Shadows 13/20
Faces 12/20
Une femme sous influence 17/20
Meurtre d'un bookmaker chinois 15/20
Opening Night 17/20
Les deux copies N&B de Shadows et de Faces ont été restaurées à partir d'un négatif 16mm d'origine, d'un négatif 35mm et d'un positif 35mm. Autant dire que le grain d'origine a été fortement accentué lors de leur gonflage en respectant toutefois les oeuvres originales. Etonnamment, Shadows, disposant de moyens techniques plus faibles et d'un coût de production moindre, s'avère plus net et moins granuleux que Faces. Les éléments d'origine étaient certes en mauvais état mais le master de Shadows est on ne peut plus convenable même si les griffures et points sont plus récurrents que sur Faces. Pour ces deux copies, on note de nombreux flous même si la luminosité est bien présente. De ce fait, les parties claires entraînent une accentuation des picotis plus chronique sur Faces. Shadows est plus instable avec des tremblements mais les contrastes paraissent moins poussés que sur le deuxième film. Quelques scories subsistent comme un fil horripilant au bord du cadre à la 31min52 sur Shadows ou un autre à la 30min20 pour Faces. L'image de ce dernier film est donc sensiblement en dessous du premier (en 4/3) avec des blancs cassés mais moins précis, le 16/9 accroissant les quelques anomalies. Faces alterne techniquement les bonnes séquences avec d'autres moins soignées. Le tournage caméra à l'épaule accentue légèrement les quelques défauts de compression heureusement limités par la présence des suppléments sur un second DVD.
Des trois films en couleurs proposés par Ocean films, Meurtre d'un bookmaker chinois s'avère moins net qu'Une femme sous influence et Opening Night. Certes la copie est aussi propre que les deux autres films mais les scènes se déroulant dans le cabaret croulent sous les spots de couleurs criards, rouges et roses, sensiblement baveux, ce qui accentue les soucis de compression, les fourmillements (ex 41min45) et quelques déséquilibres comme lors du passage à tabac (58min40). La caméra, constamment en mouvement, pose quelques problèmes vis-à-vis de la mise au point et quelques flous sont à déplorer dans les scènes d'intérieur. Les séquences diurnes s'avèrent néanmoins éclatantes et malgré les prises de vue sur le vif, les gros plans sont soignés. Les noirs sont denses, les ambiances feutrées bien restituées et la stabilité d'ensemble est on ne peut plus satisfaisante. Certaines scènes voient leurs contrastes trop poussés comme lors de l'échafaudage du plan dans la voiture (1h02) où seules paraissent les ombres des personnages.
Meurtre d'un bookmaker chinois
Meurtre d'un bookmaker chinois
Les masters des deux autres films sont les plus réussis de ce coffret bien que la palette de couleurs d'Une femme sous influence paraisse plus altérée que celle d'Opening Night. Les scories sont inexistantes et bien que la réalisation de Cassavetes donne du fil à retordre à la compression, celle-ci se montre solide tout du long des 2h20 que représentent chacun des films. Un grain cinéma se ressent lors des plans rapprochés, notamment pour Une femme sous influence (13min25), les ambiances nocturnes sont très soignées pour les deux films, les contrastes bien gérés bien que les visages des comédiens tirent visiblement sur le rose. A noter que la scène de la plage d'Une femme sous influence (1h27) est la plus abimée du lot avec de sérieux troubles et constellée de petits points blancs. Même chose pour l'image d'Opening Night dont les couleurs apparaissent plus lumineuses, principalement celles caractérisant la scène sur laquelle jouent les comédiens avec l'usage du rouge éblouissant de la robe de Gena Rowlands et du sol proprement dit. Le master pèche lors des déplacements des personnages ou des gros plans comme à la 27min50 quand Myrtle se retrouve face à Nancy dans sa loge. A noter que tous ces masters restaurés en Haute Définition sont repris de l'édition Zone 1 Criterion.
