Spécial Halloween : Le Top Nanar de L'Horreur
Le 31/10/2009 à 15:06Par La Rédaction
Comme la rédaction comporte beaucoup d'amateurs du genre, il aurait été facile de vous présenter notre top de films d'horreur. Peut-être par esprit de contradiction ou par pure perversion, nous avons décidé de vous proposer plutôt notre top nanar de l'horreur, soit les films qui nous ont affligés au point de nous faire quitter la salle ou au contraire de nous provoquer des éclats de rire, voire un certain plaisir coupable...
Le nanar d'Elodie Leroy : KRAI THONG
En 2001, la Thaïlande ne nous a pas seulement offert Bang Rajan mais aussi quelques productions un peu moins glorieuses. Comme Krai Thong, pour en citer une au hasard. Enfin pas tout à fait au hasard puisque ce film d'horreur dégénéré signé Suthat Intaranupakorn (faut-il citer son nom?) nous provoque encore des barres de rire rien qu'à l'évocation de certaines scènes. Nanar fauché comme les blés, "écrit" en état d'ébriété, filmé et monté avec les pieds, Krai Thong est enjolivé par un jeu d'acteurs d'un amateurisme hilarant et par une direction artistique qui ferait passer le téléfilm américain Snake Island pour un chef d'œuvre. Cette histoire de crocodile tueur qui s'en prend à de pauvres villageois en pleine forêt mise sur des scènes de tuerie d'une indigence monumentale marquées par la récurrence de plans subjectifs déformants cadrés sur des jambes prenant la fuite et vues à travers les yeux de la bestiole - qui aime surtout croquer de la jeune fille en fleur (justement, la gent féminine se résume à cela dans ce village paradisiaque, ils en ont tout un élevage). Acteur vedette de l'époque souvent pris dans le rôle du bellâtre de service, Winai Kraibutr passe le plus clair de son temps à nager ou à combattre les créatures, le torse nu et bombé, quand il ne fait pas l'amour à toutes les femmes (humaines ou... crocodiles) dont il croise le chemin, parfois sous l'eau et toujours sur une musique de supermarché. La conclusion, d'une misogynie à se rouler parterre (de rire, évidemment), achève de faire de Krai Thong un nanar d'anthologie dans les règles de l'art. Et vous savez quoi ? Il y a un Krai Thong 2 !
> Voir la bande-annonce (vosta) de Krai Thong
Le nanar d'Arnaud Mangin : SHARKMAN
On s'éloigne sérieusement du grand écran pour les téléfilms bas de gamme, mais Sharkman fait partie de ces rares plaisirs bimestriels pour peu que l'on soit équipé de TNT et ses joyeuses rediffusions. En l'occurrence, il s'agit ici d'une déclinaison assez bordélique de L'Ile du Dr Moreau où Jeffrey Combs, encore un peu en mode Re-Animator, décide de massacrer les membres des autorités secrètes pour lesquelles il travaillait en les invitant sur son île diabolique où chacun se fera bouffer par un peu tout ce qui traîne. La plus belle pièce de son attraction étant le Sharkman, son propre fils à qui il a inoculé des gènes de requins pour le guérir du cancer. Car oui, les requins ont un truc dans la tête qui leur empêche de choper le cancer, comme c'était déjà très bien expliqué dans l'encyclopédique Peur Bleue de Renny Harlin. Le revers de la médaille, c'est que le jeune homme ressemble à s'y méprendre à un requin marteau, du moins sur la partie supérieure de son corps, et ne peut donc pas s'empêcher de croquer tout ce qui passe, sur terre comme sous l'eau. Mais comme sa partie inférieure est restée humaine, il cherche également à se reproduire. Dans sa maladresse, il fait souvent les deux en même temps...
Voilà le programme d'une zèderie moderne torchée à toute vitesse dans une forêt entourant Prague et qui n'a pas pu investir dans autre chose que l'incroyablement bedonnant William Forsythe (The Rock, Arizona Junior) pour camper l'action hero de l'histoire : un informaticien amoureux qui finira par raser l'île avec un hélicoptère armé d'une mitrailleuse lourde. Pas de dentelle - tant mieux - des effets spéciaux numériques d'une tordante nullité (le Sharkman en latex et celui en 3D semblent sortis de deux films différents) et autant de second rôles indigents comme on les aime, conçus pour mourir comme de la chair à canon et très souvent bêtement. On est en terrain connu, mais il était encore quasi inespéré de voir ça dans les années 2000.
