Ce nouveau master semble être le même que celui de l'édition Criterion. La copie est splendide et le film ne fait pas ses 25 ans. La superbe photo de Robby Müller (Paris, Texas) retrouve tout son éclat avec des contrastes et une luminosité des plus parfaits. Si on voulait vraiment chercher la petite bête on signalera quelques légères faiblesses de compression dans les scènes de nuit mais c'est à peu près tout. La copie est lisse, le grain inexistant, du grand art !
Comme pour Permanent Vacation et Stranger than Paradise, la seule piste sonore proposée est la version originale 2.0. On est d'abord surpris par les dialogues qui semblent perdus dans une chambre d'échos. Cela s'améliore ensuite mais les voix des acteurs restent basses et peu dynamiques. A noter une présence musicale sympathique. Même si elle est s'avère peu spectaculaire, la piste son s'accorde une fois de plus de manière très fluide avec l'univers du film, même si on espérait des dialogues plus percutants.
Entretien avec Robby Müller, directeur de la photographie (22min39)
Le chef opérateur de Dancer in the dark, Mystery Train, Dead man et Ghost Dog, revient de manière approfondie sur son travail avec Jim Jarmusch en n'omettant aucun aspect technique en ce qui concerne la réalisation de Down by Law, leur première collaboration. Le Docteur Müller passe en revue l'éclairage, l' « élan » (« chaque endroit de l'espace de jeu devait être éclairé afin de ne pas restreindre les acteurs avec des marques »), le choix des lentilles, des prises de vue (jamais de zoom), de la pellicule (d'une haute sensibilité afin de ne pas avoir de grain dans les paysages, notamment pour les scènes de nuit), etc. Si Robby Müller avoue avoir suivi son instinct et son intuition, le cinéaste lui avait conseillé d'éclairer un « conte de fée » et lui a laissé le temps nécessaire pour se préparer. De nombreux essais de N&B ont été réalisés avant le tournage et le choix s'est porté sur des prises de vue brutes et sans filtres. Tourner en couleur aurait donné trop d'infos superflues selon le chef opérateur. Nous avons droit par ailleurs à quelques comparatifs entre les scènes tournées et les photos de tournage en couleurs correspondantes. On se rend compte effectivement que l'aura du film aurait été complètement différente et la poésie qui s'en émane aurait été dénaturée notamment dans les scènes du bayou.
Robby Müller n'est pas avare en anecdotes de tournage et ne cache pas que Jim Jarmusch est le réalisateur qu'il respecte le plus. Il se souvient de ce tournage avec émotion en parlant de la petite équipe technique composée de 25 personnes et fait l'éloge des films indépendants où règne l'entraide.
Un entretien sincère et allant droit à l'essentiel, à ne pas rater.
Pas mois de 16 scènes coupées dont une fin alternative nous sont proposées, la plupart introduites par le clap et la voix de Jarmusch « Action ! ». D'une qualité technique honorable (quelques sautes de son cependant), ces scènes auraient tout aussi bien trouvé leur place dans le montage final. Prolongeant le bonheur ressenti à la vision du film, elles approfondissent encore un peu plus les rapports de Zack et Jack en prison avant l'arrivée de Roberto. On s'aperçoit que Jack délire à plusieurs reprises dans la cellule et qu'il est tabassé par les gardiens. Il revient le visage tuméfié et complètement sonné. Zack l'aide à se coucher et le regarde d'un œil compatissant.
La fin alternative est plus pessimiste concernant Jack et Zack qui entendent des aboiements de chiens chacun de leur côté tandis que Roberto dort paisiblement dans les bras de Nicoletta.
Conversations téléphoniques entre Jim Jarmusch, Tom Waits, Roberto Benigni et John Lurie (1h05)
Attention, l'éditeur n'a pas eu l'heureuse initiative de sous-titrer ce supplément original et c'est bien dommage. Il s'agit en réalité de trois conversations téléphoniques enregistrées séparément dans cet ordre : Jim Jarmusch et Tom Waits (28min45), Jim Jarmusch et Roberto Benigni (12min30), Jim Jarmusch et John Lurie (24min15). La compréhension n'est pas bien compliquée alors ne manquez pas ce bonus. A noter que vous pouvez passer d'un interlocuteur à un autre avec la touche Skip et que l'écran demeure fixe n'indiquant que la conversation en cour.
Pour la sortie du DVD, Jim Jarmusch décide d'appeler ses amis et fidèles collaborateurs pour évoquer ensemble les souvenirs du tournage, leur amitié et ce qui reste de leur personnage en chacun d'eux. Si Tom Waits et John Lurie parlent plus de musique avec Jim Jarmusch, on retiendra la conversation avec Benigni comme d'habitude explosive où l'acteur et réalisateur transalpin se met à chanter, parle en anglais, en français et en italien et se souvient surtout de son premier voyage aux Etats-Unis effectué pour le tournage de Down by Law.
Clip vidéo : It's alright with me (4min40)
Clip vidéo (remasterisé pour l'occasion) réalisé par Jim Jarmusch en 1990 dont les bénéfices étaient reversés à la lutte contre le SIDA. Tom Waits reprend à sa manière la chanson créée par Cole Porter. Un petit moment d'anthologie...
Music tracks (28min58)
L'éditeur propose une fois de plus un supplément musical où les morceaux issus de la bande-originale de Down by Law, par ailleurs splendides, s'enchaînent durant presque une demi-heure sur un fond noir. Pourquoi ne pas avoir proposé comme souvent une bande-originale isolée à écouter tout en regardant le film ?
Cette belle édition se clôt comme d'habitude chez Bac Vidéo par les filmographies du réalisateur et des acteurs, une galerie de photos issues du film avec les affiches (18 pages), les bandes-annonces du catalogue Jim Jarmusch disponible chez l'éditeur et un lien internet vers Bac Films.