Exceptionnel ! Universal nous propose un produit réellement renversant, seuls des superlatifs nous venant à l'esprit lorsque l'on découvre ce premier transfert Haute Définition alloué à Psychose. Le moins que l'on puisse dire est que depuis James Bond contre Dr. No, nous n'avons pas le souvenir d'avoir été autant ébahit par la restauration d'un titre de cet âge. Le chef d'œuvre d'Alfred Hitchcock se catapulte instantanément comme le titre à absolument posséder dans sa collection, même en faisant fi de ses qualités artistiques, pourtant indiscutables. La redécouverte est donc totale, dès les premières secondes du film. Si la qualité du générique introductif, gérant moyennement les niveaux de gris et bénéficiant d'un piqué un peu faible, pouvait nous inquiéter, dès lors que le film démarre réellement, on constate immédiatement le soin dont la copie a bénéficié pour son passage en Blu-Ray. Une remise à neuf que même les précédentes éditions DVD n'avaient pas tutoyé. Un master épuré, sans le moindre artefact chimique (ou si peu), une gestion des contrastes offrant des noirs infinis et un piqué d'une définition si accrue qu'on ne peut avoir le souvenir d'avoir découvert le film ainsi une fois dans sa vie.
Le rachat se montre purement et simplement indispensable !
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Puisque l'on parle de redécouverte, l'éditeur prolonge l'expérience à travers une gestion sonore particulièrement surprenante. En fait, s'il y a bien une chose que l'on ne s'attendait pas à dire un jour, c'est que Psychose en mixage multicanal 5.1 rend particulièrement bien... Et même très bien ! On évoquera le sujet un peu plus bas dans la section bonus, mais le film a effectivement bénéficié d'une petite cure de jouvence auditive à des années lumières des craintes que l'on aurait pu avoir (on se souvient encore de la déferlante de DVD MGM en 5.1 surfaite au début des années 2000) et qui offre au film un relief inattendu mais collant au plus de l'imagerie d'Hitchcock sans jamais basculer dans le bloubiboulga sonore.
Une remise à neuf que l'on doit à un studio français par ailleurs, Audionamix, qui respecte un équilibre d'une grande sobriété en faisant pourtant respirer l'ensemble. On notera quelques rajouts de légers effets sonores absents du mixage original (des bruits de pas lors de la première apparition d'Anthony Perkins, l'ouverture d'une porte, le rebond de gouttes de pluie) mais ces derniers se fondent dans l'ensemble avec une telle discrétion qu'elles demeurent indécelables. Certes le rajout de sons absents du mixage original peut ressembler à un sacrilège, mais le résultat est pour une fois bel et bien naturel. L'ensemble est en plus appuyé par une belle mise en avant de la musique de Bernard Herrmann, plus terrifiante que jamais et d'une efficacité dévastatrice dans ses trois fameuses séquences faisant crisser les violons et trembler son violoncelle. Si l'on tient compte, en plus, du fait que tout ceci est proposé dans un DTS HD Master audio d'une pureté troublante, l'appréciation de cette nouvelle bande-son est totale.
Mais ce n'est pas tout puisqu'Universal a également pensé aux puristes pour qui l'enveloppement serait une trahison au film (ce qu'il n'est pourtant pas, encore une fois) en mettant à leur disposition une restitution du mono d'origine proposé en DTS HD Master Audio 2.0 dont le jeu de phase restitue un canal central fantôme. Un mono finalement tout aussi stupéfiant que le 5.1 puisque ce dernier n'est jamais étouffé. Canal HD malgré tout, il propose une restitution particulièrement épurée, disposant de voix absolument claires, jamais parasitées par un souffle quelconque et assurant un coffre d'une grande solidité. C'est un plaisir différent de l'autre piste, évidemment, mais elle n'est clairement pas à négliger.
Enfin, les amateurs de VF disposeront également d'une piste mono mais en Dolby Digital 2.0 cette fois, plutôt légère et sans commune mesure avec les précédente, ne serait-ce que pour son absente de remasterisation. A considérer uniquement pour satisfaire les allergiques aux versions anglaises, sans en attendre de grosses performances techniques.
Les choses n'étant décidément pas faites à moitié sur ce disque, Universal permet à Psychose de disposer d'une interactivité particulièrement riche. A commencer par la présence d'un Commentaire audio de l'historien Stephen Rebello. Si ce type d'intervention manque généralement de spontanéité et surtout de la présence de ceux qui ont réellement participé au projet, celui-ci est pourtant d'une exhaustivité appréciable. Auteur du livre à succès "Alfred Hitchcock and the making of Psycho", ce dernier a eu l'occasion de recueillir de nombreuses informations auprès de ceux qui ont collaboré au film et déverse ici ses connaissances comme s'il avait été lui-même sur le tournage. Proposant à la fois une longue série d'anecdotes ainsi qu'une analyse très élogieuse du film, il demeure effectivement l'orateur idéal pour disséquer un film sur lequel il y avait énormément de choses à raconter.
