d'emploi pour bien utiliser ce système. Et pour être sûr que l'on a bien pigé, Snyder lui-même ouvre cette fonction avec une petite vidéo explicative de 2 minutes. En fait, il ne s'agit pas d'une fonction Picture in Picture... mais de trois ! Que ce soit à travers un menu sous forme de frise linéaire donnant accès à chacun des éléments de cette interactivité (dans lequel on finit par se perdre), ou directement via le film, il est donc possible d'explorer trois modes de lecture thématique pendant le film. Et pour être certain de tout voir, il faudra voir le film trois fois... Sans doute le moyen le plus efficace d'explorer ce système. Trois thèmes, trois couleurs (vert, bleu et rouge correspondant aux boutons de couleurs de votre télécommande) donnent respectivement accès à chacun d'entre eux. Chacun des thèmes proposera des incrustations d'images et de photos, des vidéos de tournage ou d'interviews en PIP, des indications écrites (en français, tiens) ainsi qu'occasionnellement une icône clignotante représentant un disque. En cliquant dessus, on interrompt le film pour accéder à un petit reportage. Beaucoup de choses donc, en gardant surtout à l'esprit que la quasi intégralité des séquences bénéficie de ce traitement de faveur, et qu'elles en bénéficient de trois manières différentes...
En choisissant la fonction verte, on se retrouve confiné dans l'univers de Frank Miller et l'on accède à de nombreuses interviews de l'équipe du film (surtout de Snyder) à propos de ce qu'ils ont aimé dans le matériau d'origine, mais surtout du métier de la bande dessinée. L'ensemble est complété d'infos écrites et de nombreuses planches de la bande dessinée. En choisissant la fonction bleue, on plonge dans la création pure du film, dont la réalisation technique et décortiquée de A à Z. Autant dire que l'on dépasse la notion même de simple making of. Là encore, reportages incrustés ou individuels, photos, commentaires, notes de production et interviews sont à la fête. Une simple séquence comme celle de l'affrontement contre le loup, ne durant que quelques secondes dans le film, révèlera tous ses secrets. Même traitement de faveur si l'on sélectionne enfin la fonction jaune, qui s'intéresse aux réalités historiques dont s'est inspiré Frank Miller. Les intervenants sont à peu près les mêmes, mais viennent s'y joindre quelques historiens spécialisés dans la Bataille des Thermopyles et la vie quotidienne des Spartiates. Fascinant pour qui voudrait faire la part des choses entre réalité et fiction.
Nous pensions avoir fait le tour de ce qu'il y avait à savoir sur le film, mais les concepteurs du Blu-Ray ont eu la bonne idée de rajouter une autre fonction Picture In Picture n'ayant rien à voir avec L'Immersion Totale et qui parvient donc à la compléter. Il s'agit de Au cœur du film (oui, nous le savons, toutes ces choses-là semblent dire la même chose) qui, en l'occurrence, est un rescapé de feu l'édition HD-DVD absent de la précédente édition Blu-Ray. Une excellente démarche qui propose de découvrir le film sans les retouches numériques, dans une fenêtre incrustée et permet de constater l'incroyable travail de post-production dont 300 a bénéficié. Cerise sur le gâteau, ce module est commenté par Zack Snyder et bénéficie, alléluia, de sous-titres pour l'occasion. Les habitués du support Blu-Ray savent que Warner intègre désormais des sous-titres sur ses commentaires lorsque ceux-ci font intervenir un élément vidéo supplémentaire. C'est donc le cas ici. Un bonus à considérer d'ailleurs comme un commentaire audio normal puisque le réalisateur nous livre bon nombre d'informations sur la conception du film sans nécessairement se référer à un comparatif avant/après. Deux bonus pour le prix d'un... Seul bémol, l'utilisation de gros graphismes sanglants fixes un peu partout sur l'écran qui, sur la durée, risque de créer des zones de marquage sur les écrans plasma. Attention, donc....
Et puisque l'on évoque le Commentaire audio, on retrouve ici celui de l'édition DVD. Sans sous-titres français, certes, mais on ne perd pas spécialement au change puisque Snyder ne se montrera pas particulièrement bavard. Ce garçon est assurément spectateur de son propre film - comme il fut lecteur de la bande dessinée - et n'arrive pas à totalement partager ses méthodes de travail si ce n'est d'en faire un petit décorticage technique ou de justifier pertinemment l'étrange aspect graphique de certains éléments. Les amateurs d'anecdotes seront ravis d'apprendre, entre autres, que c'est le fiston du cinéaste que l'on aperçoit au début du film, ainsi que celui de l'acteur principal un peu plus tard, mais rien de concrètement fascinant. Pas la peine de compter non plus sur les autres intervenants (le directeur de photographie et le scénariste) puisqu'ils ne prendront jamais la parole, si ce n'est pour rebondir sur certaines plaisanteries de Snyder. Compte tenu des autres suppléments présents sur le disque, celui-ci se montre bien dispensable.
