Voilà un disque qui impose le respect. D'abord parce qu'à titre artistique, Steven Spielberg et son chef opérateur Janusz Kaminski ont livré avec Minority Report un univers qui possède une véritable texture graphique de cinéma, souvent complexe et n'ayant pas peur d'être rude. Ensuite, parce que les techniciens en charge du nouveau master mis en place spécialement pour ce Blu-Ray (supervisé en plus par Kaminski en personne) sont restés en tout point fidèle à cette volonté de proposer un film granuleux, parfois sec et bien loin des lissages intempestifs et presque maladroits qu'on peut trouver parfois sur ce format et dans le genre en lui-même. En gros, on est à des années lumière d'un film comme I, Robot, par exemple. Le résultat s'impose comme la démonstration parfaite de ce que peut offrir la haute définition : la restitution d'une œuvre comme ses auteurs ont cherché à la proposer et non l'un de ces films qui servent à régler son téléviseur.
Forcément, la ''vie'' argentique de la copie proposée ici pourra interpeler le spectateur ne jurant que par les couches uniformes. Du grain, oui, parfois appuyé et même quelques léger artefacts de pellicule (plus voyants dans la dernière bobine qui lorgne bien moins sur la photographie froide et métallisée du reste du métrage) mais il est inutile de nier l'évidence : avec son nouveau master tiré d'un transfert 4K, le Blu-Ray de Minority Report demeure à ce jour le meilleur moyen de regarder le film. Couvert en plus par notre HD chérie qui respecte à la fois le ton rugueux évoqué plus haut et une finesse de trait comme de contraste qui n'ont pas à le faire rougir face aux nouveaux standards. La charte graphique, baignant dans une lueur froide, est aidée par une gestion des couleurs qui rendent en tout point honneur au film. Nous voilà de toute évidence devant la meilleure présentation de ce film à ce jour.
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Les oreilles ne sont pas mal servies et nous n'en attendions franchement pas moins. Comme à son habitude, Fox fait dans le démonstratif de rigueur pour mettre à mal les relations de voisinage. En l'occurrence du côté de la version originale, appuyée par un DTS HD Master audio 5.1 très costaud (l'encodage descend rarement sous la barre des 4 mégas à la seconde) qui couvre un mixage percutant, sans être criard pour autant. C'est essentiellement la scène avant qui bénéficie d'un relief palpable et sert non seulement tout le plaisir multicanal que l'on peut attendre d'un pareil film (basses et surrounds à la foire dans les scènes d'action ou lorsque l'ingénierie et les pancartes publicitaires prennent vie) mais également la composition de John Williams qui utilise habilement les possibilités des balances d'un tel équipement.
Peut-être un mal pour un bien, histoire de ne pas trop charger le disque, la version française n'écope que d'un DTS mi-débit dont la dynamique et la clarté sont bien évidemment moins évidente, mais qui fait néanmoins honorablement son travail.
Comme pour la plupart des rééditions de ses titres forts en Blu-Ray, Fox soigne non seulement l'aspect technique mais en profite pour proposer de nouveaux bonus. Non pas que Minority Report en ait particulièrement besoin, son édition collector de 2003 étant déjà plutôt fournie, mais on ne rejette pas un cadeau... malgré un intérêt global plutôt relatif.
Le meilleur et le plus inventif d'entre eux est Le Futur selon Steven Spielberg (34min01). Une interview réalisée par Laurent Bouzereau avant la sortie du film, mais qui n'avait été que partiellement exploitée dans les anciens bonus. Proposée en HD, cette dernière trouve bien évidemment son intérêt en la personne interrogée. Plus d'une demi-heure avec Spielberg, ce n'est pas rien et ça compense surtout l'inexorable absence de commentaire audio (le cinéaste n'en a jamais enregistré), puisque les sujets forts du film y sont évoqués d'une façon complète. Et puis il y a le bonus dans le bonus. En effet, l'entretien est interactif et permet d'y greffer, via des onglets sur le côté de l'écran, d'autres éléments comme des dessins, des photos ou d'autres morceaux d'interviews. Le problème, c'est qu'aussi audacieuse soit-elle, cette fonction rend le supplément ingérable. En voulant tout regarder, on passerait son temps à manipuler la télécommande toutes les 20 secondes, à jongler d'un onglet à l'autre, à revenir en arrière... en ne prêtant plus la moindre attention à Spielberg ! Les vidéos en question étant présentes de toute façon dans les autres suppléments, il vaut mieux ne pas y toucher.