Shadows 12/20
Faces 11/20
Une femme sous influence 16/20
Meurtre d'un bookmaker chinois 15/20
Opening Night 16/20
Shadows et Faces bénéficient d'un nouveau mixage, assez sourd et sans véritable relief, dont le volume a tendance à changer au cours d'une même scène. Si l'écoute de Shadows se révèle agréable et fluide (mise à part un petit ronronnement), celle de Faces est parasitée par un souffle constant et une saturation lors des nombreux braillements des personnages. Les ambiances ne sont pas vraiment restituées à leur juste valeur mais les dialogues sont honnêtement délivrés. Du coffret, seul Une femme sous influence bénéficie d'une piste française. Certes on n'épiloguera pas sur le caractère hautement insignifiant d'une telle option mais notons tout de même le dynamisme et les dialogues vifs de celle-ci. La version originale de ce film propose des dialogues corrects, clairs mais flanqués d'un souffle assidu agaçant. Cet accroc est très accentué à certains moments clés du film (19min35) et nous notons également une saturation lors des hausses de ton ainsi que certains grésillements (1h52).
Même chose concernant Meurtre d'un bookmaker chinois mais dont les dialogues sont plus éloignés (exemple à la 29min50) que sur les autres films. La séquence d'ouverture contient son lot d'effets divers et la musique possède une présence agréable. Enfin, Opening Night est un plaisir de chaque instant bien que le fameux souffle perturbe encore une fois délicatement l'écoute du film. Les séquences de théâtre possèdent un écho naturel agréable mais diverses saturations parsèment ce dernier mixage.
L'éditeur reprend la quasi intégralité des suppléments disponibles sur le coffret sorti chez Criterion. Manquent à l'appel l'ouverture originale de Faces (17 minutes), le documentaire issu de la série Cinéastes de notre temps consacré à John Cassavetes (disponible en France chez MK2, indispensable), la version courte de Meurtre d'un bookmaker chinois, un clip sur la restauration des films, quelques images de John Cassavetes en pleine créativité mais surtout le film fleuve de 200 minutes réalisé par Charles Kiselyak en 2000 et considéré comme LE documentaire ultime consacré à John Cassavetes. Même si nous aurions aimé avoir plus d'éléments à voir plutôt qu'à écouter (sur fond d'images tirées des films), les propos tenus ici dans chaque segment sont un plaisir de chaque instant. Le must demeurant la qualité technique grâce à laquelle nous (re)découvrons les films de John Cassavetes dans toute leur splendeur.
Présentation des films par Patrick Brion, critique et historien du cinéma
Pour chacun des films, Patrick Brion propose une introduction (de cinq minutes en moyenne) simple où il présente brièvement les conditions de tournage et termine ses avant-propos en citant les propos de Gena Rowlands, Peter Falk ou John Cassavetes sur l'existence des films correspondants.
Suppléments de Shadows
Shadows par Alain Corneau (13min51)
Le réalisateur français, grand fan de John Cassavetes, s'exprime ici sur ce que représente Shadows dans sa vie de cinéphile. « Un grand impact » dit-il en replaçant le film de John Cassavetes dans son contexte au moment où le cinéma moderne se cherchait et où la Nouvelle Vague allait poindre. Ensuite, le réalisateur français dépeint le sens de l'improvisation prôné par John Cassavetes lors de l'élaboration de son film. Le fond et la forme se croisent avec ces images quasi volées dans les rues de New York soutenues par la musique jazz de Charles Mingus. « Un film fascinant » pour le jeune Alain Corneau alors âgé de 15 ans qui se souvient des scènes qui l'avaient marqué comme la présentation du petit copain noir. Les thèmes du racisme et de la recherche d'identité sont abondamment abordés. Dans une dernière partie, Alain Corneau énumère les nombreuses influences qu'a engendré le cinéma viscéral de John Cassavetes sur les cinéastes d'aujourd'hui y compris Martin Scorsese.
