Test DVD : Donne-moi la main

Pascal-Alex Vincent use du 35mm afin de restituer la beauté des paysages naturels où se déroule le film. Les plans larges accusent une granulation relativement accentuée au niveau du ciel opalin, le ciel bleu étant nettement plus propre par la suite. Le prologue animé propose de sublimes contrastes, une profondeur abyssale et de magnifiques couleurs. Quand la partie « live » prend le relais, la gamme de couleurs n'est guère variée et les fourmillements ne sont pas rares. La caméra à l'épaule donne du fil à retordre à la compression parfois perceptible dans les plans rapprochés, notamment au début du voyage quand les deux frères sont encore liés. Quand le cinéaste pose sa caméra afin de capturer la nature environnante, les plans deviennent de véritables tableaux aux couleurs automnales (voir la beauté du crépuscule), la profondeur de champ est alors étonnante et le piqué léché. Le master est suffisamment lumineux et les menus défauts évoqués sont souvent liés aux conditions de tournage originelles.

Dès les premières secondes, le mixage tonitruant accompagne les images du film d'animation avec ardeur jusqu'au générique du film. La musique omniprésente du début à la fin ne manque pas d'énergie sur les avants mais les surround sont la plupart du temps laissés sur le carreau. Les latérales profitent surtout des éléments naturels ponctuant le voyage des deux frères mais le mixage n'enveloppe pas suffisamment le spectateur pour véritablement le plonger dans l'atmosphère voulue par le cinéaste. Le problème provient de la délivrance des dialogues souvent mâchés et peu distincts sur la centrale, parfois masqués par les autres effets sonores, nécessitant une écoute accrue de la part du spectateur. De bonnes basses se font entendre avec la chanson titre Melocoton/Donne-moi la main entonnée par Colette Magny à la 32ème minute mais cette action est trop ponctuelle et les surround s'assoupissent aussi vite qu'ils étaient apparus.

Making of (24min35)
A travers des interviews de Pascal-Alex Vincent, Alexandre Carril, Victor Carril et d'autres membres de l'équipe, ce documentaire retrace le tournage de Donne-moi la main tourné en équipe réduite dans l'ordre chronologique de l'action à l'aide d'un petit budget sur quatre semaines se déroulant dans près de quarante décors naturels. Les images de tournage abondent mais également celles tirées du film dont on se serait bien passé. Chacun revient sur l'histoire du film, la collaboration avec le réalisateur ainsi que les conditions originales de tournage. Les plus cinéphiles auront reconnu la comédienne allemande Katrin Sass qui incarnait la mère de Daniel Brühl dans Goodbye, Lenin !, présente elle aussi dans cet agréable et distrayant making of, visiblement heureuse de participer à un film français.


Scènes coupées (8min16)
Comme c'est souvent le cas, les chutes restées sur le banc de montage nous sont proposées sans raison particulière si ce n'est un petit carton introductif replaçant chaque bout de scène dans son contexte. Nous y voyons le personnage de Clémentine (Anaïs Desmoutier) demander aux deux frangins la raison de leur voyage, Quentin se perdre et prendre peur dans un champ de roseaux, et les deux frères se faire prendre en stop par un homme étrange. Les deux autres saynètes s'apparentent plus à des scènes un poil plus longues comme le réveil d'Hakim et de Quentin au petit matin, et une dernière séquence montrant Antoine et Quentin marchant dans les rues de Saint Sebastien. Au final on se dit que ces cinq scènes auraient bien eu leur place dans le montage final.

Bébé requin - Court-métrage (15min52)

Réalisé en 2005 puis présenté au Festival de Cannes, ce film expérimental très inspiré par Gus Van Sant (grosse référence à Elephant) et Larry Clark, s'inspire du récit de plusieurs adolescents. C'est sur ce tournage que le réalisateur rencontre les deux frères Carril, futurs protagonistes de Donne-moi la main. Parmi les jeunes livrés à eux-mêmes et complètement paumés, on reconnaîtra Adrien Jolivet durant la première partie. L'incommunicabilité et la perte de repère (entre autre sexuel) sont les sujets abordés par Pascal-Alex Vincent dans ce court-métrage très impressionnant et maîtrisé.

 

 

Tchernobyl - Court-métrage (6min11)

Sur une commande d'ARTE, SFR et Le Forum des images dans le cadre du Festival Pocket Films, Pascal-Alex Vincent réalise ce film en 2009. Chaque réalisateur devait réaliser un film à l'aide d'un téléphone mobile sur le thème des années 80. A l'occasion, le cinéaste fait à nouveau appel au chef opérateur de Donne-moi la main, Alexis Kavyrchine. La qualité technique est certes médiocre mais le film vaut nettement le détour pour, une fois de plus, sa beauté formelle et la sensualité de chaque plan.

 

 

L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (1min31) et une galerie photos.