On poursuit avec Les coulisses du tournage de Psycho (94min12). Voilà un documentaire qui n'a pas son pareil pour donner des aspects de saga aux réponses de quelques intervenants lorsqu'il s'agit de se pencher sur un sujet cinématographique, Laurent Bouzereau nous ayant offert en 1997 un sensationnel retour sur le film d'Alfred Hitchcock. Splendide objet de fascination, Psychose n'en méritait pas moins et le résultat est à la hauteur de nos attentes. Mémoires intactes de Janet Leigh, de la fille du réalisateur et du co-scénariste Joseph Stefano qui se souviennent des moindres mimiques du réalisateur, de son souci de perfection et des nombreuses anecdotes qu'il en découle. Heureusement que quelqu'un s'est intéressé aux bonnes questions. Comme si nous y étions, chacun nous décrira à sa manière la construction de Psychose étape par étape, de l'idée de départ, de l'écriture de son scénario où nous y est décrit un Hitchcock démonstratif, jusqu'au tournage, les nombreux interdits, son montage maintes fois discuté et remanié et sa distribution aussi mystérieuse qu'efficace par le réalisateur lui-même. Une bonne occasion de découvrir également une très jolie photo de Janet Leigh posant à coté du fauteuil de Madame Bates ainsi que quelques révélations sur la manière dont l'équipe a voulu maintenir le mystère en faisant passer de fausses auditions pour le fameux personnage. Le fan, s'il na pas encore eu la chance de voir le documentaire, sera aux anges.
Comme si tout ceci ne suffisait pas, on retrouve un petit documentaire récent, Dans l'ombre du maitre : L'Héritage d'Hitchcock (26min), qui livre une analyse plutôt intéressante de l'influence des film du cinéaste sur le cinéma contemporain en règle général et sur quelques réalisateurs en particulier. C'est ainsi que prennent ici la parole des gens comme Martin Scorsese, William Friedkin, John Carpenter mais également Guillermo Del Toro ou Eli Roth ainsi que quelques techniciens qui revendiquent honnêtement que de nombreuses règles du cinéma de genre reposent essentiellement sur ce modèle commun. Si certains comparatifs (reposant sur des simples mouvements de caméra) semblent un peu tirés par les cheveux, surtout qu'Universal y case par la même occasion une partie de son catalogue, la juxtaposition de la scène de la douche et du combat de boxe de Raging Bull est plutôt troublante et fascinante. On regrettera en revanche la courte durée du module, tant il mériterait d'être encore dévellopé.
Notons que dans un genre voisin, Hitchcock/Truffaut (15min20) est un enregistrement audio restituant un entretien entre les deux réalisateurs aidés par une traductrice puisque François Truffaut ne parle pas anglais. Objectivement, ce document n'est pas extraordinaire à titre informatif tant Truffaut semble prendre parfois de haut le cinéma de genre (en soulignant quand même que Psychose, c'est beau) et qu'Hitchcock ne rebondit sur ses propos que de manière formelle. Toujours est-il que voici une belle pièce d'archive que nous sommes ravis de trouver ici.
Le son de Psycho (9min57) est un petit documentaire inédit qui se focalise sur la création du nouveau mixage 5.1 que l'on peut retrouver cette édition. La parole est donnée aux ingénieurs du son responsables du Mastering de la société française Audionamix qui ont rendu cet exploit possible et réellement réussi. Tout ceci est un peu technique mais suffisamment abordable pour que l'on comprenne le discours général. Notons d'ailleurs que ce documentaire est proposé en 5.1, nous permettant de constater très précisément quelles ont été les innovations.
C'est ensuite une lourde série de documents d'archives qui nous attend et où l'on retrouvera un module intéressant permettant de redécouvrir la scène de la douche avec et sans la musique (2min29), de nombreuses galeries d'images fixes : les photographies d'exploitation (7min48), de tournage (8 min), des images publicitaires (8min30), des affiches (3min) et des affichettes (1min30).
Ajoutons à cela un joli story-board signé Saul Bass (4min10), s'intéressant là encore au meurtre de la douche. Mais les deux autres bonus de ce disque méritant le détour s'intéresseront surtout au très long mais exaltant film annonce (6min35) reflétant très bien l'humour pince sans rire du réalisateur, mais également un documentaire d'époque sur la sortie du film en salle (7min44) on l'on découvre avec amusement les nombreuses mises en place pour respecter au mieux les conditions de visionnage souhaitées. Notons la présence de quelques spots à propos de la ressortie du film (1min50) qui viennent compléter l'ensemble.
Enfin, pour ceux qui aiment les cadeaux, l'éditeur joint un épisode de la célèbre série Alfred Hitchcock présente, L'inspecteur se met à table (26min08) qui raconte, comme souvent, l'histoire d'un meurtre un peu tordu.