Voilà la grosse déception de cette édition. L'éditeur semble mettre toute la volonté du monde à offrir au film d'Anderson un encodage AVC de la meilleure tenue possible (on grimpe à 37 mégas à la seconde, chose tellement rare), quitte à écrabouiller les nombreuses pistes son offertes en sus, mais on semble avoir oublié l'essentiel. Le master n'est clairement plus tout neuf, et les quelques défauts déjà voyants sur la précédente édition DVD collector nous sautent ici au visage. On n'ira pas jusqu'à dire que c'est laid, mais rien ne justifie la supériorité de ce disque par rapport au DVD... Et oui, une simple sensation de disque standard upscallé, puisque la définition millimétrique tant espérée ne fait son effet qu'à de très rares occasions. Aucun véritable piqué pour une copie qui n'a plus été retravaillée depuis un certain nombre d'années selon toute vraisemblance et de nombreux artefacts de pellicule sont à déplorer ici et là. Le fait que le film se déroule presque totalement dans le noir n'aide pas... Un objet finalement pas très utile.
Nos fameuses captures Haute Définition, accessibles d'un simple clic :
L'image nous calme, mais côté son il n'y a pas non plus de quoi sauter au plafond. En effet, Paramount impose un triste profil bas pour sa distribution en Europe et, à l'instar d'un Warner, bourre son disque un peu n'importe comment. Au final, seule la VO en Dolby True HD 5.1 peut prétendre à un spectacle honorable, riche en effets, en relief, et en utilisation savoureuse des graves, même si le Blu-Ray nous a habitués à des choses bien plus musclées. Ceux qui préfereront la version française devront se contenter d'un timide Dolby Digital 5.1 un peu old school, comme à la bonne vieille époque du DVD, qui mise bien évidemment un ton en dessous. Mais le plus effarant dans cette histoire, c'est que le DVD proposait une piste DTS française autrement plus puissante que ce que l'on trouve ici. Cherchez l'erreur...
Commentaire audio :
Parce qu'ils sont restés toujours aussi jeunes dans leurs têtes (ils avaient à peine 30 ans lorsqu'ils ont conçu Event Horizon), Paul Anderson et son producteur Jeremy Bolt signent un commentaire particulièrement jovial où l'on essaye les échanges de bons mots, désamorçajt un tant soit peu le sérieux du film ainsi que certains de ses défauts. Sérieux, c'est toutefois l'état d'esprit du réalisateur bien décidé à dévoiler un maximum de choses sur son film mais qui redouble de malchance. En effet, on se souvient que sur le commentaire de Resident Evil, ce dernier ne pouvait pas en placer une à cause d'une Milla Jovovich en prise avec quelques substances qui font rire, et il trouve avec son producteur un partenaire qui ne sait plus s'arrêter et gâche par moment la mine d'informations que reste Anderson malgré tout. On saura alors tout ou presque sur la fabrication du film, qu'il s'agisse de la conception des costumes, de la direction des acteurs, des effets spéciaux ou des décors en soulignant précisément à chaque fois quelles étaient les intentions de départ. Presque complet ? C'est bien là que réside le problème de cette édition qui souffre d'un petit déséquilibre entre le contenu du commentaire et celui du second disque.