Le nanar de Caroline Leroy : THE CAT
Le cinéma d'horreur de Hong Kong ne s'est jamais particulièrement illustré, et la situation n'a guère évolué malgré quelques tentatives plus ou moins sérieuses depuis une bonne dizaine d'années. Toutefois, l'industrie s'est rendue responsable au cours des glorieuses années 80/90 de quelques nanars proprement surréalistes au point de presque dépasser l'entendement humain. Nous voulons bien sûr parler de la fameuse catégorie III, classement rassemblant à peu près tout et n'importe quoi susceptible de choquer le public mainstream. Dans cette catégorie, le réalisateur Nam Lai Choi s'impose comme une personnalité incontournable, avec des oeuvres inoubliables telles que l'ultra violent Story of Ricky, le ridicule The Seventh Curse (crises de fou rire garanties) et surtout The Cat, son monument à ce jour.
Le cinéma de Hong Kong est connu pour mélanger les genres mais ce film pousse l'exercice très, très loin, jusqu'à noyer le spectateur dans la perplexité la plus totale. On y trouve de l'horreur, mais aussi du polar, du kung fu, de la science-fiction et un zeste d'érotisme (dans une piscine) qui arrive comme un cheveu sur la soupe pour parfaire le tableau. Côté scénario, ne cherchons même pas : le semblant d'intrigue rocambolesque semble avoir été écrit au fur et à mesure à plusieurs sans que personne ne soit au courant de ce que les autres ont couché sur le papier. Les scènes d'épouvante et d'horreur ne fonctionnent pas un seul instant tant elles s'appuient sur des ressorts naïfs, pour atteindre leur paroxysme lors de la révélation du véritable aspect du monstre, une sorte de gigantesque masse gluante et informe façon Tetsuo dans Akira, et qui se trouve n'être autre que le personnage de Philip Kwok lui-même (qui est aussi chorégraphe sur le film) après qu'il s'est fait avoir par les extra-terrestres.
Mais ce n'est pas tout, car The Cat est avant tout célèbre pour sa cultissime scène de combat animalier entre un chien policier et un chat noir chapardeur (qui s'avère être en réalité un noble général extra-terrestre) dans une casse la nuit. Une casse dans laquelle toutes les voitures épaves paraissent fonctionner très bien puisque le vilain chat n'hésite pas à actionner avec succès toutes les manettes possibles et imaginables pour piéger son adversaire, qu'il affronte dans un combat spectaculaire respectant tous les codes du film de kung fu. La scène est vue du point de vue du chien, dans une ambiance très film d'horreur (musique à l'appui) mettant à contribution tous les éléments du décor. Une scène d'anthologie hilarante qui vaut à elle seule de jeter un coup d'oeil à ce "film" complètement allumé.
>Voir l'extrait culte du combat entre chat et chien de The Cat
Le nanar d'Arnaud Cuirot : EVENT HORIZON, LE VAISSEAU DE L'AU-DELA
Quand notre bien-aimée rédactrice en chef adjointe nous a donné le thème de ce dossier, j'ai immédiatement pensé au plaisir coupable. Vous savez, le même genre de plaisir coupable que l'on ressent en craquant sur une fille que les autres trouvent moche quand on est au collège, ou en chevauchant une vieille mobylette à 18 ans ; dans tous les cas on est bien avec mais il ne faut surtout pas croiser les potes et se taper la honte. Bref, il est désormais temps pour moi de faire mon coming-out : oui j'ai bien aimé Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà. Pire, j'ai acheté le DVD. Arnaque scénaristique bourrée de poncifs, acteurs à la dérive, réalisation catastrophique, les raisons de jeter ce film à la poubelle sont nombreuses et toutes justifiées. Pourtant, quand après une dure journée de labeur je veux reposer mon cerveau et faire semblant de me faire peur, régulièrement mon doigt se pose sur le DVD d'Event Horizon. Saleté de doigt...
