FilmsActu.com
On ne le répètera jamais assez : la vocation première de la haute définition - et plus particulièrement du support Blu-Ray - ne consiste pas à améliorer ou rendre meilleure la qualité de l'image d'un film, mais à la restituer au maximum telle que l'ont souhaitée ses créateurs. Par conséquent, le disque consacré à La Guerre des mondes est une réussite implacalble. Ceux pour qui cette technologie ne serait destinée qu'à proposer des images totalement lisses seront forcément déçus : Janusz Kaminski signe ici l'une de ses photographies les plus agressives (plus que celle d'Il Faut Sauver le Soldat Ryan et moins esthétisée que celle de Minority Report) où les brûlures de blanc, les jeux d'exposition qui malmènent parfois les contrastes, les flous artistiques et surtout un grain très prononcé règnent en maitre. Une démarche graphique qui ne remet pas en cause le disque puisque si dans de telles conditions, la copie ne dispose pas d'un relief particulier (ce n'est pas Avatar, quoi), la HD dispose en tout cas d'un encodage qui permet d'éviter les nombreuses embuches de compression que pourrait poser une telle texture (même si à l'époque le DVD s'en était déjà admirablement bien tiré) et un piqué plus évident. C'est notamment sur les séquences diurnes que les détails se font plus existants (le grand pont métallique non loin duquel vit la famille de Tom Cruise) ou tout simplement sur la multitude d'étoile qui sert de fond au générique de fin. . Une image particulière, mais mettant une en valeur une photographie belle et aboutie.
Retrouvez nos captures Blu-Ray en Full HD (1080p) :
Quand on pense à Spielberg, Paramount et au Blu-Ray, on ne peut pas ne pas penser à l'objet exceptionnel qu'était Il Faut Sauver le Soldat Ryan. On n'espérait pas particulièrement retrouver quelque chose de similaire en insérant le disque de La Guerre des mondes dans notre platine, mais le spectacle nous a vite rattrapés à l'ordre puisque le film de Steven Spielberg se catapulte rapidement comme une démo de premier ordre à la richesse sonore tout bonnement stupéfiante. Une fois encore, c'est en se rendant du côté de la VO DTS HD Master Audio 5.1 que l'on prend conscience du travail accompli. Outre une charte sonore artistique qui confine au film d'horreur (les sirènes des tripodes, la première apparition, les deux scènes de cave), on se retrouve surtout au cœur d'un déferlement technique à la fois très vivace dans son déchainement et habile dans la restitution de ses effets. Malgré son côté très soutenu (et particulièrement par le canal des graves en suractivité) le mixage n'est jamais assourdissant et cherche avant tout un enveloppement d'une terrible efficacité. Le film dans toute son intégralité peut servir d'exemple. Evidemment, Paramount oblige, les allergiques à la langue de Shakespeare devront se rabattre sur une VF Dolby Digital 5.1 qui se débrouille comme elle peut pour maintenir la cadence, mais qui ne fait pas le poids une seule seconde face à la VO, que ce soit sur la clarté, la puissance ou la dynamique générale.
L'invasion revisitée (7min40) :
Premier des quatre modules servant de chapitre sur la pré-production et surtout de longue introduction à l'interactivité générale de ce second disque. La parole sera essentiellement donnée à Steven Spielberg, le scénariste David Koepp et à Tom Cruise qui se démarquera surtout en tapant amicalement sur l'épaule de tout le monde tout le long des suppléments. Chacun reviendra sur les origines du projet, la volonté de ne pas basculer dans les clichés grossiers du genre (sans citer Independance Day, on nous fait comprendre que le film était crétin) et le sens que prend l'histoire de La Guerre des Mondes après le 11 septembre.
Le legs de H.G Wells (6min36) :
Ce documentaire continue à survoler les origines du film en se penchant sur le célèbre auteur sans qui La Guerre des mondes n'aurait jamais existé. Outre un retour sur la fameuse blague radiophonique de Orson Welles (qui généra une sacré panique aux Etats-Unis), ce sera également l'occasion de découvrir la présence du petit fils et de l'arrière petit fils de l'écrivain présents sur le tournage, l'ensemble renchéri par une pertinente analyse du personnage par Spielberg.
La Guerre des mondes revue par Steven Spielebrg (8min01) :
Retour rapide sur le film original de 1963 servant ici de prétexte à souligner l'apparition des personnages principaux dans deux petits rôles à la fin du remake de Spielberg. Intervention obligée de Gene Barry et Ann Robinson. Tout le monde est content de participer au projet, cela va de soit, et l'on découvrira par ailleurs que ET propose l'espace d'un plan un hommage avant l'heure à ce film qui a bercé l'enfance du réalisateur.