Making of (1h43) :
Notons tout d'abord qu'il ne s'agit pas d'un making of au sens propre du terme comme nous avons l'habitude d'en découvrir sur des films si jeunes (neuf ans au compteur seulement), mais une lourde rétrospective avec assez peu d'images d'archives, composée d'interviews essentiellement menées par Paul Anderson et son producteur et Jeremy Bolt, déjà présents sur le commentaire audio. Et c'est bien là problème puisque l'interactivité souffre d'une grosse redite où anecdotes et secrets de fabrication sont évoqués avec des termes identiques, que l'on s'intéresse au commentaire ou au documentaire, sans qu'un véritable tri ait été effectué. Néanmoins, c'est assurément ce making of qu'il faut suivre, et préférer sacrifier le commentaire puisque celui-ci étant plus long que le film, on y condense pourtant tout ce qu'il faut savoir dessus. Mieux encore, l'attitude anémiante du producteur sur le commentaire laisse place à de vraies réflexions. Accompagnés par moment par l'acteur anglais Jason Issacs, ainsi que de quelques interventions des techniciens des effets spéciaux et visuels, les deux compères retracent l'incroyable aventure de Event Horizon à travers cinq chapitres distincts : la naissance du projet, où il sera question des nombreuses modifications du scénario - il n'était pas question de fantômes, mais d'extraterrestres à la base. Le choix des acteurs, majoritairement justifié par le tournage intégral en Angleterre et où l'on aura droit à de vifs éloges sur les différents membres de l'équipage. La conception esthétique et surtout infernale/gore du film avec toute la complexité du tournage avec des câbles. Et enfin quelques explications sur l'utilisation des prothèses et des effets visuels bien que l'on regrette amèrement qu'aucune vidéo de démonstration ne soit fournie. Mais on retiendra surtout de ce documentaire le chapitre réservé à la post-production, puisque outre le travail effectué sur la bande originale, on s'intéressera surtout aux nombreuses difficultés endurées par Anderson sur le montage, à chaque fois forcé par le studio et par les projections-tests à charcuter son film jusqu'à lui faire perdre 40 minutes et obtenir un résultat qu'il avoue lui-même ne pas totalement apprécier à sa juste valeur. Une raison supplémentaire de constater l'imperfection d'un film sympathique, mais aussi d'écouter un personnage malheureusement plus intéressant que ses propres films.
Le point de non-retour (8min17)
Voici le genre de chose qui fait plaisir, malgré la brièveté du documentaire puisque si le making of principal ne proposait pas vraiment d'images de tournage, Paul Anderson dévoile ici quelques morceaux choisis de ce qui s'apparente à un petit journal de tournage. Quelques petites séquences tournées en vidéo dévoilent ainsi la conception du trucage de la boule de feu, le treuillage des comédiens par leurs câbles ou tout simplement la préparation des comédiens. Commentant lui-même ce module, Anderson se hasardera même à dévoiler son anniversaire fêté sur le plateau en précisant que ça n'intéressera que sa mère.
Trous noirs (10min04) :
De version longue il en sera ici question puisque c'est sur ces rushes de scènes coupées que Paul Anderson répondra enfin aux interrogations sous forme de commentaire. Oui il existait une version longue. Et non, on ne la verra jamais puisque loin de l'optique DVD à l'époque, tout ce qui n'a pas servi a disparu, bien que nous retrouvions ici un petit bricolage effectué pour cette édition afin de redonner vie à trois séquences inédites. Si la première présentant l'affectation du personnage de Sam Neil à la mission avant d'embarquer avec les autres ne sert par à grand-chose, tout le reste n'est effectivement qu'hémoglobine. Un final essentiellement rallongé avec des images vidéo du carnage en enfer, bien plus poussif que la fameuse orgie diffusée sur les écrans de contrôle, une exposition plus longue du cadavre de Jason Issacs totalement éventré mais surtout la possession grandement évidente de Sam Neil lorsqu'il poursuit les derniers survivants en descendant une échelle la tête vers le bas. Un clin d'oeil ouvertement assumé par le réalisateur à la version longue de L'Exorciste.
Event Horizon inédit (6min50)
Ce segment se concentre sur quelques dessins de productions. Loin d'être de bêtes galeries, il s'agit d'une part d'un story-board d'une scène coupée (2min57) qui aurait dû servir d'introduction et durant lequel on découvrait l'équipage en pleine mission de sauvetage ; et ensuite d'une vidéo dévoilant à travers les dessins de conception (3min53) quelques images assez glaciales. Les deux vidéos sont à chaque fois commentées par le réalisateur.
L'interactivité s'achève par la bande annonce du film en HD.