Il aura fallu attendre vingt ans. Vingt longues années pour enfin apprécier pleinement l'extraordinaire travail de collaboration technique que fût le premier opus de Die Hard. La haute définition (le Blu-Ray dans ce cas précis) reste définitivement l'alliée d'un John McTiernan dont on peut enfin contempler la conception visuel de son film en vidéo sans la moindre encombre. Si, dans ses premières minutes - les scènes de jour, finalement - la définition laisse franchement à désirer, lorgnant presque du côté du DVD, on ne peut pas prétendre à un quelconque jugement sans explorer le film plus longuement. En effet, dès lors que l'intrigue maîtresse de Piège de Cristal démarre pour de bon, on en prend plein les yeux. Tout ou presque est bon à prendre. La photographie contrastée du lieu où se déroule le drame, tout d'acier et de verre face à un ciel nocturne d'un noir abyssal, son décor lumineux ou encore un saisissant jeux de focales variées dont seul le cinéaste a le secret. Dans n'importe lequel des cas, on profite du moindre détail sans jamais être interrompu par un quelconque défaut de compression intempestif, jusque dans le dernier chapitre du film cumulant les belles images et des plans aériens de Los Angeles d'une profondeur de champ ahurissante. Ce plan, le fameux plan où John McClane se balance comme un ver à l'hameçon au bout de sa lance à incendie est un frappant exemple de contraste peaufiné à l'extrême. Un évident coup de jeune qui aurait obtenu la note maximale si le même soin avait été apporté aux premières minutes du film, et ce petit nettoyage général qu'on esperait un peu plus digne du Blu-Ray...
Néanmoins, pas de quoi se fâcher
C'est un peu moins évidemment en ce qui concerne l'aspect sonore, tant ce dernier souffre de quelques débordements techniques. Rien de grave, rassurons-nous, mais à force de vouloir faire du jeune avec du vieux, on se retrouve avec un mélange un tantinet instable. La version originale, par exemple, est assurément ce que l'on a pu entendre de plus puissant à ce jour à propos du film. Une bonne grosse piste DTS Master Audio qui donne la part belle à l'extraordinaire bande originale de Michael Kamen ainsi qu'aux effets tous azimuts, merveilleusement restitués dans un enveloppement sonore au relief infiniment précis mais aussi ravageurs si nécessaire. Le survol des Hélicoptères étant en ce point hallucinant. Le problème, c'est qu'il y a un contraste presque trop appuyé entre la pureté de ces éléments tout propres remis à neuf et les dialogues qui sont restés un peu trop étouffés pour leur part. Rien d'handicapant, mais on atteint ici les limites de restaurations sonores.
Pour la version française, c'est paradoxalement un peu le contraire. On écope ici d'une piste DTS assez musclée qui se révèle finalement être celle de l'édition DVD collector sorti en 2002. Pas vraiment honteuse, elle ne fera pourtant pas le poids une seule seconde face à la version originale même si les voix seront ici beaucoup plus mises en avant, doublage oblige.
Quelle déception ! Alors que le quatrième opus de la saga Die Hard trouve le moyen de caser sur le Blu-Ray un long making of d'une heure et demi et quelques autres modules, le disque Haute Définition réservé à Piège de Cristal brille par une minimalisme déconcertant même si l'essentiel est là : le commentaire audio de John McTiernan, un vrai guide cinématographique en soi. En tout cas on perd un grand nombre de bonus proposés sur le DVD collector il y a quelques années, dont un commentaire des responsables des effets spéciaux. Exit également la récente rétrospective de 35 minutes proposée en DVD bonus dans le coffret sorti l'été dernier et les rares modules vidéos retenus ne sont définitivement pas les meilleurs.
Comme de coutume chez Fox, il n'y a pas de menu et pour visiter les recoins du disque, on active l'interactivité directement à même le film. Autant se ruer sur le commentaire de McTiernan, le même que celui proposé sur les éditions SD, où le réalisateur explique académiquement les meilleures méthodes (les siennes, donc) pour jouer habilement avec les outils que sont les décors, les histoire sur une durée réduite en décortiquant les moindres détails de mise en place. Il n'en fallait certainement pas moins pour l'un des films les plus pivots du cinéma de divertissement.
Le reste des suppléments est donc malheureusement très anecdotique. Une petite compilation des vidéos destinées à servir de journaux télévisés, une galerie de photos interactive où l'on a également accès à quelques croquis supplémentaires, les bandes annonces et spots TV...