Comme toujours, Alain Corneau parvient sans peine à communiquer son amour du cinéma à travers un exposé passionnant et didactique.
Interview de Lelia Goldoni (11min40)
Incarnant Lelia dans Shadows, la comédienne nous fait partager ses souvenirs de tournage tout en se remémorant sa rencontre avec John Cassavetes lors de son arrivée à New York. Illustrés de quelques rares photos issues des cours du cinéaste, les propos s'arrêtent amplement sur les méthodes de travail de John Cassavetes et les conditions de tournage. Ayant au préalable fait le tri dans les diverses improvisations de ses comédiens, le cinéaste les laissait parfois aller dans des directions qu'eux-mêmes ne comprenaient pas. Après un premier montage qui ne le satisfait pas, le cinéaste rappelle ses acteurs pour retourner certaines scènes ou pour en tourner de nouvelles à l'instar de la scène de danse ou du premier rapport sexuel de Lelia, afin d'enrichir le matériel déjà existant.
Lelia Goldoni clôt cet entretien en rappelant à son tour les nombreuses influences du cinéma de John Cassavetes dans le cinéma contemporain.
Interview de Seymour Cassel, producteur associé (4min28)
L'éternel Moskowitz d'Ainsi va l'amour se rappelle brièvement sa rencontre avec John Cassavetes en 1957 à New York. Cherchant du boulot c'est un peu par hasard que Seymour Cassel croise le chemin du metteur en scène qui lui propose d'assister au tournage de Shadows. Revenant sur le plateau tous les soirs, Seymour Cassel aide rapidement John Cassavetes à la technique en officiant en tant qu'assistant-réalisateur.
L'interactivité de ce premier DVD se clôt sur la bande-annonce originale (2min50) basée sur les critiques élogieuses tirées de la presse, et sur une biofilmographie de John Cassavetes.
Suppléments de Faces, présents sur le second DVD
Faces par Jean-François Stévenin (14min06)
A l'instar d'Alain Corneau pour Shadows, Jean-François Stévenin se souvient du choc lorsqu'il a découvert pour la première fois Faces qui représente une part importante de sa vie. Le comédien-réalisateur en vient au cinéma qu'il aime, celui de Monte Hellman et de Bob Rafelson, et bien évidemment celui de John Cassavetes qu'il connaît par coeur. Il y dissèque certaines séquences du film tout en parlant de la méthode de travail du cinéaste, de son rapport aux acteurs. Dans la dernière partie de cet entretien, Jean-François Stévenin se remémore sa rencontre inattendue avec Seymour Cassel.
Interview de Seymour Cassel par le journaliste Tom Charity (46min41)
Voici une des pièces maîtresses de ce coffret. Cet entretien passionnant durant lequel le grand ami et collaborateur de John Cassavetes se confie est tour à tour drôle, instructif et émouvant. Durant plus de trois quarts d'heure, Seymour Cassel passe en revue sa complicité avec le cinéaste, les conditions de tournage et de financement de Faces dont le mot « liberté » ressort fréquemment. C'est avant tout l'union de chaque membre de l'équipe dont se souvient Seymour Cassel, la vie sur les plateaux et en dehors des plateaux. Le comédien se remémore également de nombreuses anecdotes de tournage et hors-tournage où le cinéaste n'hésitait pas à l'appeler en plein milieu de la nuit pour lui montrer une séquence qu'il venait juste de monter dans son garage aménagé en local technique. Le caractère indépendant de John Cassavetes ressort sans peine de ce magnifique portrait dressé par l'un des hommes qui l'a connu plus que n'importe qui.
