L'image de l'édition standard nous avait légèrement déçus parce que, comme on pouvait s'y attendre, la compression DVD se frottait à l'épreuve particulièrement complexe qu'est l'encodage d'un film de Wong Kar Wai, en règle générale et avec My Blueberry Nights en particulier. Autrement plus convaincant, le travail effectué sur le Blu-Ray frôle effectivement le sans faute mais aussi parce que toutes ces petites choses parfois pénibles pour le numérique sont assez splendides à contempler ici. De sévères jeux de focales à plusieurs niveaux, une photographie et un éclairage multicolores parsèment ainsi la quasi intégralité d'une œuvre qui baigne également dans un contraste de pénombre tout aussi appuyé. Si l'on tient compte du fait qu'un joli grain ciné se fait ressentir ça et là, il n'y a pratiquement rien à reprocher à cette image parfois un peu extra-terrestre, où les noirs sont profonds et les couleurs très chaudes.
On ne sera pas surpris de découvrir une bande son relativement sage. Les effets surrounds sont particulièrement discrets, pour ne pas dire inexistants, et se manifestent doucement lors des quelques extérieurs. Néanmoins, l'apport du DTS HD Master Audio se montre vite essentiel pour disséminer une atmosphère jazzy reléguée sur les avants et dont la composition musicale délivre une certaine pureté. Ce n'est pas tonitruant, loin de ce que l'on fantasme dans l'achat d'un home cinema, mais franchement efficace... Du moins, en VO où les voix des acteurs restent en harmonie avec le reste, parce qu'en français, le doublage est malheureusement trop mis en avant.
Intégralement exclusifs à cette édition française, les bonus du Blu-Ray sont identiques à ceux de l'édition double DVD chroniqués ci-dessous par Sabrina Piazzi :
16542 kilomètres depuis Hong Kong : My Blueberry Nights (20min57)
Retirez 5 à 6 bonnes minutes d'images tirées du film, vous obtiendrez ainsi un segment promotionnel dans lequel intervient la quasi intégralité du casting éclairé au néon par Wong Kar-Wai : Jude Law, Norah Jones, David Strathairn, Rachel Weisz, Natalie Portman et le Grand Manitou en personne une fois de plus caché derrière ses lunettes fumées. Les images de tournage se font rares et les acteurs se sont passés le mot pour dire la même chose : « c'est le plus grand cinéaste au monde bien que je n'avais pas vu ses films avant... ». Beaucoup de blabla sur les personnages et les liens qui se tissent entre eux et les symboles distillés par le cinéaste. A ce petit jeu, Norah Jones ne s'en sort pas trop mal bien que reprenant les mêmes mots dans les divers entretiens d'où sont tirées les images (sur le plateau ou en promo mondiale...) et explique en long en large et en travers comment elle est arrivée sur le projet. On retiendra quand même que My Blueberry Nights est un remake longue durée d'une idée au préalable retenue pour un segment d'In the mood for love, conçu comme un film à sketches avec pour thème central la nourriture. La même histoire mettait en scène Tony Leung et Maggie Cheung dans un bar de Hong Kong. Les deux acteurs avaient commencé à tourner quelques scènes de cette histoire (photos à l'appui) mais le cinéaste se consacrera finalement à l'histoire d'In the mood for love. Les images tournées ont été montées par le réalisateur puis présentées pour sa leçon de cinéma au Festival de Cannes en 2001.
On préfère rester concentré sur Wong Kar-Wai qui se penche sur son expérience hollywoodienne, le tournage d'un film dans une langue différente de la sienne et sur sa fascination pour les Etats-Unis, qu'il a traversé de part en part au volant de sa voiture en compagnie de son chef opérateur Darius Khondji, afin de faire des repérages et sélectionner les futurs lieux principaux du film.
Cannes-Lyon-Paris (8min55)
Il n'est pas rare de retrouver les images de la conférence de presse quand un film est présenté au Festival de Cannes. My Blueberry Nights n'échappe pas à la règle. Répondant aux questions des journalistes, les propos de Jude Law, Wong Kar-Wai et Norah Jones sont en tous points les mêmes et presque mot pour mot que lors du précédent documentaire. Quelques mois après l'épisode Cannes, le cinéaste se rend à l'institut Lumière à Lyon où un hommage lui est rendu. L'occasion pour lui de présenter son nouveau film. Ce supplément dispensable se clôt sur la montée des marches à Cannes.
Le Goût de la myrtille (25min35)
Gilles Ciment, collaborateur de Wong Kar-Wai, et les journalistes Jean-Marc Lalanne des Inrockuptibles et Jean-Luc Douin du Monde tentent de replacer My Blueberry Nights dans sa filmographie en y décryptant les thèmes récurrents et les symboles. Si les propos de Ciment renvoient à ceux de Wong lors du premier segment, c'est surtout l'analyse parfois très critique de Lalanne qui vaut le coup d'oeil. Pour lui, le montage de Cannes représentait plus le cinéaste et son univers que celui remanié pour sa sortie en salles quelques mois plus tard. 13 minutes coupées dans lesquelles Wong Kar-Wai a laissé une grande partie de l'âme du film et qui incluait une voix-off et une fin légèrement différente. Jean-Luc Douain ne cache pas son amour pour le cinéaste et Gilles Ciment dresse le portrait d'un homme passionné par le cinéma européen (Antonioni, Godard) et le cinéma américain en particulier le road-movie.
Ce "goût de la myrtille" est le supplément à ne pas rater de cette interactivité.
Conférence de presse de Paris : Wong Kar-Wai et Norah Jones (20min37)
Et bien, on prend les mêmes et on recommence pour 20 minutes... Pour ceux qui auraient raté les premiers suppléments, Norah Jones ne sera jamais fatiguée de répéter encore et encore sa rencontre avec Wong Kar-Wai, sa première expérience cinématographique, ses partenaires, etc... Même chose pour Wong Kar-Wai revenant une fois de plus sur son premier film anglais.