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En jetant respectivement un coup d'œil sur le premier disque puis immédiatement sur le second, on constate que ce petit coffret L'Exorciste n'est pas tant une édition spéciale ou collector à part entière, mais bien la réunification de deux éditions bien distinctes où l'on peut regarder le film de William Friedkin dans des conditions techniques radicalement différentes. Chacune avec ses lacunes et ses atouts, ses parti pris et sa nostalgie. Qu'il s'agisse du son comme de l'image, les deux disques nécessitent d'être évaluer différemment :
Blu-Ray 1 : 3/5 (Director's cut)
Le Director's cut dispose d'un master retravaillé à partir de la copie d'origine en 2000, lors de sa ressortie sur les écrans du monde entier. Un remastering datant donc de 10 ans, consacré à un film tourné en 1973, pas forcément approprié à l'exploitation vidéo Haute Définition telle que nous la connaissons aujourd'hui. Et en l'état, la copie proposée sur ce premier disque est un peu moins réussie que celle du second. Si les premières minutes du film en Irak ne posent encore aucun problème, le reste de l'histoire affiche ce qui restera l'inconvénient de cette copie : la gestion des niveaux qui, sans être catastrophique, pique parfois les yeux. Assombrissant et bruité, le master impose ses lacunes lors des plans jouant avec les atmosphères ténébreuses. Soit une bonne partie du film. Mais le plus gênant dans cette restitution, c'est l'accroissement des zones noires et leurs nuances fourmillantes qui, à force d'être trop assombries, rendent invisibles certains détails de l'image. Chose d'autant plus regrettable que le Blu-Ray dispose d'un piqué d'une grande noblesse compte tenu de l'âge du film et se montre même remarquable dans les séquences lumineuses. Comme les dix premières minutes, particulièrement précises jusqu'au moindre gros plan.
Blu-Ray 2 : 4/5 (Montage original)
On aurait pu considérer les défauts du premier disque comme quelque chose d'imputable à la copie originale du film, mais cette seconde galette, proposant le montage salle d'origine, démontre le contraire d'une façon plus évidente. La force de ce second disque, c'est qu'il a bénéficié d'une remasterisation encore différente, à partir des copies d'origines, celles n'étant pas passées par le remontage de 2000. Si l'age du film est bien évidemment décelable, son traitement est soudainement plus naturel. Ca fourmille nettement moins, les noirs sont autrement plus équilibrées (le plan mythique du film de Max Von Sydow sous le réverbère) et surtout, surtout, les détails barbouillés de noir dans le Director's sont à nouveaux apparents. Voilà qui fait de ce disque celui qui s'impose comme le seul qu'il faut regarder pour constater à quel point le film de Friedkin peut être à la hauteur du format Blu-Ray. Surtout que, là aussi, la HD permet de profiter d'un certain piqué de belle tenue, assez extraordinaire pour un film de 38 ans, imposant des détails et des couleurs naturelles assez inespérés sur un pareil titre.
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Ici, c'est un sacré bloubiboulga qui fait que, les amateurs de HD qui veulent une superbe image et un son démonstratif ne seront pas contentés puisque le disque avec la mauvaise copie dispose d'une écoute immersive du tonnerre et inversement. En revanche, les puristes s'y retrouveront sans le moindre doute : Le film de 2000 s'adresse à son public moderne et celui de 1973 restitue son charme d'origine :
Blu-Ray 1 : 4/5
On avait déjà pu le constater en salle comme en DVD il y a 10 ans, surtout que le studio s'en était fièrement vanté et l'avait usé comme argument commercial, le film s'est offert une remasterisation 5.1 EX incroyablement spectaculaire et n'ayant pas dénaturé l'œuvre pour autant. La VO nous propose ce même mixage en DTS HD Master Audio 6.1 et l'expérience s'impose comme ébouriffante ici. Un enveloppement absolu, disposant de l'ensemble des canaux avec véhémence qui use de la scène avant comme surround de façon jouissive. La musique respire, le cadre stéréo impose un relief vraiment naturel (l'introduction archéologique), les basses sont à la fête (la séquence dans le métro, les manifestation satanique), accompagnées par une scène arrière aux balances ciselées à foison. Epatant. Il y a deux versions françaises... Une québécoise et une vraie VF même si ce n'est pas la VF que tout le monde à connu pendant des années, mais un nouveau doublage de 2010 destiné à profiter du multicanal. Car elle est proposée dans un Dolby digital 5.1 plutôt efficace (le mixage est approximativement le même que sur la VO) même si cet encodage standard n'arrive pas du tout à la cheville du DTS HD de la piste anglaise. Une VO qui s'impose ici, de toute façon...
Blu-Ray 2 : 3/5
Ici c'est beaucoup plus sage. Moins superficiel diront certains, mais il est effectivement agréable de constater que l'éditeur n'a pas seulement répondu aux sirènes de la modernité et permet également aux fans du film original de le redécouvrir avec fidélité. Certes, la VO est proposée en DTS HD Master audio 5.1, mais il ne s'agit en rien du mixage que l'on retrouve sur le premier disque, l'essentiel de la vie du film étant localisé sur les avants, dans quelque chose qui vouvoie presque le monophonique. Dans ses meilleurs élans, on bascule dans le Pro-Logic mais, même si tous les canaux sont utilisés, leur homogénéité en fait quelque chose de presque muet. Il y a une VF et, alléluia, il s'agit de la vraie VF, le doublage original dont la qualité artistique est incontestable. En revanche, elle est en mono Dolby Digital 1.0 qui nécessitera que l'on élève un peu le volume. Mais cette dernière reste épurée, claire et entretient une vraie part de nostalgie.