Making of (41min58)
L'appellation making of n'est pas vraiment appropriée puisque vous n'y verrez pas d'images du tournage mais plutôt des témoignages datant de 2004 de ceux qui ont partagé l'aventure de Faces c'est-à-dire Al Ruban (directeur de la photographie, producteur associé et monteur de Faces), Gena Rowlands, Lynn Carlin et Seymour Cassel. Al Ruban déclare que Faces demeure le plus grand film de John Cassavetes tandis que Gena Rowlands parle du scénario et des difficultés de financement. Lynn Carlin se revoit en train de signer pour le film sur un bout de nappe déchiré pendant que Seymour Cassel parle du casting, des personnages, des lectures d'avant-tournage et du scénario. Quelques photos du film et du tournage viennent enrichir tous les formidables propos tenus ici dont on ressort comblés. Une fois de plus sans pour autant que cela devienne redondant, le caractère indépendant du film est largement abordé. Petit à petit, un portrait intime et personnel de John Cassavetes se dessine à travers les propos larges et étayés distillés tout au long de cet indispensable module qui se clôt sur l'évocation du triomphe du film dès sa présentation du film (sans sous-titres) au Festival de Venise en 1968 ainsi que sur les larmes bouleversantes de Seymour Cassel qui regrette son ami.
Lighting and shooting par Al Ruban, monteur, directeur de la photographie et producteur associé (11min31)
Il s'agit ici de commentaires écrits détaillant le processus créatif de certaines séquences clés du film. Vous n'entendrez donc pas la voix d'Al Ruban mais le son des scènes abordées. Ce segment se tourne plus vers la technique avec le choix des éclairages employés pour chaque passage illustré.
L'interactivité se clôt sur la biofilmographie de John Cassavetes, Gena Rowlands et Seymour Cassel.
Suppléments d'Une femme sous influence, présents sur le second DVD
Une femme sous influence par Patrick Grandperret (13min14)
Le réalisateur de Meurtrières dissèque le film de John Cassavetes avec une passion communicative tout en analysant les thèmes, les rapports des personnages et l'influence qu'a eue Une femme sous influence dans le cinéma contemporain. L'aspect technique est ensuite mûrement traité avec le montage du film.
Conversation entre Gena Rowlands et Peter Falk (17min14)
Dommage que cet entretien ne dure pas plus longtemps tant le plaisir y est incommensurable ! Pour une fois, les deux interlocuteurs se retrouvent face à face afin d'échanger ensemble leurs expériences du tournage tout en s'attardant abondamment sur la collaboration avec John Cassavetes. Peter Falk avoue qu'il ne comprenait rien à la « façon de faire » de son ami sur le tournage de Husbands en 1970 allant même jusqu'à déclarer ne jamais retourner avec lui par la suite. Pourtant, quatre ans plus tard, le comédien décide de retenter l'expérience pour Une femme sous influence. Sa partenaire se remémore sa préparation : les comédiens ne répétaient pas mais lisaient le scénario avec John Cassavetes à de multiples reprises sans que jamais le cinéaste ne parle du personnage de Mabel avec sa compagne. D'anecdotes savoureuses et de souvenirs émouvants, ce segment n'en manque pas, alors ne passez pas à côté !
Interview d'Elaine Kagan, auteur, actrice et ancienne assistante de John Cassavetes (18min59)
Débutant cet entretien en abordant sa rencontre avec John Cassavetes puis son parcours professionnel, notre interlocutrice parle ensuite de sa collaboration avec le cinéaste dont elle avait pour habitude de prendre en sténo tout ce qu'il lui disait. Elaine Kagan ne cache pas le privilège d'avoir été au centre de création, entourée de toute la bande d'acteurs dont elle était « amoureuse » et nous parle du John Cassavetes tel qu'il était au quotidien, sauvage et rebelle, tourmenté et avant tout professionnel dans son métier. Elle se souvient d'un homme qui aimait observer les gens, qui partageait ses idées avec les autres en attendant les critiques et les remarques. Une fois n'est pas coutume dans l'ensemble de cette interactivité, c'est sur une note nostalgique que se termine cet entretien quand Elaine Kagan avoue qu'elle ne peut revoir un film de John Cassavetes sans pleurer, les souvenirs surgissant immédiatement.
