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C'est d'une cohérence implacable, mais une œuvre numérique est faite pour être regardée sur support numérique. En l'occurrence, sans dédouaner le film de certains partis pris artistiques spéciaux, c'est clairement en DVD et surtout en Blu-Ray qu'il faut redécouvrir Public Enemies pour apprécier son esthétique telle qu'elle a été pensée. Surtout si vous avez été horrifié par l'affreux transfert sur pellicule dont nous avions bénéficié l'été dernier et qui ne lui rendait pas du tout hommage. Dans l'absolu, le film ne plaira pas à tout le monde. L'image transpire la vidéo à plein nez puisqu'elle a été tournée avec du matos Sony dernier cri (CineAlta F23, HDC-F950 et même PMW-EX1 pour les plus curieux) dont la définition est particulièrement au point, mais dont l'aspect lorgne parfois vers le caméscope HD d'entrée de gamme. Bref, on est loin de l'approche encore très cinégénique de films tournés avec la Red One (Prédictions ou Wanted, pour ne citer que ceux là). Pourtant, tel a été le choix de Michael Mann et reconnaissons au transfert Blu-Ray de faire des merveilles à sa façon. Comme prévu, la définition délivre une finesse de détails souvent stupéfiante. Mieux encore, il rend à peu près visibles les plans nocturne tournés en éclairages naturels. Ce qui en l'état, est un exploit. Un produit home cinema solidement calibré délivrant exactement ce qu'on attendait de lui...
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Là encore, c'est un peu le quatorze juillet. Si le DVD nous laisse concrètement sur notre faim, le Blu-Ray écope de la traditionnelle piste DTS HD Master Audio sur une version originale qui fait un tintamarre assez déconcertant. Sur ce plan, on garde en mémoire un souvenir assez glorieux de l'expérience salle, particulièrement assourdissant lors de la fusillade dans les bois. Autant dire que l'expérience à la maison s'en rapproche dangereusement, d'abord sur la dite séquences (ça fuse de partout, le verre brisé et le plâtre qui éclate rebondissent sur les cinq canaux, le caisson de basses est en terrain conquis) mais également sur tout le reste du film qui, lorsqu'il ne brille pas par la stéréo de sa bande originale, impose un enveloppement général d'excellente facture. Notons que la VF n'est pas vilaine non plus et même si elle n'écope que d'un DTS mi-débit, le spectacle demeure franchement démonstratif.
Public Enemies ne fait clairement pas partie de ces Blu-Ray consacrées à Michael Mann et destinées à nous en apprendre davantage sur l'artiste : sur le plan éditorial, Universal se contente du minimum syndical. Le plus fascinant à apprendre se déroule donc directement pendant le film. A travers le Commentaire audio du réalisateur, d'une part, qui s'impose comme un exercice académique franchement pas très amusant, mais apportant un vrai regard sur le processus créatif moderne. Les vrais détails informatifs sur le film sont ici, complétés par une fonction Picture in picture activée sur la quasi intégralité du métrage. De quoi s'attarder sur de nombreux détails, en évitant le plus possible de tomber dans les répétitions. Par la force des choses, de nombreux éléments y sont abordés (véhicules, reconstitution, costumes, etc). Une autre fonction interactive permet de mieux resituer les évènements historiques du film à travers une frise chronologique.
En fait, la déception vient surtout du reste. Des modules vidéo mis en boîte par-dessus la jambe et qui se répètent, non seulement avec les bonus précédents, mais surtout entre eux. Baignant dans un véritable gargarisme commercial, Des Adversaires plus vrais que nature (10min29), Michael Mann : réaliser Public Enemies (20min32), Le Dernier gangster légendaire (8min44), Sur la piste de Dillinger : les vrais lieux (9min48) et La Technologie Criminelle (9min41) tournent autour des deux seuls même pots : porter aux nues le gangster dont parle le film et mettre en avant le travail de Michael Mann, Johnny Depp et Christian Bale. Tous ces gens sont visiblement géniaux, extraordinaires, ont tout inventé (ou réinventé), un discours qui laisse sévèrement de côté tout ce qui tourne autour de la création du film à proprement parler. Même Depp tombe dans les lieux communs lors de ses interventions (''Je suis né à quelques kilomètres de l'endroit où vivait mon personnage... je me sens proche de lui''). De la pommade en tartine, en veux-tu, en voilà, qui présente bien peu d'intérêt après l'écoute du commentaire ou le visionnage des PIP...
