La version longue jusqu'ici inédite en DVD est techniquement équivalente à la version cinéma. Le film de Giuseppe Tornatore bénéficie d'une image restaurée de fort bon aloi tout en conservant des couleurs sensiblement fanées dans la première partie du film puis se réchauffant à mesure que le métrage avance. Le générique d'ouverture semble le plus mal loti avec diverses griffures mais la remasterisation se distingue nettement dès les premières scènes en intérieur. Les séquences N&B projetées au Cinema Paradiso s'accordent de façon homogène avec celles plus « nostalgiques » de la salle de projection d'Alfredo. Les séquences en extérieur se révèlent admirables (voir les plans d'ensemble de la place du village), lumineuses et même le grain attendu sur les parties claires comme sur le ciel de le Sicile se fait discret, apparaissant lisse et sans accrocs. Même si nous constatons des noirs peu denses, clairement opalins, certaines scènes s'illustrent par leur beauté et leurs contrastes remarquables. Comme souvent chez l'éditeur, la compression n'est pas irréprochable et nous notons de capricieux manques de définition adoucissant les détails et les textures lors des plans rapprochés.
Nous n'avons heureusement pas la mauvaise surprise d'un remixage 5.1. mais deux pistes en mono d'origine proposant la version française et italienne sous-titrée français. Bien que parlant couramment la langue de Dante, Philippe Noiret a visiblement tourné en français bien qu'il soit clairement apparent que le comédien a repris ses dialogues en postsynchronisation pour la version française. Sa voix légendaire s'accompagne de temps à autre d'un écho tandis que le reste du doublage s'avère assez réussi. Si vous optez pour la version italienne vous serez tout d'abord un peu décontenancé par la voix de Philippe Noiret même si l'intonation ressemble à celle de l'acteur. Ces deux pistes semblables distillent leurs dialogues avec harmonie mais c'est surtout la splendide composition du maestro Ennio Morricone qui est magnifiquement mise en valeur et vous arrachera sans peine une larme voire de beaux sanglots dans les scènes finales.
Les intervenants italiens sont doublés par une voix française sur les voix originales.
Making of : « L'Ours et la souris » (27min24)
Comprenez dans ce titre Philippe Noiret et Salvatore Cascio, comme les surnomment le réalisateur Giuseppe Tornatore qui revient sur les éléments autobiographiques ayant nourri le scénario de Cinema Paradiso. Se remémorant sa découverte du cinéma, le cinéaste se souvient ensuite de son travail en tant que projectionniste dans son petit village de Sicile et de l'idée du film qui est venue petit à petit dans son esprit.
Quelques anecdotes de tournage savoureuses composent ce module, dans lequel nous avons l'entière satisfaction de revoir et entendre Philippe Noiret comme si le comédien était encore parmi nous. Ce dernier évoque sa lecture du scénario qui l'a ému aux larmes tandis qu'il parle avec amusement de son petit partenaire qui lui en a fait voire de belles sur le tournage, lui interdisant notamment de fumer son fameux cigare en sa présence. Brièvement, il revient sur les quelques éléments techniques qu'il a dû apprendre avant le tournage afin d'être crédible dans le rôle d'Alfredo le projectionniste.
Nous revenons ensuite vers le cinéaste qui passe en revue le casting pour le rôle de Toto. C'est donc avec surprise que Salvatore Cascio, lauréat du BAFTA du meilleur acteur dans un second rôle pour sa prestation dans Cinema Paradiso, apparaît dans ce supplément pour partager ses mémoires de tournage.
Ce making of se clôt sur les différentes sorties du film auréolées d'un échec public en 1988 dû à une campagne de publicité inexistante, puis de sa résurrection grâce à Gilles Jacob. Cinema Paradiso reçut un succès dithyrambique au Festival de Cannes 1989 où il remporta le Grand prix du jury. Plus tard suivront l'Oscar du meilleur film étranger, cinq BAFTA, et dix-huit prix au total qui viendront couronner le film de Giuseppe Tornatore.
La Ronde des baisers (7min04)
Giuseppe Tornatore s'exprime ici sur le plan final où Toto (Jacques Perrin) assiste au legs d'Alfredo, la bobine de pellicule où ont été montés les baisers coupés des films que l'Eglise censurait avant d'être diffusés en public. Incarnant lui-même le projectionniste à la fin du film, le réalisateur se souvient des véritables anecdotes ayant inspiré cette extraordinaire dernière scène. Durant la séquence des baisers, les titres des films ainsi que les noms des comédiens vus à l'écran sont indiqués afin d'éclaircir la curiosité des plus cinéphiles.
D'une version à l'autre (3min07)
Pourquoi existe-t-il deux versions de Cinema Paradiso? C'est ici qu'il faudra se diriger afin d'entendre ce que le cinéaste pense de la version longue. Vous apprendrez que cette version était celle qui était initialement sortie en Italie en 1988 et que les producteurs, voyant que le film ne fonctionnait pas, décidèrent de faire raccourcir le film, rejetant la faute sur sa durée (2h50). Malgré les coupes franches survenues dans la dernière partie (faites par Giuseppe Tornatore lui-même), Cinema Paradiso ne décolle toujours pas à sa ressortie et il faudra attendre l'engouement de Gilles Jacob au Festival de Cannes en 1989 pour que le monde s'arrache véritablement le film.
Extrait du JT du 22 mai 1989 (1min31)
S'il vous manque depuis son départ anticipé de TF1, c'est ici l'occasion de revoir Patrick Poivre d'Arvor au cours d'un mini-reportage présentant Cinema Paradiso lors de son passage à Cannes. Philippe Noiret y parle brièvement de son personnage.
L'interactivité se clôt sur le lien internet vers le site de l'éditeur.