Entretien avec John Cassavetes par Michel Ciment et Michael Henry Wilson (1h15)
Cette interview fleuve chapitrée et d'une durée d'1h15 a été enregistrée en octobre 1975 à Paris à l'occasion de la sortie du film. Longuement, posément et de manière passionnée, John Cassavetes répond aux questions qui lui sont posées sur le sens et l'émotion du film, son financement, le montage, les rapports entre hommes et femmes, l'improvisation, la construction des personnages en particulier celui de Mabel, leur environnement, la direction d'acteurs, l'équipe technique, l'usage de la caméra, son avis sur l'industrie hollywoodienne. On apprend également que la durée d'origine du film dépassait 3h50 et que le cinéaste a préféré couper les scènes qui révélaient un peu trop à son goût les personnages aux spectateurs notamment dans leur intimité. Cet extraordinaire entretien aurait seulement mérité d'être mis en valeur par plus de photos de tournage plutôt que par des images tirées du film.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce en vo (2min57) et les biofilmographies de John Cassavetes, Gena Rowlands et Peter Falk.
Suppléments de Meurtre d'un bookmaker chinois
Meurtre d'un bookmaker chinois par Claude Miller (9min34)
Le cinéaste français fait part de sa passion pour John Cassavetes et déclare que ce film en particulier s'adresse en priorité aux aficionados du réalisateur américain. Il se souvient avoir vu en premier ses films faits pour les studios, jusqu'à sa découverte choc avec Une femme sous influence et la révélation de Meurtre d'un bookmaker chinois. Ensuite, Claude Miller dresse un portrait du personnage incarné par Ben Gazzara et explore les thèmes du film. Pour lui, Meurtre d'un bookmaker chinois est un véritable film de guerre, terriblement poignant et pessimiste, teinté de fantastique, d'étrangeté caractérisé par l'exotisme des décors. Il y voit enfin une métaphore vis-à-vis de la position de John Cassavetes au sein de l'industrie cinématographique américaine.
Entretien avec John Cassavetes par Michel Ciment (16min45)
Le journaliste et critique français ouvre une fois de plus ses archives pour notre plus grand plaisir. Cet entretien réalisé en 1978 au Festival de Berlin permet d'entendre John Cassavetes s'exprimer sur l'utilisation des codes du polar afin de traiter d'un sujet personnel. Il y parle de la performance de Ben Gazzara, de la genèse du projet, de la phase d'écriture, des mauvaises critiques reçues aux Etats-Unis pour le film et avoue être déprimé lorsqu'il reçoit des films de commandes de la part des studios.
Conversation avec Ben Gazzara (acteur) et Al Ruban (acteur, directeur de la photographie et producteur) (18min19)
Ben Gazzara, comédien et complice de John Cassavetes, se penche sur le fruit de leur collaboration. Il se souvient des deux premières séances pleines à craquer mais surtout de la réaction unanimement négative de l'audience. Les critiques négatives ayant rapidement pris le relais, le film est conspué de toutes parts pour la première fois dans la carrière de John Cassavetes. Bien qu'attaché au film, Al Ruban se remémore des désaccords survenus entre le cinéaste et lui (« c'était un emmerdeur qui recourrait à tout pour son film ») sur l'éclairage des scènes de night-club qui l'ont conduit à n'éclairer que les séquences en extérieur. S'il y a une chose importante que l'on retient dans l'ensemble de ces propos c'est le caractère personnel du film, probablement le plus intime dans toute la carrière du réalisateur américain. C'est d'ailleurs en voyant à quel point le film était cher à John Cassavetes que Ben Gazzara est parvenu à s'immiscer dans son rôle qu'il avait du mal à voir au-delà de l'image du simple gangster. L'aspect technique est largement disséqué ainsi que la collaboration entre acteurs professionnels et amateurs. Pareil que pour Claude Miller, les deux interlocuteurs déclarent qu'il est nécessaire de posséder un bagage pour affronter Meurtre d'un bookmaker chinois, incompris à l'époque mais considéré aujourd'hui comme étant un de ses meilleurs films.