Personnages : Le noyau familial (13min22) :
Ne comptons pas sur ce bonus pour entendre Spielberg déballer tout de go ses propres complexes qui le poussent à situer chacune de ses histoires dans des familles déconstruites, ses films parlent suffisamment pour lui. Section introduction oblige, il s'agira surtout ici de présenter les acteurs et les personnages principaux dans un florilège d'éloges ici justifiés. Et pour l'anecdote, Miranda Otto est réellement enceinte dans le film, et Tom Cruise a lui-même demandé à jouer un père.
Pre-visualisation (7min43) :
Exercice classique de préproduction bien connu des dvdphages, on découvre ici Spielberg qui cède au célèbre story-board animé en s'installant tranquillement dans bureau de ILM pour analyser avec ses techniciens la façon dont ses plans à grands spectacles seront conçu. Un documentaire qui ne tire son originalité que dans ses images montrant un Spielberg découvrant cette technologie de storyboards animés, et se montre intéressant et assez complet pour qui ne sait pas ce qu'est la "prévisulasation"...
Journal de production (92min env) :
Les choses sérieuses commencent réellement puisque après les petites sections illustrant les origines du projet, la seconde page du menu donne lieu au vrai making of principal ici réparti sur quatre documentaires d'environ 20 à 25 minutes chacun (Côte Est/début, côte Est/exil, côte ouest/ destruction, côte ouest/destruction). Une bonne occasion de découvrir le tournage marathon d'un film conçu en six mois, des premières ébauches jusqu'au dernier clap sur les quatre coins des Etats-Unis, et dans tous les studios possibles. Au fil des semaines ce sont la Fox, Universal Paramount et Sony qui prêteront tour à tour leurs studio pour les besoins du tournage de séquences à grande échelle que le réalisateur mit un point d'honneur à boucler le plus rapidement possible pour permettre à ILM de gagner du temps sur l'incrustation des nombreux éléments en 3D et maquettes diverses. Démonstration à l'appui.
Les amoureux de mise en scène pure trouverons une occasion de découvrir le réalisateur au travail sur le plateau, guidant avec précision les nombreux figurants sur les séquences de paniques conçues pour la plupart à échelle réelle. Qu'il s'agisse du carrefour (le vrai), des plaines envahies par les marines (des vrais aussi), du bassin, du site du crash où un véritable 747 fut acheté et désossé par la production, de la fameuse herbe ensanglantée, ou du coeur d'un tripode où les héros sont retenus prisonnier : les séquences les plus spectaculaires n'auront plus aucun secret pour nous. Compte rendu d'une production incroyablement expédiée à vitesse grand V (Spielberg ne chôme pas et ce journal de production le confirme) et proposé ici dans l'ordre chronologique du tournage, jour après jour. De loin le supplément incontournable de cette édition.
La design de l'ennemi : Tripodes et extra-terrestres (14min08) :
Court module entamant le troisième menu dédié à la post production et s'intéressant aux effets spéciaux du film. Comme son l'indique, il y sera grandement question des aliens et de leurs impressionnants modes de transports avec dessins et animations 3D à l'appui. La plupart des autres effets spéciaux du film sont analysés dans le journal de production même, mais on regrettera grandement qu'aucune explication ne soit donnée sur la conception du spectaculaire plan séquence de la fuite en voiture même si une image au détour du journal de production nous dévoilait la voiture sur fond vert.
La bande originale de La guerre des mondes (11min58) :
Outre la destruction de vraies carcasses de voiture organisée pour les effets sonores de la première attaque, on nous explique que bon nombre des effets sonores des films sont en fait des effets musicaux avec une utilisation massive des coeurs, quasi indécelables à l'écoute du film. Bien entendu, John Williams se montre un passionnant orateur, et la caméra nous dévoile les coulisses de certains moments de sa composition (sa première avec Spielberg... sans qu'il ait vu l'intégralité du film).
Nous ne sommes pas seuls (3min16) :
Un peu léger, ce documentaire n'est en fait qu'une conclusion d'une minute de tous les bonus précédents et qui analyse brièvement l'évolution des extra-terrestres dans la filmographie de Steven Spielberg. Le reste n'est que générique de fin.
Au final, cette édition propose un joli nombre de suppléments portés par des interviews intéressantes et des images de tournage sans aucune pudeur. Ce dernier point était jusqu'à ce jour ce que nous reprochions le plus aux bonus crées par Laurent Bouzereau sur les derniers films de Steven Spielberg, et ne pouvait trouver meilleur film que La Guerre des Mondes et son tournage express pour être réparé. On pourra toujours déplorer que certains points ne soient pas abordés ou plus approfondis, mais l'ensemble se montre étonnamment exhaustif et redonne un sens aux bonus en étant passionnants de bout en bout. L'ensemble étant achevé par une galerie de croquis de production absolument superbes...
