Une fois de plus, Carlotta livre un nouveau master restauré optimum afin de profiter pleinement de la belle photo N&B voulue par Billy Wilder, alors que la couleur avait déjà pris place au sein de l'industrie hollywoodienne. Un parti pris esthétique souhaité par le cinéaste, renvoyant à ses premiers films ainsi qu'aux films d'Ernst Lubitsch à qui il dédie d'une certaine manière le film. Les douces nuances de gris s'unissent à merveille à la blancheur éblouissante des séquences plus exposées, et la photo volontairement brumeuse des gros plans rapprochés des deux amoureux est habilement restituée. Une fois de plus, saluons l'aisance de la compression numérique, la quasi absence de scories et de fourmillements à l'arrière-plan, et la présence d'un petit grain cinéma qui n'a rien de désagréable. Ariane est proposé dans son format respecté (1.85) et le transfert 16/9 est de toute beauté.
7/10 pour la version originale et 4/10 pour la version française.
La bande-son originale s'en tire haut la main même si plusieurs craquements se font entendre sporadiquement. La voix délicieuse d'Audrey Hepburn ne perd rien de son éclat quand bien même celles de Gary Cooper et Maurice Chevalier sont sensiblement nasillardes. Cette piste mono est ceci dit assez dynamique et la musique, notamment celle entonnée par les musiciens tsiganes, ne manque pas d'ardeur. Toutefois un souffle chronique se ressent si l'on pousse le volume un peu trop. Si la note ne dépasse pas les 11/20, c'est en raison de la piste française en tous points insupportable. Ne datant visiblement pas de l'époque de la sortie du film, la piste française est à l'image de certaines déjà découvertes sur divers dvd des classiques Warner datant des années 40 et 50 : intégralement basée sur les voix des comédiens doubleurs, l'ensemble perdant tout son naturel et semblant avoir été enregistré au fin fond d'une grotte où les résonances affluent. Le rythme de la musique est sensiblement différent de celui de la version originale, le souffle est accentué et manque cruellement de justesse.
Ariane, rapports de tournage (26min26)
Le cinéaste, critique de cinéma à Positif et journaliste N.T. Binh s'entoure des responsables des archives papier de la Cinémathèque française afin de dévoiler des trésors liés au film de Billy Wilder. Ariane ayant essentiellement été tourné en France, les archives sont ici nombreuses et inédites. Des restaurateurs du patrimoine photographique et des arts graphiques se mêlent de la partie en exposant les travaux de conservations réalisés sur le scénario original annoté par le cinéaste allemand, ou des photos de préparation, où les fans d'Audrey Hepburn la verront poser lors des essais costumes.
Dans la seconde partie, le critique reçoit la scripte Laurence Couturier, ayant officié sur Monsieur Batignole, Le Serpent ou plus récemment sur De l'autre côté du lit. Avec N.T. Binh, elle analyse les annotations et les changements survenus au cours du tournage. Notre guide prend ensuite le téléphone pour s'entretenir avec le régisseur français de l'époque, puis avec la fille d'un des musiciens tsiganes du film, afin de recueillir quelques anecdotes de tournage. Quelques éléments évoquant la genèse d'Ariane sont abordés mais ce segment demeure principalement technique, et il faudra alors se tourner vers le second supplément afin d'en savoir plus sur le film proprement dit. Ceci dit, nous ne saurons que trop vous conseiller de vous pencher sur ce premier documentaire, passionnant et éclairant sur les conservateurs du patrimoine cinématographique.
Au fil d'Ariane (26min31)
Les plus impatients seront récompensés avec ce segment, concocté et présenté une fois de plus par N.T. Binh, qui se penche plus méticuleusement sur la mise en scène de Billy Wilder, sur les comédiens et les personnages, sur la thématique et sur la place occupée par Ariane dans la filmographie du cinéaste. Notre interlocuteur parcourt le dossier du tournage présenté dans le premier segment et réalise un exposé captivant. N.T. Binh explore le caractère sexuel du film, souvent récurrent dans l'œuvre de Billy Wilder, en indiquant par exemple que la voix-off finale de Maurice Chevalier « légitimant » l'idylle entre Ariane et Flannagan, n'apparaît pas dans le scénario et n'a été rajoutée qu'ultérieurement afin d'apaiser les foudres de la censure qui sévissait alors à Hollywood. Ce qui n'a d'ailleurs pas empêché le film d'être jugé « condamnable » et interdit aux mineurs lors de sa sortie en 1957 !
Notre guide analyse ensuite les affinités du film de Billy Wilder avec le cinéma d'Ernst Lubitsch, avec qui Wilder a fait ses classes et à qui il rend dans Ariane un hommage fort appuyé. De plus, N.T. Binh évoque brièvement la carrière du metteur en scène, de son Allemagne natale à son arrivée aux Etats-Unis. Enfin, certaines photos tirées de séquences inédites sont ici révélées où on peut apercevoir Ariane avec son « petit-ami » Michel, ou une autre séquence où Ariane mime une corrida à Flannagan. Une fois de plus, Carlotta et Allerton Films proposent des suppléments de haute qualité, instructifs, concis, à la mise en scène sobre et agréablement illustrée.
La complicité magnifique (8min38)
Hubert de Givenchy évoque sa rencontre avec Audrey Hepburn et leur fructueuse collaboration à travers les films comme Sabrina (qui marque leur première rencontre), Drôle de frimousse, Diamants sur canapé, Charade, Deux têtes folles et Comment voler un million de dollars. Qui d'autre qu'Hubert de Givenchy peut s'exprimer le mieux sur la grâce naturelle de la comédienne, son charme et sa gentillesse ? A ne louper sous aucun prétexte.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce du film en vost (2min49). L'éditeur inclut également un magnifique portfolio de 22 photos N&B comprenant des images tirées du film et du tournage.