300 - réalité ou fiction (24min33) :
Bien évidemment, ce document est essentiellement ici pour servir les intérêts du film, mais les novices y trouveront néanmoins quelques parcelles d'informations non négligeables quant à la façon de redécouvrir le film. Appuyé par les propos de quelques historiens spécialisés dans les affrontements entre Grecs et Perses, ce module nous ainsi fait découvrir que sous la fantaisie du film et du comic book, énormément d'éléments sont très représentatifs d'une réalité d'époque. Et ces derniers de soutenir l'intérêt du film d'exister puisqu'il accomplit, des siècles plus tard, la glorification de ces héros comme le faisaient déjà les fresques murales.
Qui étaient les spartiates ? Les Guerrier de 300 (4min23) :
Ce module n'a bien évidemment pas le temps de développer son thème et n'est de tout façon qu'un petit complément au document précédent, appuyé par les mêmes intervenants. On se focalise ici non plus sur les événements mais sur les Spartiates en particuliers.
La préparation du combat : (6min43)
Ce module présente en quelques minutes la détermination de Zack Snyder à mettre le projet sur pied, et les quelques outils utilisés pour convaincre les producteurs, pourtant réticents jusque là. On découvrira tout d'abord un story-board animé, directement bâti à partir du comic book original, puis quelques figurines à l'effigie des personnages, qui n'ont toujours pas convaincu qui que ce soit. Le dernier argument fut le bon, et on nous permet ici de le découvrir : un plan séquence servant de bande démo et où le style visuel du film est déjà établi. Bien évidemment, cette scène ne fait pas partie du montage final.
Les essais de Frank Miller (14min33) :
Comme c'était déjà le cas sur le DVD collector de Sin City, nous avons ici droit à un portrait de Frank Miller par quelques collaborateurs et critiques et par Snyder en personne. Si dans le fond, il y a pas mal de choses intéressantes à retenir dans le processus créatif du bonhomme, ainsi que dans ses inspirations, la forme ressemble surtout à un long clip composé de phrases élogieuses et morcelées. Frank Miller connaissait déjà sa destinée à 5 ans, Frank Miller va bouleverser l'univers du cinéma etc... Dommage de vulgariser autant le propos lorsqu'il y a tant de choses à dire sur l'auteur/dessinateur.
Les coulisses (5min50) :
Un peu vain et sans aucune utilité compte tenu des autres bonus, cette featurette commerciale ne nous apprend strictement rien sur le tournage de 300. Quelques images volées de ci, de là, des interviews complaisantes et une satisfaction générale vendent le film un peu trop tard. Vite oublié.
Le Tournage en images (3min40) :
Pas plus enrichissant que le module précédent mais plus honnête, cette vidéo est en réalité un assemblage de photos numériques prises durant le tournage. Certes, la rapidité à laquelle les clichés défilent ne nous laisse pas totalement le temps d'en profiter (mais la touche pause sert à ça), mais nous pouvons tout de même découvrir la conception un peu sommaire du plateau de tournage et ses murs peinturlurés de bleu...
Web épisodes (38min09) :
Paradoxalement, c'est l'outil commercial de base qui se montrera le plus complet et le plus intéressant de tous les suppléments vidéos. Il s'agit en outre d'une compilation regroupant 12 modules proposés sur Internet durant la production du film, et qui mis bout à bout forment un making of plutôt honnête et couvrant une grosse partie de la conception de 300. Ces modules livrent bon nombre des secrets de cette fresque imagée en matière de bricolage numérique pour transformer un hangar en une dangereuse côte méditerranéenne. On y découvrira également la conception de certains monstres du film, des éléments du décor, ou encore de l'entraînement physique des acteurs comme de la chorégraphie des combats à laquelle ils ont tous participé. Notons enfin que les 12 parties sont visibles d'une traite, ou indépendamment.
Scènes inédites (3min20) :
Courtes et réduites en nombre, ces deux scènes coupées méritent néanmoins le détour. Introduites par Zack Snyder qui nous explique les raisons de leurs suppressions, elles dévoilent une intrigue secondaire à propos d'Ephialtès et son suicide raté mais surtout un combat un peu excessif, mais que l'on aurait aimé retrouver dans le montage final. On y découvre les Spartiates affrontant des géants avec des archers nains sur le dos.