Fidèle à ses principes, Wild Side Vidéo applique à ce qui deviendra certainement l'un de ses titres phares un travail d'authoring particulièrement soigné. On pourra donc profiter de Piranha 3D (même si en 2D) chez soi avec une perfection technique qu'il sera difficile de discuter. Même si cette perfection peut à l'occasion desservir quelques effets visuels beaucoup trop visibles et parfois ratés (de nombreux plans sous-marins, le tourbillon de la scène introductive), la copie présentée sur ce Blu-Ray est tout bonnement impeccable. Rien de si étonnant en soi compte tenu du très jeune âge du film, mais il est toujours bon de le rappeler. Spectacle estival riche en couleurs vives oblige, le film d'Alexandre Aja nous en met plein les yeux avec une belle prédominance de jaune, de bleu et surtout (évidemment) de rouge, histoire d'appuyer le ton sanguinolent de l'expérience. Un rouge qui inonde même parfois tout l'écran sans jamais faire cafouiller un encodage de belle tenue, qui s'en sort remarquablement dans les nombreux plans larges et/ou de foule malgré la multiplicité de détails à l'écran. On ne pouvait espérer mieux...
Notons enfin que le disque testé est celui de l'édition standard et qu'il ne dispose donc pas de la 3D moderne. Seule une version 3D anaglyphe est proposée mais, comme souvent, la désagréable gestion des couleurs via le filtre des lunettes la rend vite irregardable. Les amateurs de reliefs devront donc s'orienter vers la véritable 3D.
L'éditeur français ne fait jamais les choses à moitié et le travail sonore va généralement de pair avec le traitement de l'image. Là encore, Piranha 3D ne déroge pas à la règle et s'impose comme une belle démonstration d'enveloppement grâce à l'exploitation de toutes les possibilités des systèmes multicanaux. D'autant plus que le film se targue d'un mixage plutôt joyeux. Ainsi, que l'on choisisse la VO comme la VF, nous aurons droit à un beau DTS HD Master 5.1 qui ne ménage pas votre équipement. Devant comme derrière, les balances sont en perpétuelle activité, qu'il s'agisse de jouer avec le clapotis de l'eau contre les parois des bateaux ou avec le déplacement nerveux des vilains poissons qui filent à toute allure sur des surrounds bien échauffés. Pour le reste, ça crie beaucoup et de tous les côtés, ça gargouille un max et les basses se gargarisent de la musique, du moteur des bateaux ou de quelques tremblements de faille sismiques. Les amateurs de gros son démonstratif ne seront pas pris au dépourvu...
Si l'on y trouve qu'un seul disque, cette édition Blu-Ray de Piranha 3D n'en reste pas moins solidement fournie puisque l'on y trouve plus de trois heures de suppléments (en définition standard, pour tout caser sans problème). Le premier est un gros, très gros morceau : le Making of (2h09) est ici bien plus long que le film et prend largement le temps d'en développer les différentes étapes de fabrication. Néanmoins, on pourra émettre un bémol sur son intérêt puisqu'il s'apparente davantage à une très longue featurette promo qu'à un véritable document de fond. Tout le monde se congratule lourdement et ce n'est seulement qu'au bout de pratiquement une heure que le document se montre réellement intéressant. Après une première partie focalisée sur la présentation des intervenants principaux, le making of s'oriente vers ce qui nous intéresse le plus pour un tel film : la technique ! A partir là, c'est très généreux. Le document évoque à peu près tout les aspects de la conception du film à partir de la scène de carnage : les cascades, la mécanique des éléments qui se renversent, les effets gores, les dizaines de mannequins en charpie, les filles nues, les effets visuels numériques et même un segment sur le processus de la conversion 3D - même si ce dernier n'est pas toujours convaincant à force de glorifier le procédé. On regrettera que, pris par l'élan de la promo et l'enthousiasme du tournage, tout le monde évoque la 3D du film comme un monument alors que personne n'en avait eu un aperçu.
C'est en revanche un changement de discours radical que l'on retrouve dans Jeux de massacre (33min14), une interview d'Alexandre Aja et Gregory Levasseur réalisée lors de leur venue en France, exclusive à cette édition et durant laquelle les intervenants font preuve d'une franchise à toute épreuve. Durant plus d'une demi-heure, les Français reviennent sur le processus complexe du film, notamment concernant le relationnel avec les financiers. A savoir les Frères Weinstein qui en prennent ici pour leur grade et apportent de l'eau au moulin du livre Sexe, mensonge et Hollywood de Peter Biskind, qui charge déjà bien les producteurs. La langue de bois est proscrite et de nombreux points noirs sont mis en avant. Aja reconnait lui-même que les effets visuels ne sont pas totalement à son goût, à cause d'erreurs de management. On regrettera juste l'obstination des garçons à traiter Lake Placid de film "sérieux et premier degré" alors qu'il reste plus cynique que le leur. Notons qu'à cette interview vient se greffer celle de la comédienne principale, Kelly Brook Wild Wild Girl (13min54), également réalisée lors de sa venue à Paris. Les propos sont moins sensationnels et se limitent à quelques anecdotes rigolotes.
On retrouve ensuite les petits suppléments de rigueur. A savoir des Scènes coupées (8min38) plutôt mineures, commentées ou non par le réalisateur (en anglais), mais surtout les Animatics (11min16). Il s'agit surtout de story-boards montés et sonorisés de séquences abandonnées et qui avaient pourtant un potentiel spectaculaire et horrifique de premier choix. On comprendra que les restrictions budgétaires aient eu raison de ces scènes. Enfin, on retrouvera la Bande annonce du film et de quelques titres de l'éditeur ainsi qu'une Galerie de photos (5min40).