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C'est sans surprise avec une énorme satisfaction que l'on redécouvre Unstoppable en Blu-Ray dans les conditions idylliques que l'on espérait. Compte tenu des habitudes de l'éditeur, livrant souvent des éditions techniquement irréprochables, et le tout jeune âge du film, il n'y avait évidemment aucune crainte à avoir mais force est admettre que la copie proposée ici est stupéfiante. Déjà très convaincant en DVD, le traitement de l'image bénéficie des bienfaits du souple encodage AVC Mpeg 4 l'empêchant de chuter sur les tics visuels du réalisateur, parfois un peu parasites. Entre de beaux jeux de focale, une caméra surexcitée et un grain argentique appuyé, la Haute Définition ne nous laisse pas perdre une miette du spectacle et offre un rendu resplendissant du film, pourtant très nerveux. Ajoutons à cela que le traitement colorimétrique si cher au metteur en scène (contrasté et renchéri par des teintes vives, vertes et chaudes) est restitué sans la moindre accroche. C'est un style, et il est parfaitement restitué ici.
Ce n'est pas pour rien qu'Unstoppable concoure à l'Oscar du meilleur son : ce Blu-Ray est l'occasion rêvée de comprendre pourquoi. En se ralliant du côté de la version originale DTS HD Master 5.1, l'écoute du film de Tony Scott prend des proportions aussi inventives qu'il part dans des excentricités visuelles, et s'amuse à marier ses effets sonores comme ses tics musicaux pour livrer un rendu sonore énergique, rebondissant d'un canal à l'autre. Le film est formellement très vivant et, outre la vivacité de son mixage, use des sons lourds et métallisés pour faire du cadre ferroviaire une atmosphère à part entière, où la tôle est reine. Pas étonnant que le caisson de basses gronde perpétuellement et s'accouple avec quelques effets animaliers transformant le train fou en véritable monstre. La version française s'offre un DTS un poil plus classique, avec un peu moins de relief et des graves moins mats, mais conserve une efficacité qui ravira les allergiques aux versions originales.
Premier bonus d'une édition richement fournie, le Commentaire audio de Tony Scott surprend à bien des égards. En effet, si Unstoppable est essentiellement une performance technique couplée à un amusant propos sur le statut social des cheminots (il en parle, ne nous inquiétons pas), le réalisateur préfère néanmoins focaliser son discours sur ses comédiens, ses personnages et toute l'humanité qui peut s'en dégager. Le cinéaste admet concevoir ses castings à l'instinct, entre feeling et coup de cœur, tombant souvent sous le charme du sourire des gens. "Je l'ai choisi parce que j'aime bien son sourire" dit-il à de nombreuses reprises. Voilà qui explique en partie pourquoi il se dégage un certain naturel des personnages du film, au-delà des simples performances théâtrales. Pour un vrai décorticage technique, mieux vaut se tourner vers les bonus suivants, très complets dans leur genre.
Puis arrive le gros morceau de cette édition blu-ray : le making-of "Réaliser Unstoppable" (29mn41). Dès la première minute, le ton est donné. Un intervenant affirme "Tony Scott voulait mettre de vrais bonhommes sur de vraies machines". Et effectivement, c'est ce qu'il a fait ! Totalement anachronique à l'époque du tout numérique, Unstoppable a pour force de ne pas avoir succombé aux sirènes des effets spéciaux digitaux. Et il en résulte que le tournage du film a été un véritable challenge technique et physique pour toute l'équipe. Dès lors, on peut dire que les plans de ce making-of sont presque aussi ébouriffants que ceux du film, surtout lorsqu'on découvre l'incroyable machinerie dont a disposé Scott pour mettre en image ses délires visuels. Trois hélicoptères, une grue montée sur une Porsche Cayenne, une voiture travelling avec 4 caméras embarquées, des systèmes de commandes électroniques en veux-tu en voilà, le tout parfaitement chorégraphié pour éviter de tourner 40 prises de la même action ... on peut dire que Scott et son équipe image se sont fait plaisir ! Bref, nous sommes là en présence d'un module qui met avant tout l'accent sur l'aspect technique du film, ce qui n'est pas pour nous déplaire.
Dans le même esprit, deux petits modules viendront compléter ce making-of. Les cascades (14mns) et Anatomie d'une scène (10 minutes) aborderont des points précis de la logistique diabolique mise en place pour le tournage. Si le premier s'avère assez classique, le second en revanche nous fait passer de l'autre côté de la caméra, en nous dévoilant la conception de la scène du déraillement du train. Réalisateur, cascadeurs, opérateurs, producteurs et responsables des effets pyrotechniques prennent tour à tour la parole pour parler de cette courte séquence qui a nécessité plus d'une dizaine de caméras. Rythmé, et passionnant !
Le disque se termine sur une interview des trois comédiens (Denzel Washington, Chris Pine et Rosario Dawson) accompagnés du réalisateur Tony Scott. Durant un peu moins d'un quart d'heure, ce module n'évite pas la langue de bois et les poncifs du genre ("le scénario était génial", "le tournage était compliqué", "Tony Scott a vraiment une vision unique" ...) mais a le mérite de laisser les intervenants gérer la discussion comme bon leur semble. Du coup, l'ensemble est extrêmement fluide et se laisse suivre sans déplaisir.