Scènes commentées par Peter Bogdanovich (réalisateur, critique) et Al Ruban (acteur, directeur de la photographie et producteur) (52min25)
Il est fort à parier que les deux hommes ont regardé le film dans son intégralité mais seules certaines scènes demeurent commentées. On en retient finalement peu de choses et les propos d'Al Ruban font échos à ceux entendus dans le segment précédent. Quant à Peter Bogdanovich, il est un ami de la famille et un grand admirateur de John Cassavetes. Les lieux du tournage et l'ensemble du casting sont passés en revue tandis qu'Al Ruban détaille l'éclairage des scènes clés. Il n'empêche que les deux compères paraphrasent bougrement ce qui se déroule à l'écran et même quelques silences viennent plomber l'ensemble.
L'interactivité de ce DVD se clôt sur les biofilmographies de John Cassavetes, Ben Gazzara et de Seymour Cassel.
Suppléments de Opening Night
Le film vu par Xavier Durringer, metteur en scène, réalisateur et auteur (6min13)
C'est au tour du réalisateur de Chok-Dee de faire partager sa passion pour John Cassavetes dans un entretien un peu trop court mais dense. Il évoque l'interaction entre le théâtre et le cinéma, la maîtrise de la caméra de John Cassavetes, le rapport avec le public et les thèmes du film.
Conversation entre Gena Rowlands et Ben Gazzara (22min38)
Dans cette suite et fin de l'entretien débuté dans la section consacrée à Meurtre d'un bookmaker chinois, nos deux interlocuteurs se remémorent avec émotion le tournage et ses aléas. Ils débutent par le mauvais accueil reçu aux Etats-Unis (2 semaines à l'affiche) et de celui plus chaleureux en Europe. C'est le système D d'un tournage de John Cassavetes qui est ici longuement examiné avec certaines suspensions de tournage dues au manque d'argent, l'engagement presque gratuit des comédiens et les quelques improvisations survenues lors des scènes se déroulant sur scène. Le reste du casting est évoqué (Joan Blondell, John Tuell) tout comme la psychologie du personnage de Myrtle et l'élément surréaliste advenant pour la première fois dans le cinéma réaliste de John Cassavetes avec la présence fantomatique de la jeune fille renversée. Pour terminer cette conversation captivante, Gena Rowlands et Ben Gazzara parlent des films de John Cassavetes tels qu'ils sont vus à travers le monde, reconnus assez tard aux Etats-Unis et magiques pour la France.
Interview d'Al Ruban, producteur et directeur de la photographie (7min49 et non pas 17 minutes comme mentionne le coffret)
Pour son dernier entretien, Al Ruban se souvient de l'aventure qu'à représenté Opening Night dans sa carrière. C'est pour lui aussi l'occasion de parler de John Cassavetes quand il s'impliquait dans tous les départements techniques, des costumes aux couleurs en passant par le maquillage, qu'il détestait. Pour lui, le cinéaste demeure rare dans le cinéma puisqu'il demandait conseils à tous ceux présents sur le plateau, faisait appel à leurs idées et à chaque point de vue. Dans un second temps, Al Ruban aborde le côté technique en expliquant les choix d'éclairages.
Entretien avec John Cassavetes par Michel Ciment (29min33)
Réalisé au Festival de Berlin en 1978, cet entretien (audio) est une fois de plus mené par Michel Ciment qui interroge John Cassavetes sur la pièce jouée dans le film, l'interaction entre le cinéma et le théâtre, son rapport avec les comédiens, le fait de jouer avec sa Gena Rowlands devant un véritable public, et la nouvelle expérience que représentait alors Opening Night dans sa carrière.
L'interactivité de ce dernier DVD se clôt sur les biofilmographies de John Cassavetes, Gena Rowlands et Ben Gazzara ainsi que sur la bande-annonce du film (4min44).