Les modules suivants reposent essentiellement en une mise à jour de ce que ceux de 2003 proposaient déjà. "Philip K. Dick, Steven Spielberg et Minority Report" (14min15) évoque l'évolution sur l'histoire à travers les regards de l'auteur et du cinéaste. Le témoignage le plus intéressant étant celui de la fille de l'écrivain, dévoilant ce dernier sous un jour nouveau. Le futur réalisé (6min19) et La publicité du futur (3min52) appuie le réalisme de la technologie du film et les fortes probabilités que de nombreux éléments ont déjà commencé à faire partie intégrante de note vie. Gadgets et démonstration à l'appui. Et pour rester dans l'accessoire, Les objets du futur (9min40) laisse la parole à l'un des designers qui nous propose de redécouvrir certains objets qu'il a conservé en souvenir. Outre "A l'intérieur du monde du Precrime" (10min08) qui se sert strictement à rien excepté raconter le principe même du film ainsi que deux Previz (3min47), la dernière nouveauté repose sur deux mini-reportages Sur le plateau (8min57) particulièrement réjouissants, puisque c'est un bonheur de voir Spielberg au travail, mais malheureusement beaucoup trop court.
Les bonus suivants sont ceux déjà proposés sur l'édition DVD de 2003 et demeurent finalement les plus intéressants de tout le disque. L'essentiel était déjà évoqué à l'époque et l'on ne peut que se réjouir que Fox nous les propose ici. En l'état, on peut les considérer comme un grand making of divisé en quatre grand axes (l'écriture, l'univers du film, les cascades et les effets spéciaux) accompagnés d'une petite conclusion.
Proposé lui-même en deux chapitres consacrés aux origines du projet et aux acteurs, De l'histoire à l'écran (19min en tout) nous rappelle d'abord que le film est la première collaboration entre Steven Spielberg et Tom Cruise en plus de s'intéresser au paradoxe que constitue le postulat du film : faut-il punir les gens qui n'ont encore rien fait ? Rentrant plus clairement dans le vif du sujet, Déconstruction de Minority Report (33min02 en tout) s'étale quand à lui sur cinq sections consacrées au design global du film et aux différents engins créés pour l'occasion. Les véhicules, les décors, les idées visuelles un peu folles et les outils de prévisualisation qui ont permis certains plans complexe sont ici analysés dans le détail. Comme son nom l'indique, Les cascades de Minority Report (8min43 en tout) se penche sur les cabrioles de l'ami Tom qui, pour l'occasion s'est très peu fait doubler. Sa collaboration avec son cascadeur fétiche est mise en avant tandis que l'on assiste aux nombreuses répétitions et chorégraphies de rigueur. Enfin, les nombreux effets visuels du film font l'objet d'un décorticage complet dans ILM et Minority Report (18min58 en tout) permettant en plus de découvrir les fascinantes conditions de travail de la célèbre compagnie. Une fois encore, une excellente façon de comprendre la composition de séquences les plus spectaculaires du film. Une grosse section achevée par Rapport Final (3min55) durant lequel le réalisateur et le comédien se passent mutuellement gentiment la brosse à reluire. Les choses y sont faites dans les formes à défaut de nous passionner.
Enfin, une ultime section était également proposée sur la précédente édition DVD. Les Archives nous donnent accès à une série de galeries de photos et croquis, diffusées à travers des modules vidéo, les story-boards de trois scènes ainsi qu'une série de bandes annonces et spots TV.