Le nanar de Pierre Delorme : la bande-annonce de BARRACUDA
Quel est mon nanar d'horreur préféré ? En voilà une bonne question ! Je peux répondre Martyrs ? Non. Tant pis... Bon alors ça va pas être facile étant donné que je ne suis déjà pas un grand connaisseur du cinéma d'horreur. Et oui, je l'avoue, je n'ai pas vu les ¾ de ce que la majorité des cinéphiles amateurs du "genre" considèrent comme des "classiques incontournables". J'arrive à confondre La dernière maison sur la gauche et La colline a des yeux, je serais infoutu de faire la différence entre le quatrième et le septième opus de Vendredi 13 et lorsque je parle de la Nuit des masques, j'évoque toujours le "terrible Mike Myers"(sic). Bref, niveau culture en cinéma qui fout la chocotte, il vaut pas tripette le père Delorme. Néanmoins, il reste intrigué par cette espèce de culte du nanar qui pousse parfois ses amis à rester debout toute la nuit pour s'enquiller une succession de bouses irregardables "parce que tu vois, c'est tellement mauvais que c'en est bon". Non, désolé les gars, c'est juste mauvais. Même avec une demi-bouteille de rouge dans le pif, ca reste le degré zéro du cinéma, mal joué, mal écrit, gorgé d'effets cheap et de dialogues pourris (il faudra d'ailleurs qu'on m'explique un jour pourquoi ces défauts, dans un slasher des années 80, c'est culte, alors que dans une production française, c'est honteux, c'est scandaleux, ca montre bien que le système de financement est fait à l'envers ceci cela ...). Si au moins ca faisait peur, à la rigueur, bon, je dirais pas non. Mais hélas, ces "plaisirs coupables" comme disent certains (expression que j'abhorre : soit on aime un film et on le défend, soit on ne l'aime pas, mais on ne dit pas "c'est nul de A à Z mais j'aime bien" car cela revient à ne pas assumer ses propres goûts), ces plaisirs coupables, disais-je, sont souvent moins effrayants qu'une comédie avec Elie Semoun. Bref, à chaque fois que je me suis retrouvé devant ce que l'on appelle un "nanar d'horreur", soit je me suis endormi, soit je me suis barré, soit j'ai appuyé sur stop. C'est pas mon truc, c'est tout. En fait, la seule chose que j'aime bien dans les nanars, c'est les bandes-annonces doublées en français. Parce que ça dure pas trois plombes et que ca résume l'essentiel. Et dans le genre, celle de Barracuda m'a toujours fait rire. Enjoy !
> Bande-annonce VF de Barracuda
Le nanar de Matthieu Conzales : BLOODY NEW YEAR
Pour tous ceux qui croient qu'il n'y a qu'à Halloween qu'il se passe des choses étranges, il faut revoir le dernier film du trublion britannique Norman J. Warren : Bloody New Year (Réveillon Sanglant). Là, six jeunes qui échouent en plein été sur une île semble-t-il déserte s'apprêtent, sans le savoir, à vivre le plus anachronique réveillon de toute leur vie... peut-être même le dernier.
Ersatz shiningien truffé de succulentes idées, Bloody New Year n'en demeure pas moins, au final, un film pudding légèrement indigeste. Si l'on pouvait s'attendre à une quelconque série B, un budget probablement plus effrayant que le film lui-même, un découpage qui n'aurait pas laissé Jean-Luc Godard de marbre (l'incroyable séquence de la fête foraine notamment) et des dialogues quasi-surréalistes (avec une mention spéciale pour la VF) finissent d'élever cet étonnant spectacle au rang délicieusement plus médiatique de nanar.
Mis à part quelques éclairs dispersés ça et là (les apparitions du pilote restant sans doute parmi les plus mémorables), le regarder sciemment tient effectivement plus de l'auto-flagellation cinéphagique que du péché mignon. Vous reconnaîtrez dans cet aveu une belle entreprise critique. C'est que l'analyse véritable de l'objet, pour être pertinente, passe indubitablement par l'analyse du sujet. En effet, connaître l'œil qui regarde permet de mieux appréhender la portée de ce regard. Ainsi, force est de reconnaître que, sadiques quelquefois dans l'expression de notre jugement, nous n'en demeurons pas moins masochistes dans nos attentes, parfois inavouables, de spectateur. On vous aura prévenus...