Carlotta livre un nouveau master magnifiquement restauré d'Affreux, sales et méchants, faisant oublier les couleurs criardes de l'ancienne copie éditée par Opening en 2004. Aucune poussière ou autre scories ne viennent parasiter l'image et la définition ne faiblit jamais durant près de deux heures. Au-delà de la propreté irréprochable de l'image, l'éditeur rétablit les gammes monochromes bruns, grisâtres et les teintes saumonées d'origine tout en désaturant les verts qui avaient tendance à baver sur l'ancien master. Grâce à une compression solide, les plans rapides, zooms fréquents et balayages violents de la caméra renvoyant au désir original d'Ettore Scola de réaliser un documentaire, demeurent exemplaires tout du long, offrant des noirs denses mais surtout un niveau de détails jusqu'alors inédit. Le spectateur pourra ainsi contempler le visage brûlé à la chaux de Nino Manfredi sous toutes ses coutures ainsi que le panel de gueules mémorables entourant le comédien, grâce à un piqué particulièrement vif sur les plans rapprochés.
Malgré une restauration certaine et un souffle inexistant, la version originale demeure quelque peu étouffée et l'ensemble manque sérieusement d'ardeur. Les dialogues, entièrement enregistrés en postsynchronisation, demeurent souvent couverts et seule la musique composée par le mythique Armando Trovajoli (Mariage à l'italienne, Moi, la femme) donne un petit peu de relief à ce mixage somme toute linéaire. Cependant, nous vous conseillons de vous cantonner à la version italienne et d'éviter le doublage français, certes relativement soigné, mais axé sur des dialogues au rendu artificiel et dont la saturation constante s'avère irritante pour les tympans. En dépit de son manque de punch, la version italienne est plus homogène et surtout plus naturelle que son homologue française.