Le choix est plus que multiple sur un plan technique et il en est tout autant au rayon de l'interactivité, pour le plus grand bonheur des cinéphiles. Là encore, on a l'impression d'assister à l'unification de deux éditions distinctes puisque chacune des versions dispose de bonus qui lui sont propres et cohérents.
Evoquons d'abord la présence de trois Commentaires audio répartis sur les deux disques. William Friedkin en ayant enregistré un sur chacune des deux versions tandis que William Peter Blatty, auteur du roman original et scénariste, se penche sur le montage original. Paradoxalement celui qu'il aime le moins. L'Ecoute est particulière en ce sens que, d'une version à l'autre, William Friedkin se répète forcément (parfois les propos sont identiques à l'image près) mais distille parfois des informations différentes. Les anecdotes sont légions, les informations sur le tournage également, ainsi que la volonté du réalisateur de démentir les nombreuses mauvais échos ayant été évoqués quand aux conditions de tournage. Pour les maniaques et fans absolu du film, il faudra donc écouter les deux, même si le commentaire du montage original semble un peu récité, ou aidé par la lectures de notes, tant la rupture d'un sujet à l'autre est palpable. Le commentaire de la version de 2000 est déjà plus spontanée et le cinéaste s'explique sur les différences d'une version à l'autre. Le commentaire de Blatty, quand à lui, s'intéresse plus aux thèmes évoqués par le film (croyances, diverses, le bien, le mal, etc) que par l'œuvre elle-même. Comme toujours chez Warner, aucun sous-titre français n'est disponible.
Blu-Ray 1
Trois nouveaux documentaires, réalisés spécialement pour cette édition Blu-Ray, sont proposés ici. Si l'on fera vite l'impasse sur Les extérieurs de L'Exorciste (8min30) qui s'attarde beaucoup trop sur l'envie de tourner le film et de situer son intrigue à Georgetown pour le charme de son atmosphère et ses architecture, Faire une scène : Filmer L'Exorciste (30min03) a déjà bien plus d'intérêt. Un rétrospective intéressante et frustrante à la fois. Frustrante parce qu'on a l'impression de voir le morceau d'un making of plus long et plus complet dont il manquerait des bouts, trop sélective dans les sujets abordés. Intéressante parce qu'il y sera question de trois ou quatre points majeurs mais vraiment développés. Friedkin, Blatty, leur producteur ainsi que Linda Blair se penchent essentiellement sur la conception technique de quelques séquences, accompagnée d'image d'archives inédites dévoilant le tournage dans qu'il pouvait avoir de plus acrobatique et tortueux. Le vrai regret repose donc sur le fait que toute l'histoire de la conception du film n'y soit pas traité de la même façon. On notera enfin la présence de Les différentes versions (9min52), un module inédit expliquant pourquoi certaines séquences furent coupées à l'époque et pourquoi certaines ont été réintégrées en 2000. En bonus, de nombreuses images de scènes coupées inédites font partie du module.
On retrouvera les éléments promotionnels déjà proposés sur le DVD de 2001, à savoir 2 bandes annonces, 3 Spots TV et 2 spots radio.
Blu-Ray 2
Outre les commentaires audio évoqués plus haut, le principal bonus de ce second disque s'intitule Peur de Dieu (1h17), un documentaire plus très frais puisqu'il date de 1998, réalisé pour la télévision à l'occasion des 25 ans du film. Une rétrospective un peu théâtralisée pour le cadre télévisuel certes, mais qui s'impose malgré tout comme un making of des plus honorables, riche en information, exhaustif sur sa durée et disposant de nombreux intervenants, dont la majorité des acteurs du film. On appréciera plus particulièrement la franchise générale puisque personne ne se retient pour établir quel tortionnaire physique était William Friedkin sur le tournage : pour les besoin du film, il n'a pas hésité à gifler certains de ses collaborateurs, tirer avec des vraies armes à feu pour peser l'ambiance ou même envoyer l'une de ses actrices principales à l'hôpital... Les désaccords sont mis en avant, les nombreux mystères entourant la fabrication du film également (9 personnes associées au film sont mortes durant sa conception, même si tempérés par un Max Von Sydow très pragmatique. Un documentaire un peu moins dans l'air du temps, mais dont le contenu demeure précieux.
Nous retrouvons également une très amusante Interview de William Friedkin et William Peter Blatty (9min02) dont le principal défaut est sa courte durée. Les deux hommes se remémorent une collaboration parfois houleuse mais avec humour, évoquant le concept de director's cut et de retouches (puisqu'elle a été enregistrée lors de la sortie en 2000). Mais neuf minutes, c'est bien évidemment trop court... Ajoutons à cela une vidéo dévoilant les Croquis et Story-boards (2min45), la Fin originale (1min42) qui fait désormais partie du director's cut disponible sur le premier disque, Trois bandes annonces et quatre spots TV.
